Dans une conférence de presse tenue, lundi 11 mars 2024, au siège de son parti situé au Quartier Diata, dans le premier arrondissement Makélékélé, à Brazzaville, Melaine Destin Gavet Elengo, président du M.r (Mouvement républicain) (opposition), a dénoncé l’attitude du ministre Aimé Ange Wilfried Bininga qui, selon lui, aurait fait séquestrer, le mercredi 6 mars dernier, jour du vote du bureau du Conseil départemental de la Cuvette-Ouest, à Ewo, son conseiller, Frunovy Minorve Omesse Lekebe, l’empêchant de participer au vote où il était candidat au poste de président du conseil. Il a exigé que l’élection du conseiller Abouri Ndam, candidat du P.c.t (Parti congolais du travail), à la présidence du Conseil départemental de la Cuvette-Ouest, soit annulée et que le ministre Bininga, qui est du P.c.t, soit démis du gouvernement, pour avoir commandité «un acte anti-constitutionnel et anti-démocratique» et fait usage de «trafic d’influence et d’abus de pouvoir» contre le candidat du M.r.

Dans son propos liminaire, le président du M.r a expliqué que sa conférence de presse était pour «rendre public un certain nombre d’éléments concernant le déroulement de l’élection du nouveau président du bureau du Conseil départemental de la Cuvette-Ouest, qui a eu lieu le 6 mars 2024, à Ewo». En effet, son parti avait présenté un candidat au poste de président du Conseil départemental. Il s’agit du distingué conseiller Frunovy Minorve Omesse Lekebe. «Notre candidat avait donc bénéficié d’un accompagnement multiforme de la part du parti, entre autres la présence d’une délégation conduite par le compagnon Bonheur Ray Louis Destin Moumbélo, porte-parole adjoint du parti», a-t-il précisé.

