Politique nationale
Lettre ouverte au Chef de l’Etat, pour demander le dialogue national sans exclusive
Un collectif de 37 personnalités politiques de l’opposition extra-parlementaire et de la société civile, de l’intérieur du pays et de la diaspora, se présentant comme «citoyens congolais», a adressé une lettre ouverte, ne comportant ni date ni lieu d’émission, au Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, pour l’inviter, «solennellement», à «convoquer dans l’immédiat, un vrai dialogue politique national, rassemblant sans exclusive, les représentants de toutes les forces vives du pays, pour élaborer ensemble des mesures fortes et appropriées, en vue de sortir, de façon pacifique, notre chère patrie de la crise multidimensionnelle qui a plongé les populations congolaises dans l’extrême misère, la maladie et la désespérance sociale». Le collectif des signataires demande également la libération «sans conditions», de «tous les prisonniers politiques, notamment le général Jean-Marie Michel Mokoko et l’ancien ministre, André Okombi Salissa».
En tête des signataires de la lettre ouverte, il y a Mathias Dzon, Modeste Boukadia, Aimée Mambou Gnali, Mariotti Ouabari, Georges Ntsiba, Victor Oniongo, Guy Magloire Mafimba Motoki , Andréa Ngombet, John Benith Dzaba, Cédric Balou, Dacy Elo, Jean-Sylvestre Itoua, Jean-Paul Bouiti… Dès le premier paragraphe de leur missive au Chef de l’Etat, ils donnent le ton: «Les partis politiques, les associations de la société civile et les personnalités indépendantes de l’intérieur et de la diaspora congolaise, signataires de la lettre dont la teneur suit, viennent à vous, par la présente, vous adresser leurs civilités et vous exprimer leur protestation indignée contre l’explosion de la criminalité et de l’intolérance politiques dans notre pays, l’indifférence hautaine du pouvoir face à la désespérance sociale des populations, l’idée lunaire du pouvoir d’organiser une élection présidentielle en mars 2026, dans un pays aujourd’hui naufragé, ce, sans que les conditions préalables d’organisation d’une élection libre, transparente, honnête et apaisée ne soient remplies».

Sur quatre pages, les signataires rappellent d’abord les principes de la République et de la démocratie. Se basant sur la Constitution, ils rappellent aussi les droits et libertés des citoyens et le statut de l’opposition politique. Puis, ils dressent l’état des lieux du pays, en commençant par la situation sécuritaire. Sur ce plan, ils constatent que «les mœurs barbares à l’œuvre pendant les temps funestes de la J.m.n.r, temps caractérisés par des violences politiques perpétrées par les tortionnaires Mabouaka François, Kouvouama alias Castro et autres Antoine Ngayot de triste mémoire, sont ressuscitées allègrement».
Selon les auteurs de la lettre ouverte, «le mode opératoire est toujours le même: créer un climat d’insécurité dans le pays, dans le sinistre dessein d’intimider les opposants politiques et tous ceux qui ne portent pas le pouvoir actuel dans leurs cœurs, et plus largement, de faire peur aux populations». Après avoir cité des cas d’assassinats et d’agressions, dont le cas de Lassy Mbouity, ils déplorent le «silence assourdissant» des institutions nationales.
Autre volet abordé, la «crise financière et sociale sans précédent». «Le Congo-Brazzaville est un malade grave qu’il nous faut soigner. Il est étranglé par une dette publique abyssale», avancent-ils. «Sur le plan social, la situation de notre pays est marquée par la baisse vertigineuse du pouvoir d’achat et de la qualité de vie des populations, la paupérisation aggravée des couches déshéritées, les pénuries chroniques d’eau potable, d’électricité, de carburant, la montée en flèche des prix des denrées alimentaires de première nécessité, l’explosion exponentielle de la morbidité et de la mortalité sur toute l’étendue du territoire national, la précarité de l’emploi, le chômage endémique en général, le chômage des jeunes en particulier, la maltraitance des retraités réduits à la misère et transformés en nécessiteux, le déferlement des violences criminelles, etc».
Face à ce tableau profondément préoccupant de la situation nationale, les signataires pensent qu’il n’est pas possible d’organiser le scrutin présidentiel. Selon eux, «les conditions d’organisation d’une élection présidentielle libre, transparente, honnête et apaisée en 2026 ne sont pas remplies». A la place, s’inspirant des «cultures traditionnelles congolaises sont des cultures du «mbongui», c’est-à-dire, du vrai dialogue et du consensus», ils en appellent à la tenue d’«un vrai dialogue politique national inclusif» qui va décider de l’instauration d’«une transition non conflictuelle et apaisée». Maintenant, à quoi les signataires s’attendent-ils de la part de l’illustre destinataire de leur courrier? L’expérience prouve que ce genre d’initiatives a très peu de chance de prospérer, se heurtant souvent au mur de l’indifférence. Enfin, on peut au moins noter leur prise de position.
Jean-Clotaire DIATOU
Lettre ouverte de l’opposition et la diaspora 2025
La publication à Brazzaville, samedi 5 juillet 2025, de la lettre ouverte, par Mathias Dzon








