Le président du parti Les souverainistes, situé à l’opposition, Uphrem Dave Mafoula, a eu un échange avec les étudiants, dimanche 14 mai 2023, à l’hôtel de la préfecture de Brazzaville, sous le thème: «Les défis et les perspectives de la jeunesse congolaise». Dans un langage franc et direct, il a apporté des réponses aux préoccupations soulevées par les jeunes, venus nombreux pour le suivre. Emploi, montant de la caution aux élections, opposition congolaise, affaire Figa, etc, autant de sujets abordés. L’opposant s’est montré préoccupé par le coût de participation aux élections. C’est pourquoi il appelle à «arrêter la démocratie des riches qui prend corps dans notre pays».

Dans une modération de la journaliste Rosie Pioth, qui a présenté l’orateur, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2021, la rencontre du président du parti Les souverainistes a pris les allures d’un «one man show». Du blocage des jeunes en politique à cause des cautions très élevées aux élections (1 million 500 mille francs Cfa aux législatives et 25 millions de francs Cfa à la présidentielle) au chômage des jeunes, le débat était intense.

Les étudiants pendant la conférence.
Les étudiants pendant la conférence.

Quel est le jeune qui, à 18 ans, peut disposer de ce montant? S’est-il interrogé. Pour lui, chaque génération a ses ambitions. Il faut donc arrêter «la démocratie des riches qui prend corps dans notre pays», a-t-il déclaré. Uphrem Dave Mafoula prône une démarche générationnelle et collective, pour l’avènement d’un Congo de rêve. Pour cela, il n’exclut pas le «changement de la Constitution», pour donner la possibilité aux jeunes qui veulent être candidats aux élections, de se préparer et d’oser se lancer en politique.
Selon Uphrem Dave Mafoula, la politique ne doit pas être la préoccupation des seuls enfants des riches. Cette question doit être revue, selon lui. L’opposant est favorable à ce que les montants des cautions soient revus à la baisse, parce que les jeunes doivent aussi travailler pour leur pays. «Si on est d’accord, on peut changer la Constitution, pour que les jeunes aillent dans le monde de la politique et proposer leurs idées. Il n’y a plus de nouvelles idées, il n’y a que des nouveaux leaders. Qui imagine le Congo 20 ans ou 30 ans après? Qui pense à ces jeunes?», s’indigne-t-il. L’orateur entend poursuivre le combat politique jusqu’à la magistrature suprême. «Mon ambition, je ne le cache plus, je veux être Président», a-t-il lancé. Pour les élections passées, il réclame «deux victoires volées aux législatives à Loukoléla et à Mossaka. Mes adversaires sont là, on peut en parler», soutient-il.
Dans son projet de société, l’éducation occupe une place de choix. L’école doit donner la chance à chaque enfant et résoudre la question des jeunes filles qui accèdent difficilement aux études supérieures, par manque de soutien financier. La jeune fille termine souvent dans les «bras d’un homme». Pour y remédier, il propose une bourse d’excellence pour les filles, afin de leur donner la chance d’aller loin dans leurs études.
Uphrem Dave Mafoula a exhorté les jeunes à connaître leurs droits, pour ne pas être malmenés, assujettis et instrumentalisés par les acteurs politiques. Selon lui, l’opposition congolaise ne peut plus jouer son rôle. Elle n’est plus «un contre-pouvoir. Elle ne marche pas, parce que la majorité des hommes politiques ont du mal à s’imposer face à leurs amis. Ils étaient ensemble hier. L’ami est aussi généreux», a-t-il dit.
Uphrem Dave Mafoula a rassuré la jeunesse qu’«en politique, on ne travaille pas contre son pays. Le pays aurait gagné, si on avait laissé ceux qui avaient gagné. J’ai battu Mokémo, j’ai battu Otoka. Il y a un travail de sociologie politique à réaliser dans notre pays», a-t-il souligné.
Parlant de l’affaire Figa, il regrette que la ministre Jacqueline Lydia Mikolo, dont le nom est cité dans cette affaire, continue de siéger au gouvernement, alors qu’elle aurait mieux fait d’aller d’abord prouver son innocence devant la justice. Dans les pays sérieux, elle ne serait plus là, ne fut-ce que par respect de la moralité publique. «Si j’étais le Président de la République ou le Premier ministre, j’aurais mis fin à ses fonctions», a déclaré l’opposant.

Ch. FOUCK ZONZEKA

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