Il y a longtemps que nombre de Congolais s’étaient séparés du fameux masque anti-covid. Sauf dans des endroits officiels où l’on pouvait se faire remonter les bretelles, le port du masque n’était presque plus d’usage. La police avait cessé ses opérations de rafler les personnes sans masque, étant entendu les incidents parfois sanglants qui se produisaient. C’était une sorte de compromis national qui ne disait pas son nom, au grand dam de l’autorité du gouvernement qui donnait l’impression de prêcher dans le désert, en rappelant, à chacune de ses réunions sur le sujet, l’obligation du port du masque. Maintenant, le gouvernement a rendu ce compromis officiel, en déclarant, le 14 octobre 2022, la fin du caractère obligatoire du port du masque.
Le masque dont il s’agit dans la lutte contre la propagation de la covid-19 (la maladie à coronavirus découverte en Chine en décembre 2019), c’est un tissu couvrant le nez et la bouche, pour empêcher l’émission de postillons (gouttelettes de salive) et de secrétions nasales soupçonnés d’être chargés de virus à couronne (Sars-CoV-2) à l’origine de la maladie infectieuse qui est rapidement devenue, à partir de janvier 2020, une pandémie mondiale. Et donc, le port du masque anti-covid repose sur le principe de protéger les autres et non soi-même.
Port du masque, confinement, vaccination et contrôle sanitaire strict aux frontières internationales ont été parmi les mesures douloureuses au cœur de frictions entre gouvernants et gouvernés dans tous les pays confrontés à la montée de la pandémie de covid-19. Au Congo, le rejet du masque par les populations est parti de la ville de N’Kayi, le 30 septembre 2020, après le décès d’une demoiselle, Merveille Bazonzila, arrêtée par la gendarmerie pour non port de masque et décédée chez elle, une fois remise en liberté, probablement des suites de sévices subis pendant sa détention.
Conséquence, les jeunes de cette commune avait lancé un vaste mouvement de protestation contre le port du masque, en s’attaquant à toute personne portant un masque. Progressivement, au fil des mois, le phénomène a gagné tout doucement le reste du pays, au point où le port du masque est resté longtemps confiné dans les milieux officiels, surtout quand les services d’ordre public avaient cessé leurs opérations de surveillance du port du masque. Si le coronavirus devait sévir à ce moment-là, la pandémie de covid-19 aurait fait des ravages dans les milieux populaires, comme on l’avait vu entre mars et juin 2021 en Inde où des cadavres traînaient dans les rues.
Somme toute, les mesures drastiques pour lutter contre la pandémie de covid-19 ont été salutaires, mais leur coût a été parfois insupportable pour les populations. A l’issue de sa réunion du vendredi 14 octobre 2022, sous le haut-patronage du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, la Coordination nationale de gestion de la pandémie de covid-19 a décidé de lever définitivement l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire national, à partir du 18 octobre 2022. Le port du masque n’est plus obligatoire. Et pour cause, les chiffres confirment une tendance a? la baisse du taux de positivité? communautaire. En effet, depuis le 18 mars 2022, soit environ 20 semaines, seules deux hospitalisations pour covid-19 ont été? enregistrées dont un décès survenu le 25 mars 2022. Le nombre de patients pris en charge a? domicile est passe? de 160 cas le 10 juillet a? 105 le 18 juillet 2022, soit une baisse de 55 cas. Ce qui veut dire que depuis le mois d’avril 2022, le Congo n’a plus enregistré officiellement de cas de décès par covid-19. De quoi jeter les masques à la poubelle. Le gouvernement recommande tout de même une extrême vigilance.
Jean-Clotaire DIATOU
