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L’héritage des syndicalistes qui ont marqué l’histoire politique du Congo-Brazzaville

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Aimé Matsika, Julien Boukambou et Abel Thauley-Ganga
Vie syndicale

L’héritage des syndicalistes qui ont marqué l’histoire politique du Congo-Brazzaville

L’éclat des indépendances africaines dissimulait souvent une réalité plus nuancée: celle d’une autonomie politique en trompe-l’œil, héritée de la Loi Deferre et des cérémonies de passation de pouvoir. Aujourd’hui, ce constat résonne profondément parmi la jeunesse africaine, confrontée à la quête d’une souveraineté authentique dans un contexte post-colonial complexe et souvent contesté. Alors que le Congo-Brazzaville se débat avec les répercussions de son passé colonial, une nouvelle lumière est jetée sur les figures emblématiques qui ont façonné le destin de cette Nation. Dans les méandres de l’histoire post-coloniale de l’Afrique, se trouvent des hommes et des femmes dont le courage et la détermination ont défié les ordres établis et ont conduit à des moments décisifs de changement. Au cœur de ce récit se trouvent des figures comme Julien Boukambou, Abel Thauley-Ganga et Aimé Matsika. Des noms qui résonnent peu dans les livres d’histoire conventionnels, mais dont l’impact sur le cours des événements au Congo-Brazzaville était profond et durable.
Leur histoire commence bien avant les tourments politiques des années 60. Dans les décennies précédentes, alors que le vent de la décolonisation soufflait sur l’Afrique, ces hommes étaient parmi les rares à percevoir les manœuvres néocoloniales derrière les promesses d’indépendance apparentes. Ils ont rapidement réalisé que la véritable souveraineté ne pouvait être atteinte sans un véritable changement de paradigme politique et économique.
Aimé Matsika, Julien Boukambou et Abel Thauley-Ganga
Né dans le vent de la résistance anticoloniale insufflé par les héros de son peuple, Julien Boukambou a rapidement embrassé les idéaux progressistes du P.p.c (Parti progressiste congolais), fondée en 1945 par Jean Félix-Tchicaya et dont le premier secrétaire général fut Aubert-Lucien Lounda, conseiller territorial et planteur-transporteur ressortissant de Boko. Dès lors, la vie de Julien Boukambou fut un mélange d’activisme politique et syndical, une alliance puissante dans le combat pour la liberté. Ses efforts pour unifier les travailleurs sous la bannière de la C.g.a.t (Confédération générale africaine du travail) l’ont placé au cœur des bouleversements politiques à venir.
En tandem avec Boukambou, Abel Thauley-Ganga, souvent qualifié de père fondateur du syndicalisme politique congolais, a insufflé une énergie révolutionnaire dans le mouvement. Issu d’un milieu modeste mais instruit, Abel est devenu un stratège habile et un leader charismatique. Sa capacité à mobiliser les masses et à naviguer dans les eaux tumultueuses de la politique congolaise en a fait une force motrice lors des événements critiques d’août 1963.
Enfin, Aimé Matsika, le plus jeune et peut-être le plus intrépide du groupe, a apporté une vigueur juvénile à la lutte. Son engagement précoce dans la création de la première organisation de jeunesse trans-partisane du pays, l’U.j.c (Union de la jeunesse congolaise), a prouvé que la voix de la jeunesse pouvait être un catalyseur puissant pour le changement.
La Révolution des Trois glorieuses (13-14-15 août 1963)
L’année 1963 a marqué un tournant décisif dans l’histoire du Congo-Brazzaville. Alors que les espoirs de l’indépendance étaient éclipsés par la réalité d’un néocolonialisme persistant, les trois syndicalistes, Julien Boukambou, Abel Thauley-Ganga et Aimé Matsika et d’autres ont mené une rébellion contre le régime du Président Fulbert Youlou. Leur alliance avec les travailleurs, les étudiants et d’autres forces progressistes a finalement conduit à la chute du régime du Président Youlou. En effet, le 13 août 1963, le C.f.s (Comité de fusion des syndicats) dirigé par Pascal Okemba Morlendé, appelle à la grève générale, pour protester contre la volonté du Président de la République de mettre en place un parti unique.
Cet appel connaît un grand succès au regard de la mobilisation des travailleurs et des populations. La mort de trois manifestants tués par balles par les forces de l’ordre qui ont également fait plusieurs blessés ravive la colère des manifestants et des dirigeants syndicalistes qui appellent désormais à la démission du Chef de l’Etat. Le 15 août 1963, le Président Fulbert Youlou signe sa démission, démontrant que le pouvoir réside véritablement dans les mains du peuple. Mais, dans l’immédiat, ces dirigeants syndicalistes refusèrent de faire partie du nouveau régime,  car malgré leur triomphe momentané, les défis persistaient. Les promesses d’indépendance n’avaient pas été réalisées. L’économie restait sous le contrôle des anciens maîtres coloniaux et les inégalités persistaient.
Mais, l’héritage des syndicalistes des années 60 réside dans leur capacité à inspirer les générations suivantes à poursuivre la lutte pour une véritable liberté et une véritable souveraineté. Alors que le Congo-Brazzaville se tourne vers l’avenir, il est essentiel de se souvenir de ceux qui se sont sacrifiés pour la cause de la justice et de la dignité. Leurs mémoires resteront à jamais gravées dans l’histoire de cette Nation, rappelant aux Congolais que le véritable changement commence avec ceux qui osent défier le statu quo, car c’est la somme des actes individuels qui fait l’histoire.
Dieudonné DIABATANTOU

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