Depuis la mi-décembre de l’année dernière, les populations des villes de Brazzaville et Pointe-Noire subissent des coupures d’électricité inattendues qui surviennent généralement dans la même journée ou la même nuit. Ces pannes de courant fréquentes et parfois de longue durée touchent le secteur économique, en plus de la vie domestique perturbée. Elles causent, en effet, des dommages aux équipements professionnels et électroménagers. Les conséquences sont, entre autres, le chômage pour les travailleurs qui perdent leurs équipements de travail et la perte de denrées alimentaires dans les ménages.
Les populations se sont habituées aux interruptions intempestives d’électricité dans les deux grandes villes du Congo. Cette pratique de gestion du service d’électricité, qui n’est pas nouvelle dans la vie des populations, met en lumière la vulnérabilité du réseau électrique national. L’ambition du gouvernement de faire de notre pays «un boulevard énergétique» d’ici à 2025, est loin de devenir une réalité et a même tendance à tourner au cauchemar. Malgré les investissements colossaux réalisés, depuis l’indépendance, par l’Etat, dans la construction des unités de production, de transport et de transformation d’électricité, le Congo n’a toujours pas atteint un stade de stabilité du service d’électricité ni dans ses villes ni à l’intérieur du pays.
Lors d’un briefing tenu le 27 décembre 2023, devant la presse nationale, à Brazzaville, Jean-Bruno Danga Adou, directeur général d’E2c (Energie électrique du Congo), la principale compagnie nationale d’électricité devenue aujourd’hui autonome du gouvernement, a fait savoir que ces perturbations sont dues à un déficit de production et à une baisse de la puissance habituelle en provenance du réseau interconnecté de la RD Congo. «La création du poste de Kinsuka relié à la centrale électrique de Zongo a permis d’améliorer la tension en RD Congo. Chez nous, cette tension est bonne à Mbouono, mais dès qu’on commence à tirer, le système s’effondre», a-t-il déclaré. Il a, également, souligné que «l’électricité tirée à partir des réactifs surchauffe les installations du côté de la RD Congo. Ce qui a conduit les autorités de ce pays à diminuer la puissance fournie à notre pays de 80 à 50 mégawatts», a-t-il ajouté.
La population du Congo est aujourd’hui de 6.142.180 habitants d’après les résultats du dernier recensement général. La demande en électricité ne fait qu’augmenter. La consommation d’énergie dans le pays serait deux fois plus importante que prévue. Les réseaux de transport d’électricité construits il y deux décennies ou plus, ne répondent plus. D’où les black-out intempestifs que vivent les populations, suivant les quartiers ou les localités. Des inquiétudes se font sentir, car le système électrique ne serait plus à même de supporter les charges. L’un des défis est celui de la production et du transport de l’électricité, le réseau étant saturé, faute d’investissement et à cause des négligences d’entretien. Même si certains barrages hydroélectriques ont été donnés en concession à des sociétés privées, l’Etat est appelé de nouveau à investir pour mettre le réseau T.h.t (Très haute tension) à niveau. C’est que prévoit le ministre de l’énergie et de l’hydraulique avec la société italienne Eni qui a accepté de réaliser les études techniques relatives à la réhabilitation de la ligne Pointe-Noire/Brazzaville.
En somme, la situation de l’électricité et même d’adduction d’eau dans le pays requiert, plus que jamais, l’intervention de l’Etat, même si les privés commencent à faire leur entrée dans ces deux domaines.
Roland KOULOUNGOU