L’article 15, celui qui parle de la débrouillardise, est, à en croire nos amis communs, Itoua, Mboungou, Tati et Yakamambu, très appliqué au Congo. Misère oblige! Nos compatriotes de tout âge et de tout sexe ne ménagent aucun effort, pour faire preuve d’ingéniosité, afin d’arrondir leurs fins de mois. A Brazza-la-verte, à chaque coin de rue ou devant leurs parcelles, les Congolais s’adonnent au commerce de détails, souvent de produits alimentaires ou d’usage domestique.
C’est un moyen de vivre, comme disent les parents. Devant chaque domicile, l’on trouve des étals sur lesquels les uns et les autres exposent toutes sortes de denrées alimentaires: fruits; légumes; huile; fagots de bois; charbon; friperie (sous-vêtements les plus intimes, ceintures, chaussures…); matériel d’électricité, etc. L’on se croirait en Europe ou aux Etats-Unis, lors des braderies, de «garage sale», c’est-à-dire la vente de tout ce qui traîne dans les garages et dont l’on veut se débarrasser au début de l’été. Peu de gens vont maintenant au marché pour leurs emplettes, à partir du moment où l’on trouve tout dans les quartiers. D’ici là, que nos rues soient transformées en souks, il n’y a qu’un pas.
Autre phénomène, on dirait que les Congolais sont devenus allergiques aux parcelles de terrain vides ou aux terrains vagues dans les quartiers. Ils les transforment soit en parking-lavage soit en cimetière d’épaves de voitures. Et ce, au vu et au su des chefs de blocs, de quartiers qui sembleraient impuissants devant ce phénomène.
A en croire Itoua, Mboungou, Tati et Yakamambu, à cette allure, nos villes comme Brazza-la-verte et Ponton-la-belle deviendront Brazza-la-poubelle et Ponton-la-poubelle, avec des immondices autour desquelles volent des essaims de mouches vecteurs de divers microbes et maladies, pendant que les nuisances olfactives (odeurs nauséabondes) empoisonnent la vie aux alentours.
La saleté, voilà ce qui caractérise nos quartiers. Itoua, Mboungou, Tati et Yakamambu ne comprennent pas que, même avec la présence d’une grande société de salubrité publique comme Averda, l’insalubrité est toujours là. Les poubelles pleines et débordant d’immondices traînent pendant des semaines sur la voie goudronnée, offrant un spectacle fétide. Il faut faire un tour sur l’Avenue de l’Intendance, vers Texaco-la-Tsiémé: vendeurs; piétons; automobilistes et immondices se disputent la voie, dans l’indifférence totale des autorités des arrondissements de Ouenzé et Talangaï. Le marché n’a plus d’espace et s’étire le long des rues et avenues.
Le premier samedi du mois, dont la matinée est réservée à la salubrité publique, est devenue une journée de non-activité où le matin, les commerces sont fermés. On ne voit pas les gens nettoyer les espaces publics. Le premier samedi du mois, n’est-ce pas le moment où l’on pouvait mobiliser les fonctionnaires, les agents de la force publique, les vendeurs dans les marchés, les commerçants, les élèves, les étudiants, les fidèles des confessions religieuses, les militants des partis, etc, dans de grandes opérations de salubrité publique? Le ministre délégué en charge du développement local a lancé l’opération «gardons nos villes propres», mais une fois que les caméras des télévisions sont passées, on ne voit plus personne.
L’Etat doit prendre ses responsabilités en faisant montre d’autorité ferme. Peut-on faire des omelettes sans casser les œufs? Qui plus est, comment construire une démocratie, si les gens vivent dans la misère et la saleté? Comprenne qui pourra. Au revoir et à bientôt!
Diag-Lemba.