Ministre des affaires étrangères pendant la Transition Milongo (1991-1992) et ancien ambassadeur du Congo aux Etats-Unis (1996-97), Dieudonné Antoine-Ganga a publié, en 2012, aux Editions L’Harmattan Paris (France), un ouvrage intitulé, «Grand-père, parle-nous du peuple koongo». D’un volume de 185 pages, c’est un livre-entretien sur la richesse de la culture koongo qu’il transmet non seulement aux nouvelles générations, ses petits-fils, mais aussi à la jeunesse. «Le livre a pour but d’informer et d’éduquer, non pas oralement selon le principe de l’oralité africaine, mais par écrit pour que, comme l’a dit Amadou Hampâté Bâ, «l’on mette par écrit ce grand parler, afin qu’il devienne notre littérature», la littérature africaine», écrit-il à la quatrième de couverture. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il revient sur ce livre pour parler des raisons qui l’ont conduit à le publier. Entretien!
* Vous avez choisi l’écrivain Guy Menga pour préfacer cet ouvrage. Est-ce parce qu’il est écrivain ou parce qu’il est koongo comme vous?
** C’est un élément dont j’ai tenu compte et, par ailleurs, Guy Menga est un grand connaisseur de la culture koongo, à travers ses romans, entre autres «La palabre stérile», «La case De Gaulle», «Les aventures de Moni Mambou», «La marmite de Koka-mbala». C’est la culture koongo qui est mise en exergue. Quand j’ai terminé le manuscrit de mon livre, je le lui ai proposé et il avait accepté de le préfacer. Ce n’est qu’un Koongo, qui connaît sa culture, qui pouvait le faire.
* Quel est votre objectif, en publiant cet ouvrage, qui a un titre pédagogique?
** Il faut reconnaître que j’ai des petits enfants qui sont hybrides, culturellement parlant. Les uns sont de mères chinoise et tchadienne et d’autres sont de pères belges et français. J’ai cherché comment je pouvais leur transmettre la richesse koongo. Je me sentais très malheureux, car ils me parlent en français, en anglais et ils ne connaissent que quelques mots koongo. L’idéal serait qu’ils parlent couramment la langue de leurs grands-parents que nous sommes. Peu d’enfants issus de parents koongo parlent leur langue. J’ai écrit ce livre pour que les parents que nous sommes apprenions notre culture à nos enfants et petits-enfants.
* Dix ans après la sortie du livre, êtes-vous sûr que le but est atteint, notamment l’assimilation des légendes, contes, noms et autres proverbes?
** Au niveau de ma famille, je peux dire que le but est plus ou moins atteint, puisque chaque fois que je suis avec eux, je leur parle en langue maternelle, en leur expliquant d’où nous venons. Je mets chaque fois à profit mon séjour aux Etats-Unis par exemple, pour leur communiquer la richesse culturelle koongo. Je souhaite que les autres parents fassent la même la chose. Par ce livre, j’appelle les gens, je touche leur conscience pour qu’ils sachent que nous devons perpétuer notre culture.
* Votre livre s’adresse aux anciens comme aux jeunes, dans le but de perpétuer la culture koongo. Peut-on affirmer qu’il est un aide-mémoire?
** Beaucoup de jeunes africains en général et de jeunes koongos en particulier, comme mes petits-enfants, sont actuellement acculturés. C’est pourquoi je m’adresse à un auditoire d’adolescents, dans un langage perméable et facile. J’attends un sursaut de la part de tous, afin de sauver nos us et coutumes.
Propos recueillis par
Narcisse MAVOUNGOU