Journaliste, professeure de littérature et écrivaine française d’origine guadeloupéenne, Maryse Condé est décédée dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 avril 2024, dans la ville d’Apt, dans le Département du Vaucluse, en région Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur), dans le Sud-Est de la France, à l’âge de 90 ans. «Maryse Condé s’est éteinte dans son sommeil, à l’Hôpital d’Apt, dans le Vaucluse», a indiqué son mari, Richard Philcox, à l’A.f.p (Agence France presse).
Née Marise Liliane Appoline Boucolon, le 11 février 1934, à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, Maryse Condé s’était fait connaître par son best-seller publié en 1985, un ouvrage en deux tomes, «Segou», sur l’Empire Bambara du 19ème siècle, au Mali. Régulièrement citée comme prétendante au Prix Nobel de littérature, grande voix reconnue de la littérature francophone, elle a abordé, dans une trentaine de livres, l’histoire de l’Afrique et de sa diaspora, l’héritage de l’esclavage et la question des identités noires, après une vie de combat pour sa liberté et d’exploration des identités antillaises et noires. Elle a traité aussi des fictions. «J’ai toujours travaillé avec elle dans ses différentes maisons d’édition et j’étais profondément admiratif de son rayonnement, de son courage. Elle a donné l’envie à énormément d’écrivains de se lancer et de combattre avec elle», a indiqué son éditeur, Laurent Laffont, à l’A.f.p.
«La grande dame des lettres mondiales, Maryse Condé, tire sa révérence, nous léguant une œuvre portée par la quête d’un humanisme fondé sur les ramifications de nos identités et les fêlures de l’histoire», a écrit l’écrivain franco-congolais, Alain Mabanckou, sur sa page X.
Pour avoir vécu dans plusieurs pays africains (Côte-d’Ivoire, Ghana, Guinée et Sénégal), Maryse Condé critiquait les limites du concept de «négritude» proposé par le Martiniquais Aimé Césaire et le Sénégalais Léopold Sédar Senghor. «Il n’y a, cependant, aucune raison d’être fier d’appartenir à telle ou telle race. Je remets en question le fait que la négritude perpétue la notion que tous les Noirs sont pareils. C’est une attitude totalement raciste héritée en fait des Blancs qui croient que tous les nègres se ressemblent», disait-elle dans un entretien avec la revue américaine Callaloo, en 1989. Elle a vécu aussi aux Etats-Unis où elle a enseigné.
Ayant toujours eu le désir d’écrire, elle n’a pu s’y consacrer véritablement qu’à l’approche de la quarantaine. Avant cela, la fille de la classe moyenne de Guadeloupe qu’elle était, se décrivait comme une enfant gâtée par ses parents. A partir de son arrivée à Paris, en 1953, pour ses études, elle a traversé de nombreuses épreuves. La perte de sa mère, en 1956, à qui elle n’a pas pu dire au revoir, le racisme, l’échec de son mariage avec le Guinéen Mamadou Condé, les conditions rudimentaires dans lesquelles elle a élevé ses quatre enfants l’ont marquée. Grâce à son nouveau compagnon rencontré au Sénégal, Richard Philcox, qui deviendra son mari et traducteur, elle réalise sa vocation, l’écriture, en quittant l’Afrique en 1970. Elle se lance aussi dans un doctorat de lettres à Paris, en soutenant sa thèse en 1976, sous le thème: «Stéréotype du Noir dans la littérature antillaise, Guadeloupe-Martinique».
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA