Tout le peuple koongo provient de l’ancien grand Royaume du Kongo (Kongo dia Ntotila), un grand empire de l’Afrique du Sud-Ouest, d’une étendue de plus de 300 mille kilomètres-carrés, situé au 14ème siècle, dans les territoires du Nord de l’Angola actuel où se trouvait la capitale, Mbanza-Kongo, (Mbanza signifiant chef-lieu, grand village ou capitale) et que les Portugais appelèrent San Salvador (Saint Sauveur).

Les Koongo, qui sont monothéistes, croyant en un Être suprême, Nzambi-a-Mpungu (Dieu tout-Puissant), sont issus de trois clans (mvila), qui constituent la parenté essentielle et fondamentale. Selon la tradition, il existe trois clans de base, appelés clans originels: les clans Nsaku, Nzinga et Mpanzu. Ces clans seraient, eux issus, des trois filles du premier monarque koongo, Nimi Lukemi, qu’il eut avec ma Mpolo. Il s’agit de Ma Lengui, Ma Mpemba et Ma Nkengui. Ces dernières sont les «ngudi za makanda», c’est-à-dire les mères des clans, les aïeules. Voici les caractéristiques de ces trois clans ou mvila fondamentaux:

1- Le clan Nsaku

Dieudonné Anatoine-Ganga
Dieudonné Anatoine-Ganga

Il se chargeait du domaine spirituel et de la justice. C’est de son sein qu’était toujours issu, le Mwené Nsaku Ne Vunda, la deuxième personnalité de l’empire, juste après le Mwene Koongo. L’ascendance de ce clan sur les autres était telle que, dans les terres qui leur appartenaient, ils en nommaient eux-mêmes les dirigeants, contrairement aux autres régions où il revenait au Mwené Koongo de nommer le chef. Les Nsaku présidaient à toutes les activités religieuses. Sur le plan politique, ils étaient ou se plaçaient au premier rang, aux côtés du Mwene Koongo. Ils dirigeaient, par ailleurs, les obsèques du défunt souverain dont ils organisaient l’élection de son successeur.

2- Le clan Mpanzu

C’était celui des artisans et des techniciens qui maîtrisaient notamment l’art de la métallurgie. Ils avaient aussi la responsabilité de conduire les hommes pendant les guerres. C’est sans doute à cause de ce fait que les Mpanzu ont souvent revendiqué la royauté. En effet, l’art de la forge était considéré comme un attribut royal et sacré, lequel art était au centre de l’activité économique, politique et sociale. C’est aussi grâce audit art que les paysans avaient des outils araires pour travailler et que les soldats ou les guerriers avaient suffisamment d’armes pour se battre. Cet art était aussi un outil de prépondérance politique et sociale, le fer étant la principale matière nécessaire à la confection des armes. Enfin, les Mpanzu étaient considérés comme les dépositaires de la connaissance.

3- Le clan Nzinga

Le clan Nzinga était celui d’où étaient issus généralement les souverains. Les Nzinga occupaient la plupart des postes administratifs et gouvernementaux du royaume. A ce propos, il est important de signaler que dans le temps, chez les Koongo, aucun poste administratif n’était héréditaire. Le futur Mwene Koongo accédait au trône par élection démocratique (même quand le Mwené Koongo régnant proposait son candidat, le plus souvent un neveu ou un fils). Néanmoins, les candidats au trône devaient être membres d’une famille dynastique. Quant aux titulaires des autres postes, ils étaient, eux, nommés par le Mwene Koongo, après et conformément à l’avis des douze sages-conseillers, sauf pour les postes dévolus aux Nsaku qui nommaient eux-mêmes leurs candidats. En tout cas, les Nzinga avaient la réputation d’être de bons et sérieux cadres administratifs et gouvernementaux.

