A l’occasion du lancement, jeudi 21 septembre 2023, à Brazzaville, des activités de la Fondation Josammy Emporio, l’artiste musicien congolais, Ley de Mamad’ou, ancien membre de l’Orchestre Révélation, dans les années 80, nous a parlé, dans un entretien, de sa vie d’artiste. Il s’est exprimé sur ses débuts en musique, son expérience ainsi que la musique urbaine au Congo qui, selon lui, est en train de monter en flèche, devant la rumba congolaise. Interview.
* Qu’est-ce qui vous a motivé pour vous lancer dans la musique?
** Je dois ma carrière musicale à Samba Mascott, ancien sociétaire de l’Orchestre Les Bantous de la capitale. Cette icône m’a donné le goût de faire la musique. Sachant que je m’intéressais beaucoup à la musique, Samba Mascott m’a permis de passer mon premier test au sein des Bantous de la capitale. Malheureusement, je n’ai jamais été contacté, tout simplement parce que trop jeune pour intégrer le groupe. Je garde de bons souvenirs de ce grand artiste musicien. Il m’a beaucoup inspiré. Il faut dire qu’aujourd’hui, c’est son fils, Josammy Samba Ganga, écrivain chercheur aux Etats-Unis, qui me soutient dans ce que je fais. Je ne peux que le remercie!

* Ça fait un moment qu’on n’entend plus parlez de vous, pourquoi ce silence?
** C’est à cause d’une expérience qui m’a beaucoup déçu. Tout a commencé en 2019, quand j’ai finalisé mon album intitulé «Adrénaline». Il était enregistré au Benin. Mais, avec l’apparition de la maladie à coronavirus, au cours de la même année, nos activités ont été profondément impactées. J’ai tout perdu y compris les contrats que j’avais signés  avec une maison de disque pour la promotion. Malgré ce coup dur, on n’a pas abandonné, nous continuons le travail. Lorsqu’on est passionné par une chose, c’est difficile de jeter l’éponge, même quand cela vous tente l’esprit.

* Avez-vous des projets pour la suite de votre carrière musicale?
** Bien sûr, j’ai des projets. On a encore beaucoup à donner pour hisser haut la musique de notre cher beau pays, le Congo. Lorsqu’un artiste n’a pas encore tiré sa révérence, il a toujours quelque chose à donner. C’est dans ce sens que nous travaillons.

* Quelle lecture faites-vous de la musique congolaise aujourd’hui?
** La musique de notre pays est en train de monter en flèche, avec nos jeunes qui font de la musique urbaine. Une tendance qui rivalise un tant soit peu la rumba. Mais, qu’a cela ne tienne, la rumba ne tombera jamais, elle sera toujours là. Par ailleurs, je ne suis pas contre ce genre musical, mais j’ai remarqué que nos jeunes ne travaillent pas assez leur coté artistique. Ce sont des musiciens de studio, surtout avec l’avènement des logiciels pour améliorer la performance. On peut critiquer, mais on doit aussi reconnaître que cette réalité fonctionne bien pour eux et leur musique.

* Avez-vous un message à l’endroit du public?
** Les gens doivent comprendre que, sans argent, on ne peut pas faire la musique, de nos jours. Les temps ont vraiment changé, parce qu’à l’époque, l’argent n’était pas une priorité. Je demande aux mélomanes de me soutenir. Cette contribution ne sera pas seulement bénéfique pour moi, mais aussi pour notre musique. Notre culture a du mal à prendre son envol, simplement parce que les artistes ne sont pas soutenus.

Propos recueillis par
Roland KOULOUNGOU

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