Littérature

Trente ans après Sylvain N’Tari Bemba, l’esprit de la phratrie congolaise
souffle encore

Trente ans après la disparition de son initiateur, Sylvain N’Tari Bemba, la «Phratrie congolaise», «une espèce de vaste territoire littéraire peuplé d’écrivains, romanciers, poètes, dramaturges, essayistes, etc», a enfin vibré encore, du 28 au 31 octobre 2025, à l’I.f.c (Institut français du Congo) et d’autres centres culturels, à Brazzaville, grâce au dynamisme de l’Association Nouvel’Art, en coopération avec l’I.f.c. La «Phratrie congolaise» est un cercle littéraire légendaire fondé dans les années 60, par Sylvain N’Tari Bemba, romancier, dramaturge, essayiste, journaliste et musicien congolais décédé le 8 juillet 1995, à Paris (France), dont l’esprit est porté cette année par l’écrivain chercheur Patrice Yengo, chargé de cours à l’Institut des mondes africains de l’Ehess (École des hautes études en sciences sociales), en France, dans le but de raviver l’esprit de solidarité littéraire et intellectuelle et rappeler aux jeunes écrivains congolais, la nécessité de la transmission du flambeau littéraire.

La Phratrie congolaise fut, dans les années 60, une confrérie d’écrivains unis au-delà des frontières idéologiques, ethniques ou religieuses. Poètes, romanciers, dramaturges essayistes y partageaient manuscrits et réflexions, dans un élan de fraternité rare. De cette effervescence intellectuelle sont nées certaines des plus belles pages de la littérature congolaise et africaine d’expression française. Aux côtés de Sylvain N’Tari Bemba figuraient des plumes illustres telles que Henri Lopès, Jean-Baptiste Taty Loutard, Sony Labou Tansi, Tchicaya U Tam’si et Emmanuel Dongala à qui cette célébration a également rendu hommage.
Une scène de théâtre pendant la célébration de la phratrie
Une vue du public à la clôture
«Trente ans après la disparition de Sylvain N’Tari Bemba, il nous faut placer la transmission au cœur de notre action. C’est le moyen le plus sûr de préserver et de valoriser notre patrimoine littéraire», a affirmé Patrice Yengo, lors de la cérémonie de clôture, en présence d’Emmanuel Dongala, considéré comme le dernier représentant vivant de la phratrie. «Nos aînés ont bâti la force de la littérature congolaise sur la conscience d’une communauté. Ils nous ont légué un modèle de solidarité durable qu’il nous appartient, désormais, de faire vivre. La littérature n’existe pas seulement dans l’individualité, mais aussi dans la mémoire partagée et la continuité des générations», a-t-il poursuivi.
De l’Institut français du Congo à l’Université Marien Ngouabi, en passant par l’Espace de l’honorable Ferréol Constant Gassackys, le Centre culturel Zola, les Ateliers Sahm et l’Espace Matsoua, à Brazzaville, tous ces lieux ont été le théâtre d’une effervescence artistique et intellectuelle particulière. Au programme: représentations théâtrales; lectures; expositions; slam; projections et tables rondes.
L’écrivain chercheur et enseignant Patrice Yengo
Parmi les moments forts, la mise en scène de la pièce «Antoine m’a vendu son destin» de Sony Labou Tansi par le Mbongui Théâtre, «La valse interrompue», une adaptation de «La chèvre et le léopard» de Sylvain N’Tari Bemba, par la Troupe Maloba, ou encore «Une journée dans la vie» d’Emmanuel Dongala, interprétée par le Théâtre des Trois Francs. Des textes majeurs ont également été lus, tirés des romans comme «La vie et demi» (Sony Labou Tansi), «Johnny chien méchant» (Emmanuel Dongala), «Le pleurer-rire» (Henri Lopès) ou du recueil de poèmes «Les racines congolaises» (Jean-Baptiste Tati-Loutard), retraçant toute la richesse d’une littérature à la fois engagée, poétique et profondément humaine.
Au-delà du souvenir, cette célébration est une invitation au renouveau de la littérature congolaise, à travers ses écrivains. La Phratrie congolaise, plus qu’un souvenir littéraire, demeure une leçon d’unité et de foi dans la puissance des mots et ce n’est pas Saint-Pierre des mots qui nous dira le contraire. À travers cette commémoration, la jeune génération est appelée à prolonger le souffle d’une époque où les écrivains congolais, unis par l’amour du verbe, ont su faire rayonner la voix du Congo bien au-delà de ses frontières.
Céleste Exaucé SINDOUSSOULOU

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