Lors du conseil des ministres du mercredi 1er février 2023, le gouvernement a adopté un train de mesures complémentaires de soutien aux populations. Dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre le banditisme, il a décidé de réhabiliter les centres de rééducation et de réinsertion d’Aubeville et de Bokania, afin de lutter contre la délinquance juvénile et de prendre en charge, dans les meilleurs délais, les groupes de jeunes déviants en conflit avec la loi. Plus que jamais, la mise en œuvre de ces décisions doit être urgente, car la criminalité armée des groupes dits bébés noirs continue de se manifester à Brazzaville comme à Pointe-Noire. Il y a deux semaines, un officier de police a été victime d’une attaque de bébés noirs et au regard de ses blessures, on peut dire qu’il a eu une sacrée chance d’avoir échappé à la mort.
Mieux vaut tard que jamais, peut-on dire des décisions du gouvernement d’ouvrir enfin, des centres de rééducation et de réinsertion sociale des jeunes qui se livrent au banditisme armé, à l’aide d’armes blanches, et dont le nombre de victimes ne cesse de croître, à la grande indignation des populations terrorisées dans les quartiers.
Les phénomènes kulunas, bébés noirs, boom à l’étranger, qui impliquent des enfants, adolescents et jeunes oisifs s’attaquant aux paisibles citoyens pour leur voler leurs biens, remontent à plusieurs années. Souvent, la Force publique, particulièrement la police, est demeurée le seul service public luttant contre ces phénomènes de banditisme armé, avec des moyens limités. Le manque de résultats probants a conduit l’opinion à soupçonner que la persistance de ces phénomènes provient de la complicité des responsables de la Force publique.
En réalité, ces phénomènes sont particulièrement dus à plusieurs facteurs dont certains sont liés à un urbanisme non maîtrisé, aux faiblesses du système éducatif national, au chômage qui frappe durement les jeunes, à la crise économique et à une société où les valeurs morales sont de plus en plus en perte de vitesse, en raison de la décadence de la cellule familiale.
Devant un tel tableau, dont les études existent dans les universités et autres établissements de recherche, il y a de quoi dire: mais par quoi commencer? On peut remarquer aisément que ces phénomènes de banditisme émergent facilement dans les bas quartiers dépourvus de structures urbanistiques, d’éclairage public, de voies de communication permettant la circulation automobile, de commissariats de police ou de poste de gendarmerie.
On ne le dira jamais assez, l’extension des villes par le seul effet de l’achat de parcelles de terrain par les populations, sans accompagnement des pouvoirs publics pour faire respecter les normes urbanistiques, ouvrir les voies de communication, retenir des espaces pour implanter les services publics (tribunaux d’instance, police, gendarmerie, écoles, marchés, jardins, aires de jeu, etc) crée des nids de banditisme qui affectent la sécurité des personnes et des biens. Ces quartiers populaires sont des bidonvilles voire de gros villages à côté et même à l’intérieur des villes. Des gangs de voyous s’y créent et font régner leur loi. Les services publics ne pouvant pas y intervenir régulièrement.
La lutte contre ces phénomènes passe par des actions en amont comme l’éclairage public des quartiers, l’implantation des services de sécurité, l’ouverture des voies de communication à la circulation automobile, etc. En aval, on retrouve les mesures prises par le gouvernement, relatives à l’ouverture des centres de rééducation, en passant par le renforcement des capacités des services publics (force publique, justice…). La relance économique et la lutte contre le chômage étant des politiques publiques permanentes.
Jean-Clotaire DIATOU