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Les faux médicaments, un fléau de santé publique contre lequel il faut lutter

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Dr Patrice Badila Kouendolo.

Le trafic de faux médicaments est devenu un fléau de santé publique contre lequel les Etats luttent activement, car il s’agit d’un double crime: «crime contre la santé et crime contre la société». Les populations doivent savoir qu’il y a des risques importants à l’utilisation des médicaments achetés hors des pharmacies, surtout sur les marchés à même le sol. Dans son rapport publié en février 2023, l’Onudc (Office des Nations unies contre la drogue et le crime), fait état de:
– 270.000 décès par an en Afrique subsaharienne en lien direct avec une consommation de médicaments antipaludiques falsifiés et de qualité inférieure;
– 169.271 décès d’enfants attribués à l’usage d’antibiotiques contrefaits pour traiter la pneumopathie sévère de jeunes malades.
Toujours dans son rapport, l’Onudc évoque un pourcentage allant de 19% à 50% de «médicaments de qualité inférieure ou falsifiés sur le marché». Qu’est-ce qu’un médicament contrefait? Quels sont les effets néfastes des faux médicaments?
Dès 1992, l’O.m.s (Organisation mondiale de la santé), la Fédération internationale pharmaceutique et les autres organisations concernées par la question avaient approuvé la définition suivante: «Un médicament contrefait est un médicament qui est délibérément et frauduleusement muni d’une étiquette n’indiquant pas son identité et/ou sa source véritable. Il peut s’agir d’une spécialité ou d’un produit générique et, parmi les produits contrefaits, il en est qui contiennent les bons ingrédients ou de mauvais ingrédients, ou bien encore pas de principe actif, et il en est d’autres où le principe actif est en quantité insuffisante ou dont le conditionnement a été falsifié».
De manière générale, il s’agit d’un produit ne contenant que peu ou pas de principe actif, voire un principe actif de mauvaise qualité, à l’exemple des antipaludiques de qualité inférieure à l’origine de 116.000 décès supplémentaires, pour un coût moyen de 38,5 millions de dollars par an pour les patients et les systèmes de santé.
Pour ce qui est des effets néfastes, un faux médicament donc un médicament de qualité inférieure, en sous-dosage ou en surdosage de son principe actif, entraîne des effets secondaires. Parmi ceux-ci, on trouve:
– l’insuffisance rénale au mieux réversible après arrêt du produit, sinon sévère nécessitant une dialyse;
– une décompensation diabétique aux conséquences lourdes;
– un accident vasculaire cérébral ischémique par la formation d’un caillot sanguin, effet secondaire direct du produit;
– une poussée hypertensive conduisant à un accident vasculaire hémorragique;
– une décompensation cardiaque, avec un produit hyper-sodé;
– une décompensation respiratoire par déclanchement de l’asthme;
– pire encore, une allergie responsable d’une défaillance multi-viscérale;
– impuissance sexuelle.
La liste des effets néfastes n’est pas exhaustive.
Comment lutter contre les faux médicaments? Depuis 1998, l’O.m.s s’est véritablement engagée dans la lutte contre le phénomène de produits contrefaits. Les Etats membres sont encouragés à mettre en place un système de détection et de répression, avec l’appui d’un groupe spécial international de lutte anti-contrefaçon de produits médicaux. Cela passe par une réorganisation de nos systèmes de santé, l’organisation des systèmes d’information relatifs aux médicaments et aux chaînes pharmaceutiques.
Car, la faiblesse des systèmes de santé favorise l’implantation des systèmes mafieux, qui gangrènent petit-à-petit le circuit dit officiel de distribution de médicaments.
Ce problème de santé publique est un véritable défi pour nos Etats. L’Union africaine semble se saisir du fléau. Cette impulsion date de 2019 et la dernière réunion de Lomé, au Togo, des ministres de la santé a acté la création d’une Agence africaine des médicaments (A.a.m) dont le siège se situe au Rwanda. Notre pays fait partie des pays engagés dans la lutte contre la contrefaçon des médicaments et de tous les produits médicaux, tout comme du matériel médical. Il est donc temps d’agir, car ce sont des vies humaines dont il s’agit.

Dr Patrice BADILA
KOUENDOLO
Médecin chef de Pôle chef du Service de Gériatrie;
Hôtel Dieu groupe SOS France.

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