Commentaire

Les Congolais pataugent
dans le marasme social et économique

Il a éclaté au grand jour à la veille de la rentrée scolaire, le 1er octobre 2024, quand différents syndicats d’enseignants appelaient à la grève, pour boycotter le retour à l’école, afin d’obtenir du gouvernement le paiement de leurs salaires et bourses. Le marasme socio-économique dans lequel baignent la majorité des Congolais présentement a pris de l’ampleur, à Brazzaville et à Pointe-Noire, avec les mouvements sociaux dans l’administration publique, particulièrement dans les secteurs de la santé et de l’enseignement, dans les collectivités locales (mairies), les entreprises publiques comme le C.f.c.o (Chemin de fer Congo-Océan) ou la S.t.p.u (Société de transport public urbain) et même privées comme Averda qui a fini par mettre la clé sous le paillasson, etc. La pénurie de carburant dans la capitale depuis trois semaines est venue aggraver ce marasme socio-économique, rendant les déplacements pénibles dans la ville capitale. Bref, nombre de Congolais broient du noir actuellement et ne perçoivent pas, pour l’instant, les signes de la reprise économique, malgré les assurances du gouvernement.

La vie socio-économique tourne au ralenti au Congo. Elle est dans le marasme, dans l’essoufflement. Et pour cause, l’Etat subissant une crise financière, elle-même due au surendettement public, il n’arrive plus à faire face à ses charges de fonctionnement mensuelle. C’est quand les salaires (dans le secteur public comme dans le secteur privé), les bourses (étudiants et enseignants), les pensions (Caisse de retraite des fonctionnaires et Caisse nationale de sécurité sociale), les indemnités, les heures supplémentaires, les frais de mission, etc, sont payés régulièrement, que l’économie nationale tourne. En plus de cela, c’est quand l’Etat investit et paye ses fournisseurs que la vie économique tourne à merveille. L’Etat est le moteur de l’économie nationale, quand il tousse, tout le monde éternue.
Pénurie de carburant
Partout, le système D pour survivre.
Or, non seulement l’Etat congolais est confronté à un surendettement important, mais encore sa gestion financière est affectée par des anti-valeurs de détournements de fonds, de corruption, de non-respect des engagements ou des décisions, etc. Ce qui l’a plongé dans la crise financière. Ses recettes mensuelles ne suffisent plus pour financer ses charges de salaire et de remboursement des dettes. En plus, sa gouvernance manque de dynamisme, de créativité et de cohésion, à cause de la culture de clans, sur fond de guéguerres de leadership de succession autour du Chef de l’Etat.
Conséquence: la crise, le marasme! Tout le monde se plaint. Même dans les marchés, les commerçants ont grise mine: les affaires ne marchent pas. C’est la survie, le système D (Débrouille-toi pour vivre). Les grèves éclatent ici ou là: dans les entreprises publiques, les hôpitaux, les administrations, les mairies. Après cinq mois d’affilé où elle n’a pas été payée par l’Etat, la société Averda a fermé, le 30 octobre dernier. Son contrat n’a plus été renouvelé. Les ordures s’entassant sur les voies goudronnées, les mairies d’arrondissement ont reçu des instructions pour organiser leur ramassage. Des initiatives privées apportent un coup de main. C’est le système D qui prévaut, avec tout ce que cela suppose de manque de professionnalisme. Ainsi, il n’est pas surprenant de croiser des monticules d’ordure dans certaines voies. A Kinsoundi, les habitants se plaignent de la formation d’un dépotoir où l’on a pris l’habitude de jeter les ordures qui viennent d’ailleurs. Là encore, ce sont des initiatives citoyennes qui viennent à la rescousse.
Depuis le 1er octobre,  l’Université Marien Ngouabi, qui compte une douzaine d’établissements (facultés, instituts et écoles supérieures), tous situés à Brazzaville, est paralysée par une grève générale et illimitée des enseignants et du personnel administratif, pour réclamer des arriérés de salaires. Le gouvernement a fait des promesses de payer un ou deux mois de salaires, mais est-ce le bout du tunnel? L’incertitude demeure.
Même les hôpitaux connaissent des grèves qui éclatent ou qui sont suspendues, toujours pour réclamer des arriérés de salaire. Le C.h.u de Brazzaville, l’Hôpital général de Loandjili, l’Hôpital Adolphe Sicé de Pointe-Noire, l’Hôpital général Edith Lucie Bongo-Ondimba d’Oyo, etc, ont fait parler d’eux dans ce sens. Récemment, les travailleurs de l’Hôpital spécialisé mère-enfant Blanche Gomès, à Brazzaville, ont lancé, le 29 octobre dernier, un préavis de grève d’une semaine, pour réclamer des arriérés de salaire et l’amélioration des conditions de travail.
Même le Trésor public, le cœur du système financier national, n’est pas épargné par les secousses sociales, à Brazzaville comme à l’intérieur du pays. A la Direction générale du Trésor public, les revendications sont spécifiques: les travailleurs exigent le départ à la retraite des cadres ayant largement dépassé l’âge de la retraite, la rupture du contrat de bancarisation des recettes publiques avec la Banque postale du Congo, l’institution d’un statut particulier des travailleurs du Trésor public, etc.
Le Trésor public à Brazzaville
La gestion publique au Congo conduit souvent les entreprises à la faillite.
Et comme un malheur ne vient jamais seul, la capitale Brazzaville est touchée, depuis le mois d’octobre, par une pénurie de carburant qui affecte le transport automobile. Taxis et minibus sont pénalisés par cette pénurie qui dure, même si de temps à autre, les stations-services sont quelques fois alimentées. La pénurie de carburant profite aux circuits parallèles de trafic de carburant, avec comme conséquence l’inflation des prix: un litre de super à 1.400 F C fa au lieu de 775 F Cfa. Là encore, c’est la S.n.p.c (Société nationale des pétroles du Congo), une entreprise publique, qui a le monopole de l’importation des produits pétroliers raffinés. On attend encore qu’elle monte en puissance, pour soulager les automobilistes congolais en rade.
Et si l’on parle des délestages d’électricité, de la pénurie intermittente d’eau courante, de l’insécurité publique due aux groupes de bandits «Bébés noirs», on a les ingrédients d’une vie qui tourne à l’amertume pour nombre de Congolais, particulièrement à Brazzaville, la capitale. «Le pays est malade», estiment certains citoyens. Les services publics se délitent comme si le pays était en guerre, alors que la paix règne et que les institutions nationales sont dans la stabilité. En somme, c’est la poisse, là où le discours officiel se veut être rassurant, arguant que tout reviendra à la normale. Il faut une foi du charbonnier pour continuer à y croire!
Urbain NZABANI

Oh bonjour
Ravi de vous retrouver.

Inscrivez-vous pour recevoir du contenu génial dans votre boîte de réception.

Nous ne spammons pas !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici