Le phénomène de banditisme armé appelé «bébés noirs» ou koulouna, on en parle depuis la fin des années 2000 à Brazzaville et Pointe-Noire. La Force publique a parfois usé de méthodes fortes pour réprimer le phénomène de violence urbaine lié aux «bébés noirs» qui créent l’insécurité et la psychose dans les quartiers. En février dernier, le gouvernement a décidé d’ouvrir des centres de rééducation. Et pourtant, on ne parvient toujours pas à éradiquer ce phénomène. Excédées, les populations recourent, désormais, à la justice populaire contre les présumés bandits bébés noirs. Des scènes insupportables de personnes brûlées vives sont diffusées dans les réseaux sociaux, suscitant l’indignation de l’opinion, alors que les populations, elles, savourent la vengeance dans la joie. Le Congo est-il devenu un Etat de barbarie?

Les bandits bébés noirs sont impitoyables. Ils attaquent des paisibles citoyens à l’aide des machettes, faisant des victimes presque chaque semaine ou toutes les deux ou trois semaines. Il s’agit des groupes de jeunes, parfois des adolescents et même des enfants, drogués ou non, munis d’armes blanches, qui agressent les gens jusque dans leurs domiciles dans les quartiers populaires, ravissant ce qu’ils peuvent trouver: téléphones portables; sacs à mains; portefeuilles; objets précieux, etc. L’insécurité et la psychose règnent dans les quartiers où ils opèrent. Rien que dans une récente période, de 2002 à 2023, la police a présenté au parquet de Brazzaville, 927 présumés bébés noirs. C’est dire que la Force publique travaille, parfois aux risques de la vie de ses agents. On a vu un officier de police agressé à Talangaï par les bébés noirs, qui s’en était sorti miraculeusement avec de profondes blessures à la tête, aux bras et sur son corps.
Mais, après les procédures judiciaires, ces personnes finissent souvent par retrouver la liberté et replonger dans la criminalité. Les maisons carcérales, à Brazzaville et à Pointe-Noire, sont surpeuplées. On déplore même leur vétusté. C’est la police nationale qui reçoit tout le poids de cette situation, car les prévenus sont renvoyés dans les cellules de détention des commissariats de police, à Brazzaville, Pointe-Noire, Owando, Ouesso, Kellé, etc.
Voilà pourquoi le phénomène de violence urbaine persiste. Il prend aussi la forme d’affrontements entre gangs, «les américains», «les arabes», «les vampires», etc. Il a affecté les milieux scolaires où les élèves de différents établissements d’enseignement secondaire se livrent à des pugilats de groupes. Certains étant armés de machettes, de couteaux, de gourdins, de barres de fer, etc.
Face à ce phénomène de banditisme armé que les pouvoirs publics n’arrivent pas à éradiquer depuis plus d’une décennie, les populations se sont vues dans l’obligation de passer à la justice populaire. C’est ainsi que le 30 décembre 2022, les habitants du Quartier Moukoundzi-Ngouaka, dans le premier arrondissement Makélékélé, à Brazzaville, avaient brûlé vifs trois jeunes présumés koulouna ou bébés noirs, sur l’avenue en terre qui longe la direction de l’Eglise évangélique et le magasin Asia, partant de l’Avenue de l’O.u.a, vers le Marché Total. Dès lors, le terrible signal était donné.
Au cours de ce mois d’avril, on a enregistré les mêmes scènes. A Pointe-Noire, un voleur de grand chemin connu sous le surnom de Bob, un chef de gang bébés noirs qui terrorisait les citadins des quartiers Loandjili et Vindoulou, surpris par une patrouille de police, en pleine action de braquage d’une famille, vers 3h du matin, a été abattu, alors que ses trois complices, touchés par balles, se sont échappés.
A Djiri, il s’agit d’un bandit bébé noir qui aurait passé sept mois à la Maison d’arrêt, qui a été tué. Après sa libération, il a repris ses actes de criminalité, se présentant comme le nouveau chef de gang du quartier Massengo, après la mort du précédent qui avait été aussi massacré par la population. Attrapé par les habitants du quartier, il a été publiquement brûlé vif, avec un complice qui le conduisait à moto, pour commettre ses forfaits. Quatre autres présumés bébés noirs auraient subi le même sort, mais difficile pour nous de l’affirmer faute de preuves.
Lors du conseil des ministres du mercredi 1er février 2023, le gouvernement a adopté un train de mesures complémentaires de soutien aux populations. Dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre le banditisme, il avait décidé de réhabiliter les centres de rééducation et de réinsertion d’Aubeville et de Bokania, afin de prendre en charge, dans les meilleurs délais, disait-il, les groupes de jeunes déviants en conflit avec la loi. Ces mesures étaient considérées comme urgentes. Depuis, on n’entend plus parler de ces centres. On ne sait pas s’ils ont déjà accueilli leurs premiers pensionnaires.
Lasses d’attendre et laminées par les différentes crises qui fragilisent la vie sociale, les populations ont maintenant basculé dans la justice populaire, pour régler leur sort aux bandits. La police ne peut empêcher la furie des foules enragées. Certains considèrent que c’est la meilleure manière de dissuader les jeunes de tomber dans le banditisme armé. Mais, la responsabilité de l’Etat est tout de même engagée, car on ne peut non plus laisser la justice populaire dicter sa loi, le Congo étant partie prenante de la Déclaration universelle des droits de l’homme qu’il a intégrée dans sa Constitution. Au gouvernement d’agir pour ne pas laisser le pays dégringoler vers un Etat de barbarie, car dans les quartiers, le sort de présumés bébés noirs est désormais de terminer brûlés vifs sur la place publique.

Urbain NZABANI

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