Quand on dit qu’on est assis sur un volcan, le Soudan en offre un exemple concret. Quand un pays foule aux pieds les valeurs républicaines et démocratiques, les principes moraux admis pour gouverner à l’équilibre des relations humaines dans une société, quand la force et la violence constituent la source de légitimité du pouvoir, il en vient à exploser un jour, comme le Soudan. Lorsqu’on dit qu’on est assis sur un volcan, c’est cela. Alors que tout semble bien aller, et puis un jour, c’est l’explosion, tel un volcan qui se met à cracher ses chaudes laves.
Au Soudan, en dépit de l’aspiration de la population à la démocratie et à la liberté, les militaires se sont accrochés au pouvoir, après la destitution, en avril 2019, du Président Omar El-Béchir. A la tête du Conseil de souveraineté de transition, le général Abdel Fattah al-Burhan (63 ans), ne consent pas à restituer le pouvoir au civil. Au contraire, à travers un coup de force, en novembre 2021, il s’est débarrassé des civils, pour concentrer le pouvoir entre les mains des militaires au sein du Conseil de souveraineté de transition. Il a comme numéro deux, le général Mohamed Hamdan Dogolo, alias Hemeti, qui est commandant en chef des F.s.r (Forces de soutien rapide) qui réunissent en réalité les anciennes milices janjawid ayant sévi dans les provinces du Darfour. Mais, les deux généraux veulent chacun s’imposer.
Dans un pays où le pouvoir est au bout du canon, on est assis sur un volcan. Le samedi 15 avril dernier, les armes ont brusquement commencé à tonner à Karthoum, la capitale. Les paramilitaires des F.s.r se sont mis à attaquer les bases de l’armée soudanaise et le mouvement armé s’est étendu dans tout le pays. L’armée soudanaise répliquant par le bombardement aérien des positions des F.s.r, sans soucis à épargner les cibles civiles.
Voilà comment deux généraux ont plongé le pays dans une violence sanglante, rien que pour se disputer le pouvoir. La rapide escalade des violences armées a pris au piège les populations. Depuis, le début, les combats sont d’une violence inouïe. Jusqu’à cette semaine, on parle de plus sept cents morts et des milliers de blessés, alors que dans la capitale, la plupart des hôpitaux ne fonctionnent plus. Certains pays ont pu exfiltrer leurs ressortissants coincés dans la capitale soudanaise, deux semaines après le début des affrontements armés, alors que les populations sont poussées à l’exode dans les pays voisins.
Si quelques appels au cessez-le-feu sont plus ou moins observés, le Soudan n’est plus qu’un point d’inquiétude et d’incertitude sur le continent. Les initiatives de négociations se multiplient, pour l’instant, le succès est loin d’être au rendez-vous. Voilà comment un pays bascule dans la violence destructrice, quand il tourne le dos aux valeurs fondamentales d’exercice du pouvoir.
L’HORIZON AFRICAIN