Décidément, la misère ne cesse de s’accroître dans notre pays. La crise financière que connaît l’Etat congolais a aggravé la situation sociale des populations. Les retraités, les étudiants et même les agents des structures à budget de transfert (hôpitaux, mairies, universités, etc) ne perçoivent pas leurs pensions, bourses et salaires. Du coup, nombre de Congolais sont confrontés à la disette financière, ils manquent d’argent, pour nourrir leurs familles et satisfaire leurs besoins quotidiens.
Tiens! L’autre jour, nos amis communs, Itoua, Mboungou, Tati et Yakamambu, sont allés faire des emplettes au grand marché Total de Bacongo, à Brazzaville. Ils ont été outrés et tristes d’y voir vendre des pâtes Spaghetti et des macaronis, non pas en sachets, mais au détail. Ce spectacle existe aussi grand marché de Pointe-Noire. Comme d’ailleurs se vendent maintenant, les maniocs en morceaux, communément appelés «nzenga». Même le poisson fumé se vend en petits morceaux. Jusque-là, il n’y a que le poisson salé qui se vendait en petits morceaux, à ce qu’ils sachent. A cette allure, l’on risque d’acheter les bananes non pas en «main de bananes», mais au détail. Si l’artiste musicien Franco Luambo vivait encore, il aurait dit: «Omona wapi?» (Où a-t-on déjà vu ça?).
D’autre part, Itoua, Mboungou, Tati et Yakamambu ont vu des personnes en général et de jeunes enfants en particulier déambuler dans les rues et aux alentours du marché, avec des habits en lambeaux ou avec des cache-sexes. Ce qui pousse certains Congolais à se dire: «Ô Dieu! Est-ce donc là ta justice, que les méchants et les nantis prospèrent et que les bons soient démunis et abandonnés à la souffrance? Est-ce que notre société est une société où ne règneraient que l’injustice et l’exploitation?».
Quant à la nudité, «elle ne concerne pas seulement le vêtement; la nudité, c’est aussi le manque de dignité humaine et de cette magnifique vertu qu’est la pureté ainsi que le manque de respect des uns envers les autres. Être sans abri, ce n’est pas seulement ne pas avoir de maison en dur; être sans abri, c’est également être rejeté, exclu, pas aimé», dixit Mère Teresa de Calcutta.
Une société congolaise plus juste et plus humaine s’impose donc. D’un côté, l’Etat doit faire l’effort de payer les pensions, salaires et bourses, au lieu d’enrichir seulement ses cadres qui mènent grand train de vie, pendant que l’écrasante majorité des travailleurs croupit dans la misère. Tout citoyen et surtout tout acteur politique, quel qu’il soit, doit en être pleinement conscient. Là où il y a la violation de la dignité de l’homme, là où il y a la misère, la pauvreté et la faim, chaque Congolais doit se sentir concerné, car il est un maillon de la grande chaîne humaine congolaise.
Traiter l’autre comme son prochain, c’est-à-dire quelqu’un dont on doit s’approcher et aimer, est un devoir d’humanité. Or voilà que, pour certains, le «prochain» désigne non plus l’autre, mais un membre de sa tribu. Il n’y a pas de paix possible sans générosité, sans solidarité entre les êtres. Après toutes les épreuves qu’a connues le peuple congolais, le temps n’est-il pas encore arrivé de semer l’amour et de consolider la paix entre nous? Comprenne qui pourra. Au revoir et à bientôt!
Diag-Lemba.