Les nouveaux clans en territoire du Département du Pool

Ces trois clans principaux dits «clans originels» ont engendré de nouveaux clans. En effet, à partir du 17ème siècle, époque marquée par le début de la colonisation portugaise au Royaume du Kongo, le peuple koongo est en crise. Plusieurs individus se déplacent en direction des territoires qui se trouvent dans notre pays, le Congo-Brazzaville, en République Démocratique du Congo, au Cabinda et du Sud du Gabon. Cet éloignement progressif du noyau de la civilisation koongo crée, cela va sans dire, un affaiblissement et un changement des valeurs koongo. Qui plus est, le peuple koongo doit, au fur et à mesure de ses déplacements, conclure des alliances matrimoniales ou politiques avec les peuples des localités où il s’installe et qu’il traverse. C’est ainsi qu’en territoire du Sud du Congo-Brazzaville, il a signé, pacifiquement, avec le peuple téké, son hôte, beaucoup d’alliances qui lui ont permis de s’installer sur les territoires qui constituent aujourd’hui les Départements de la Bouenza, de la Lékoumou, du Niari et du Pool.
Dans ce dernier département, les Tékés et les Koongo vivent et cohabitent dans les territoires devenus aujourd’hui les Districts de Boko, de Kinkala, de Mindouli, de Mayama, de Vinza et de Kindamba (ces trois derniers districts étant appelés les pays de Mpangala) et les environs de Brazzaville, notamment les territoires qui sont devenus les arrondissements de Mfilou, Ndjiri, Ouenzé et Talangaï (précisément en territoire riverain de la rivière Tsiémé). Les populations de ces territoires sont communément appelées Tékés de Brazzaville ou de Ngamaba.
Les Koongos ont beaucoup emprunté à la sagesse téké dans l’art de palabrer. Les formules en téké sont reprises comme telles par les Koongo qui, jusqu’à ce jour, les utilisent dans la conduite des affaires. D’autre part, beaucoup de villages dans le Département du Pool ont gardé leurs noms tékés: Kimpanzu, Kimpila, Ngamibaku, Mfilou, Mbamou, Kinkala, Ngamanzoko, etc. Tout comme les cours d’eau: Djoué, Madzia, Ngamiké, Ngantoni, Ngamisaku, Ngabumi, Kélé-kélé, Ndonzari, Ngama Mpakassa, Ngambanzoko, etc.
Ainsi, les familles grandissant et fusionnant devenaient progressivement, à leur tour, des clans, tout en gardant heureusement les liens avec leurs clans originels, Nsaku, Mpanzu et Nzinga.
Les Koongo établis dans le Département du Pool descendent de l’un des douze clans ou mvilas primordiaux. Ces clans se caractérisent par un nom particulier commençant par le préfixe Ki: Kikagunga, Kikuimba, Kimbembé, Kimpanzu, Kindamba, Kingandu, Kinimbi, Kinsembo, Kinsenguélé, Kinsundi, Kivimba et Kiyinda.
Il sied de signaler que ces douze clans, dont la dénomination peut changer selon l’espace géographique du peuplement koongo, ont un lien ombilical avec l’un des trois clans originels Nsaku, Mpanzu et Nzinga dont ils sont les rameaux.
D’autre part, tout sujet koongo digne de ce nom doit posséder quatre clans ou mvila: le mvila de la mère, le principal, celui du père et les deux autres respectivement des grands-pères paternels et maternels. Tout sujet koongo qui n’a pas ces quatre clans est descendant d’un parent étranger ou d’un descendant d’esclave, appelé communément «muntu nsuumba». Tous ceux qui descendent du même clan maternel se considèrent comme des frères et sœurs, respectent l’exogamie et se doivent aides et assistances mutuelles, en cas de danger et de besoin.
Le clan est immortel. Un village koongo peut être rayé de la carte, mais un clan ne saurait s’éteindre. Le clan reste la pièce essentielle du système social koongo. A ce propos, Van Wing dit: «La collectivité de tous les descendants par filiation utérine, d’une aïeule commune, portent le nom de cette collectivité. Il comprend tous les individus des deux sexes, les défunts et les vivants. Chaque clan a une devise que tout koongo rappelle lors des circonstances solennelles, ou utilise pour calmer et bercer l’enfant qui pleure. Certains clans ont un animal-totem, comme le léopard ou le caïman, et des interdits alimentaires». Les douze clans ont les mêmes lois transmises de génération en génération depuis Kongo dia Ntotila, le Royaume du Kongo. Elles leur sont applicables où qu’ils soient. Les aïeuls les leur ont inculquées très rigoureusement en leur enjoignant de n’y point déroger.

Dieudonné
ANTOINE-GANGA

(Prochain article: les règles principales de la loi fondamentale du peuple koongo)

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