Commentaire
L’U.d.h-yuki de nouveau dans la tempête de la division
Depuis la disparition de son président-fondateur, Guy-Brice Parfait Kolélas, en mars 2021, l’U.d.h-yuki (Union des démocrates humanistes), parti situé à l’opposition, est agité par des contradictions internes entre dirigeants, en plus des influenceurs externes qui veulent avoir le contrôle de ce parti, pour leurs intérêts politiques. Ce parti n’a dû sa survie que grâce à une facilitation qui a réussi à maintenir son unité, mais sans parvenir, jusque-là à régler la question de la succession à la tête du parti. Aujourd’hui, l’U.d.h-Yuki est plus que jamais divisée entre une frange, dorénavant dirigée par le député Joseph Badiabio, à la suite de la reprise contestée du congrès, et une frange réunissant les deux tiers des membres du Bureau politique, qui a à sa tête Fernand Gilles Bassindikila, qui vient de promettre de tenir un congrès consensuel courant premier trimestre 2024. Où se trouve la légitimité entre les deux franges?
Il aura fallu la mise en place d’une équipe de facilitation, pour que l’U.d.h-yuki aille unie aux élections législatives de juillet 2022, en sortir avec sept députés et envisager la tenue du congrès. Le parti aurait même pu prendre le poste de chef de l’opposition politique, s’il était stable, avec un leader comme à l’époque de son président fondateur. Malheureusement, la direction par intérim assurée par Pascal Ngouanou n’aura été qu’une parenthèse qui a mis les nerfs en boule à ceux qui n’étaient pas d’accord avec sa méthode totalitariste de diriger le parti. Malgré les conseils de l’équipe de facilitation, Pascal Ngouanou s’est imposé par tous les moyens, pour réaliser son projet de refiler la direction du parti à Joseph Badiabio, qui fut trésorier de ce parti et dont le manque de transparence dans la gestion financière lui a valu de nombreuses critiques de la part des militants.
Après la disparition de Guy-Brice Parfait Kolélas, la direction du parti devait échoir au deuxième vice-président, Fernand Gilles Bassindikila, étant entendu que le premier vice-président, Pascal Ngouanou, était sous le coup d’une suspension verbale prise à son encontre par le président-fondateur. Fernand Gilles Bassindikila aura la pudeur d’aller chercher l’aîné, Pascal Ngouanou, pour le prier à prendre la direction du parti. Mais, très vite, les contradictions vont naître entre les deux hommes, en raison des méthodes autoritaristes de gestion du parti par le premier vice-président.
L’U.d.h-yuki sera divisée en deux franges: le camp de Mpissa, avec à sa tête Pascal Ngouanou, et le camp de Diata, dirigé par Fernand Gilles Bassindikila. L’intervention du Ministère de l’intérieur les condamnant à s’entendre et la mise en place d’une facilitation permettront de sauver l’unité du parti. Après les législatives, restait le congrès, pour mettre en place les instances dirigeantes dont l’élection du président du parti. Encore des péripéties de division. Devant le manque d’entente au sein du Bureau politique, la facilitation sera obligée de mettre en place une commission paritaire, pour préparer les documents et assurer la trésorerie du congrès, pour que celui-ci s’ouvre enfin le 10 juillet 2023, après plusieurs reports.
Entre temps, va couver une nouvelle crise: les critères de candidature à la présidence du parti. La question des critères va surtout se poser sur la candidature de Juste Aurélien Ntoumi Kolélas, député élu dans la circonscription de Kinkala district, largement porté par la base du parti, pour succéder à son frère Guy-Brice Parfait Kolélas. Pascal Ngouanou va opposer une fin de non-recevoir à sa candidature, irritant ainsi la base du parti. C’est sur fond de cette crise que le congrès va s’ouvrir, pour être suspendu le lendemain, au moment de passer à l’élection du président du parti. Ne voyant pas la candidature de Juste Kolélas, les congressistes se révoltent et Pascal Ngouanou, qui dirigeait les travaux, suspend le congrès.
Or, Pascal Ngouanou travaillait à l’idée de céder la direction du parti à Joseph Badiabio, aidé en cela par ses amis politiques du P.c.t (Parti congolais du travail) qui ont malheureusement échoué à le faire élire sénateur. Découvrant cette manigance, les autres membres du Bureau politique, candidats à la présidence du parti, se retournent contre lui, en dénonçant ses méthodes individualistes de prise de décision. Finalement, ils réussissent à réunir les deux tiers du Bureau politique qui prennent la décision de le déchoir de ses fonctions de président par intérim.
Encouragé par ses amis du P.c.t qui lui ont assuré un soutien financier, Pascal Ngouanou s’est entêté à reprendre le congrès, mercredi 20 décembre, pour faire élire, dans des conditions chaotiques, le député Joseph Badiabio à la tête du parti. Le retraité disposait de sept millions pour tenir le congrès, d’après le montant révélé par Rfi. Le lendemain, les deux tiers du Bureau politique ont publié une déclaration pour condamner cette attitude et promettre la tenue d’un congrès consensuels courant premier trimestre 2024.
Où se trouve la légitimité entre les deux franges? Dès lors que les deux tiers des membres du Bureau politique se sont prononcés pour la déchéance du président par intérim, celui-ci n’a plus le pouvoir de convoquer le congrès. Mais, avec le soutien de ses amis du P.c.t, Pascal Ngouanou est passé outre la décision le frappant. A vrai dire, l’U.d.h-yuki est victime de ses propres dirigeants qui marchandent ce parti auprès des acteurs du pouvoir qui voient par là le bon moyen de contrôler la base radicale du Pool.
Jean-Clotaire DIATOU
Le congrès de Pascal Ngouanou