La Banque mondiale a publié un rapport sur le suivi de la situation économique et financière de la République du Congo, qui révèle que 56% de la population souffre déjà d’une insécurité alimentaire sévère et que la pauvreté demeure élevée avec plus d’un Congolais sur deux vivant avec moins de 2,15 dollars par jour en 2022. Ces données mettent en lumière les indices d’une situation difficile que plus de la moitié de la population devra se préparer à affronter dans les prochains jours. Au regard de cette situation, huit associations se sont regroupées au sein d’une Coalition contre la vie chère au Congo, dont la sortie officielle a eu lieu vendredi 11 août 2023, dans la salle de conférences du poste salutiste du Plateaux des 15 ans dans la quatrième arrondissement, Moungali, à Brazzaville.
La création de la Coalition contre la vie chère au Congo est née à la suite d’une note de position publiée le 6 juillet 2023, par l’Observatoire congolais des droits des consommateurs, sur le mutisme du gouvernement sur les effets inflationnistes de l’augmentation de 30% du prix du super à la pompe. Sa sortie officielle a été marquée par la publication d’une déclaration lue par Mermans Babounga Ngondo et dont voici de larges extraits.
«Les populations congolaises particulièrement les plus vulnérables connaissent, depuis deux ans, une hausse des prix des denrées alimentaires. Cette situation est la résultante des impacts de la mauvaise gouvernance conjuguée avec le conflit russo-ukrainien et le relèvement des prix du carburant à la pompe découlant de la mise en œuvre de l’accord pour une F.e.c (Facilité élargie de crédit) conclu entre le gouvernement et le F.m.i».
«Pour y répondre, le gouvernement a adopté un plan de résilience en vue de stabiliser les prix des produits alimentaires. Cet objectif, oh combien noble, s’est traduit par la concession des allégements fiscalo-douaniers aux importateurs et aux minotiers d’une part mais aussi à la publication d’un arrêté sur le blocage des prix des produits de grande consommation, singulièrement les denrées alimentaires, d’autre part».
«Malgré toutes ces mesures, les effets attendus par les populations ne sont pas totalement visibles du fait du non-respect des mesures édictées. Les populations constatent et se plaignent constamment de la hausse des prix des denrées alimentaires. Si elles ont fait preuve d’adaptation et de résilience à cette situation, après le relèvement des prix du carburant de 5%. La Coalition contre la vie chère au Congo est très préoccupée par les effets domino de la hausse du prix du super passant de 595 francs à 775 francs Cfa si des mesures compensatoires concrètes ne sont pas prises dans les meilleurs délais. Ce dernier relèvement du prix du super à la pompe a permis au pays de bénéficier d’un décaissement immédiat de la part du F.m.i d’environ 34 millions de dollars».
«Devant le risque des effets inflationnistes que représente l’augmentation des prix du carburant à la pompe, conjuguée au faible leadership du gouvernement dans l’application des textes, des organisations de la société civile congolaise travaillant sur les problématiques de consommation, de transparence, de transport, des droits humains, de commercialisation, de production et d’économie informelle, ont décidé de lancer cette initiative».
La coalition demande au gouvernement, entre autres, d’accélérer les travaux de la commission chargée de réaliser l’étude sur l’impact de l’augmentation des prix à la pompe des produits pétroliers et de veiller sur la crédibilité de cette commission; limiter l’augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe au niveau actuel; lancer un programme d’urgence d’appui aux producteurs locaux.
Au F.m.i d’accompagner le gouvernement dans l’assistance technique, en vue de la renégociation des contrats de partage de production et la gestion des coûts pétroliers et s’assurer de la mise en place, par le gouvernement congolais, des outils et dispositifs fonctionnels et indépendants dans la lutte contre la corruption. Les effets de cette nouvelle augmentation devraient inspirer plus de solidarité de la République envers les populations exposées à ce nouveau choc. L’adhésion à la coalition pour d’autres associations reste ouverte.
Les huit associations regroupées au sein de la Coalition contre la vie chère au Congo, sont les suivantes: C.a.d (Centre d’actions pour le développement); O.2.c.d (Observatoire congolais des droits des consommateurs); Cacros (Cadre de concertation des réseaux des organisations de la société civile); R.e.d.y.c.c (Réseau des dynamiques collectives du Congo); R.e.n.a.i.j.e (Réseau national d’appui aux initiatives des jeunes); U.s.c (Union syndicale du Congo); C.u.d.h.o.c (Cercle uni pour les droits de l’homme et culture de paix); A.c.a.t section Congo (Action chrétienne pour l’abolition de la torture).
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA