Il ressort des statistiques de la Banque mondiale, dans son rapport publié récemment, qu’environ 59% de Congolais ont du mal à se nourrir. Ils sont touchés par une insécurité alimentaire grave. C’est on ne peut plus triste pour notre peuple dont le pays regorge de richesses naturelles immenses. Cette situation de famine est due, reconnaissons-le sans vergogne, à la misère qui sévit, ces derniers temps où les salaires et les pensions des retraités sont payés difficilement et surtout avec des mois de retard. Les chefs de famille ne savent plus à quel saint se vouer.
Itoua, Mboungou, Tati et Yakamambu, côtoyant dans leur quartier beaucoup de nos compatriotes vivant dans la misère, nous rappellent encore que «la misère commence là où sévit le non-respect des droits de l’homme. La misère n’est pas une fatalité. C’est une maladie du corps social condamnée à disparaître. La misère est l’œuvre des hommes et seuls les hommes peuvent la détruire. La misère est une violation des droits de l’homme et une atteinte à la dignité humaine. La lutte contre la misère est un devoir sacré fondé sur le respect de l’égalité de tous les êtres humains. Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, il faut s’unir pour la combattre, la refuser et résister à l’inacceptable», dixit Joseph Wresinski, prêtre français d’origine polonaise (1917-1988), fondateur du mouvement des droits de l’homme, «A.t.d quart monde».
La misère qui engendre la faim n’est pas une fatalité. Ravivons-nous, sortons de nos carapaces d’égoïsme, de haine, d’envie, de jalousie et de rapacité matérielle pour la vaincre dans notre pays. Ayons la volonté de la vaincre. A ce propos, Itoua, Mboungou, Tati et Yakamambu nous invitent à faire nôtres, ces pensées de l’altermondialiste suisse, Jean Ziegler, vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies: «Aucun homme n’est une île. Tout homme ne se construit que par le regard, la tendresse d’autrui. La vie ne naît que de la complémentarité, de la réciprocité. Je suis l’autre, l’autre est moi. Pour chaque martyre il existe un assassin. Je ne peux être libre ni manger en paix si, au même moment, à quelques centaines de kilomètres de moi, un enfant sous-alimenté entre en agonie».
Enfin, ils nous disent avec Saint-Grégoire de Nazianze: «Quand tu es en bonne santé et dans l’abondance, porte secours aux malheureux. Tends la main à ceux qui font naufrage. N’attends pas d’apprendre à tes dépens combien l’égoïsme est un mal et combien il est bon d’ouvrir son cœur à ceux qui sont dans le besoin. Tire leçon des malheurs d’autrui et prodigue à l’indigent ne serait-ce que les petits secours. Pour lui qui manque de tout, ce ne sera pas rien».
Enfin, pour sortir notre pays et notre peuple de la misère, «il nous faut des justes qui soient de vrais justes, pour semer de la justice et récolter, un jour, une société juste, bâtie par des justes et pour les justes», dixit père Christian. Malheureusement, dans nos cités et nos villages, il y a des gens qui sont primesautiers ou n’ont confiance qu’en leur propre initiative. Toutes les propositions de leurs contemporains sont systématiquement repoussées, parce qu’ils s’estiment parvenus à un niveau supérieur de perception. Comprenne qui pourra. Au revoir et à bientôt!
Diag-Lemba.