La chute de la demande du marché intérieur, les augmentations disproportionnées des prix du papier et du carburant, les paiements différés dans un contexte quasiment hyper-inflationniste, le manque de subventions de l’Etat, la concurrence du numérique, etc, constituent, à n’en point douter, un puissant cocktail qui ronge l’écosystème du livre au Congo. Au point que des maisons d’éditions tout comme des librairies et des bibliothèques mettent la clé sous le paillasson, à la grande indifférence de tous.
Déjà, l’écosystème de production et de vente du livre n’était pas en si bonne santé au Congo, ces trois dernières décennies. Pourtant, le pays jouit d’un taux de scolarité approchant les 100%. Mais, la lecture n’est pas la chose la mieux partagée chez les Congolais. Quelques esprits entreprenants se sont malgré tout lancés dans le monde de l’édition. Ainsi, on a vu des maisons d’éditions voir le jour à Brazzaville et à Pointe-Noire.
Aujourd’hui, la plupart des éditeurs au Congo et en particulier les plus petits, conviennent que le nouveau contexte économique du pays les place au bord de l’effondrement. Les annonces sur la croissance progressive de l’économique nationale peuvent être favorables à tous les secteurs du marché, comme le dit le gouvernement, mais pas favorables au secteur de l’édition. Ça se voit nettement mieux que les autorités semblent être préoccupées par autres choses que les problèmes qui minent l’industrie du livre dans notre pays. Ce n’est pas étonnant, car s’ils ne s’occupent pas de l’inflation des prix ainsi que du taux de chômage alarmant des jeunes, pourquoi devraient-ils s’occuper des livres et de ce monde d’éditeurs et de libraires qui entendent conserver leurs «privilèges de caste» et continuer à être comme des parasites de l’État?
Selon la vision libertaire du monde, les livres ne sont qu’un produit parmi d’autres, qui ne devraient donc être régis que par les lois du marché, comme tout le reste. Le monde vers lequel nous nous dirigeons n’a peut-être pas besoin d’autant de livres ni d’autant d’écrivains. Peut-être ont-ils fait croire à l’employé moyen qu’il pouvait publier des livres ou les éditer. Ce qui s’avère être une illusion populiste, une chimère entretenue par des prix déformés et une oppression étatique qui affecte l’industrie de l’édition du livre.
Roland KOULOUNGOU