A l’occasion du sommet des trois bassins forestiers tropicaux du monde qu’accueillent les deux communes de Brazzaville et de Kintélé, le Président de la République a inauguré, dans l’apothéose, les deux tours jumelles de Mpila. Avec ces gratte-ciels qui s’élancent dans les nuages, autant mieux dire que le jeu en valait la chandelle. Et le discours du ministre d’Etat Jean-Jacques Bouya a pris les ailes d’une prose qui a plus séduit par sa musicalité plutôt que par son sens: «Mpila se scande et Mpila se chante pour mieux instaurer dans un contexte spatio-temporel l’essence de ces tours, ces tours jumelles. Jumelles comme la dualité, jumelles comme la bipolarité de l’existence, jumelles comme les membres parallèles du corps humain dont la complémentarité dans la diversité tire son essence dans l’équilibre qui fait toujours appel à deux». La République était en fête autour des deux tours jumelles de Mpila, à travers lesquelles on donne à voir un pays à l’économie sans doute florissante.
Mais, à la place de la République, de l’autre côté de la ville, c’est une bien triste réalité qu’on donne à voir aux visiteurs venus au sommet: deux tours inachevées qui traduisent sans nul doute une économie nationale en difficulté. C’est un chantier arrêté depuis 2016 et qui donne l’impression d’être tombé dans les oubliettes. Depuis sept ans, l’Etat n’arrive-t-il pas à financer la reprise et l’achèvement de ce chantier?
Cette image représente la dualité de notre réalité actuelle. De quoi se poser la question de savoir quel sentiment nos visiteurs auront-ils de notre pays, devant les impressionnantes deux tours jumelles de Mpila et en passant, pour rejoindre l’aéroport, devant le chantier abandonné des deux tours jumelles de la Place de la République? C’est le paradoxe des deux visages de notre belle capitale. «Qui peut le plus peut le moins», dit l’adage. Si on est capable d’élever des tours à 135 mètres, on peut donc le faire à 50 mètres. Espérons que les deux tours de la Place de la République finiront aussi par revêtir leur belle robe. Nos amis chinois peuvent nous en dire le secret!
L’HORIZON AFRICAIN