Le Président du M.r (à dr.) avec son secrétaire général du parti

Malheureusement, le candidat du M.r n’a pas pu prendre part au vote, parce qu’il avait été séquestré dans une chambre d’hôtel, à Ewo, par un collaborateur du ministre Bininga, après avoir refusé la proposition de ce dernier qui lui demandait de retirer sa candidature, au profit du candidat du P.c.t. «Les faits reprochés au ministre Bininga se sont déroulés le mercredi 6 mars 2024, entre 12h et 15h. Le scrutin avait bel et bien eu lieu, mais sans la participation de notre candidat. La direction du parti était restée sans nouvelle ni de la part de notre candidat ni de notre délégation, jusqu’aux environs de 17h, heure à laquelle le secrétariat exécutif du Mouvement républicain venait d’avoir les premières nouvelles officielles de la part du représentant de la délégation du parti, le compagnon Bonheur Ray Louis Destin Moumbélo. A notre grande stupéfaction, le candidat du camp adverse avait remporté l’élection. Et c’est plus tard dans la soirée, aux environs de 22h, que le secrétariat exécutif du Mouvement républicain en a eu un compte-rendu de la part de notre candidat», a expliqué Melaine Destin Gavet Elengo.
Que s’était-il passé? Selon le président du M.r, le mercredi 6 mars, «aux alentours de 11h du matin, quelques heures avant la tenue du scrutin, notre candidat, le compagnon Frunovy Mirnove Omesse Lekebe, a reçu un appel téléphonique de la part du ministre de la justice, Monsieur Aimé Ange Wilfrid Bininga. Au cours de cet échange téléphonique, le ministre de la justice lui a parlé en langue maternelle, tout en lui demandant d’aller le rencontrer à la mairie d’Ewo. Chose que notre candidat a faite, sans en avoir préalablement informé la hiérarchie du Mouvement républicain et donc sans l’accord du parti. Car, quelques instants plus tard, notre candidat s’est rendu au lieu du rendez-vous où il s’est entretenu en tête-à-tête avec le ministre de la justice, dans le bureau du maire d’Ewo, pendant que, dans l’autre pièce, il y avait les députés et sénateurs du P.c.t. Durant leur premier entretien, le ministre de la justice s’est exclamé, en lui disant: «Petit, est-ce que tu as besoin de faire ça? Va dans la salle et retire ta candidature, en faveur de celle du candidat du P.c.t, et ne te présente pas lors de cette élection. Et notre candidat a rappelé au ministre de la justice qu’ils ont la majorité des conseillers, pourquoi aurait-il peur de sa candidature? Et ce dernier lui a répondu qu’il ne voudrait prendre aucun risque, car on ne sait jamais. De là, un collaborateur du ministre de la justice est venu l’appeler. En quittant, le ministre de la justice a précipitamment dit à notre candidat d’attendre le coup de fil d’un de ses collaborateurs, pour une autre rencontre, juste avant l’heure du vote, autour des bâtiments du Conseil départemental.
Notre candidat s’est de nouveau rendu au lieu de la rencontre, toujours à l’insu du parti et donc sans l’accord du M.r. Une fois arrivé sur les lieux, le collaborateur du ministre de la justice l’a appelé, en lui indiquant que la nouvelle rencontre devrait plutôt avoir lieu dans un hôtel situé à proximité. Une fois que notre candidat est arrivé dans la chambre d’hôtel, le collaborateur du ministre de la justice lui a tout d’abord saisi ses téléphones portables, tout en prévenant que c’est pour éviter tout contact avec ton parti et que tu n’enregistres la conversation. Puis, il lui a demandé combien avait-il dépensé pour sa campagne? Ensuite, il lui a de nouveau impérativement exigé d’aller dans la salle du vote, retirer sa candidature et faire allégeance, de facto, au P.c.t. Chose que notre candidat a catégoriquement refusée. Tout juste après le refus, par notre candidat, de la proposition faite par le collaborateur du ministre de la justice, celui-ci a dit à notre candidat: «Attends-moi, je m’en vais rendre compte au ministre, puis je reviens. En sortant de la chambre d’hôtel, le collaborateur du ministre de la justice a fermé la porte à clef, sans l’accord de notre candidat. Hélas, notre candidat, le compagnon Frunovy Mirnove Omesse Lekebe, est resté enfermé dans cette chambre d’hôtel, de midi à peu près jusqu’aux environs de 15h. Et soudain, réapparut le fameux collaborateur du ministre de la justice devant la porte de la chambre d’hôtel où le candidat du M.r est resté prisonnier».
Le président du M.r a tiré la conclusion suivante: «Au regard de tout ce qui précède; de ce que tout le monde ici présent pourrait qualifier d’acte de séquestration à l’endroit de notre candidat, le compagnon Frunovy Mirnove Omesse Lekebe, un acte anti-constitutionnel, un acte anti-démocratique, trafic d’influence et d’abus de pouvoir de la part du ministre de la justice»; «vu la gravité des faits précédemment mentionnés, le M.r demande l’annulation de l’élection du président du bureau du Conseil départemental de la Cuvette-Ouest. Le M.r portera plainte contre le ministre de la justice, pour avoir commandité une séquestration pour empêcher notre candidat d’être présent dans la salle, au moment du vote. Il saisira toutes les institutions de la République, pour préjudice physique et moral causé et il saisira la justice internationale pour une enquête indépendante», a promis Melaine Destin Gavet Elengo.
Répondant aux préoccupations des journalistes, le président du M.r a indiqué qu’il est convaincu de la véracité des faits de séquestration, racontés par son candidat et le délégué de son parti. «Pourquoi le ministre Bininga avait-il peur, étant donné que le P.c.t est majoritaire au conseil et que sa victoire serait assurée d’office?», s’est-il interrogé. Pour lui, «le ministre Bininga doit répondre de ses actes et le nouveau président élu doit démissionner».

Propos recueillis par
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA

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