Martin Mbéri inhumé
au Mausolée Marien Ngouabi
Décédé dans le jeudi 5 juin 2025, vers 1h30 du matin, au C.h.u de Brazzaville (Centre hospitalier universitaire), des suites d’une insuffisance respiratoire, à l’âge de 84 ans et demi, le ministre d’Etat Martin Mbéri, secrétaire permanent du C.c.d (Conseil consultatif du dialogue), a été inhumé mercredi 25 juin dernier au Mausolée Marien Ngouabi, au centre-ville de Brazzaville, après des obsèques comprenant une cérémonie d’hommage de la République au Palais des congrès et un culte au Temple du Centenaire de l’Eglise évangélique du Congo, en présence du Chef de l’Etat, Denis Sassou-Nguesso, son épouse, Mme Antoinette, et des autorités nationales.
Le Président de la République a réservé à celui qu’il considère comme son ami des obsèques dignes de leur longue et fidèle amitié, comme il l’a lui-même souligné dans le livre des condoléances, lors de l’hommage de la République, à l’ancien député et ancien ministre d’Etat: «Martin Mbéri, un frère, un ami fidèle pendant 65 ans. Il nous quitte au mois de juin, dédié à l’époque comme aujourd’hui, aux examens. En cette période, les élèves de Ngouédi rejoignaient ceux de Mbounda, pour passer les épreuves. Et c’est à cette occasion que nous nous sommes rencontrés, sur les tables-bancs où nous étions installés et avons pu lier amitié. Depuis, nous sommes restés amis jusqu’à sa disparition. Les vraies amitiés sont celles qui résistent à l’épreuve du temps et aux vicissitudes de la vie, notamment la vie politique».

Dans l’oraison funèbre qu’il a prononcée, l’ancien ministre de la défense, Charles Zacharie Bowao, aujourd’hui installé dans les rangs de l’opposition, a révélé ce qui était jusque-là, le mystérieux passage de Martin Mbéri du pouvoir de Lissouba, au pouvoir Sassou, à l’issue de la guerre de juin-octobre 97, et pour lequel il était considéré comme un traitre par ses camarades du parti qui venait de perdre le pouvoir, l’U.pa.d.s. «Dès juin 1960, naît une complicité naturelle entre les deux frères, entre les deux amis, Denis et Martin, et que le temps a su préserver au-delà des aléas de la vie. Au moment du déclenchement de la guerre fratricide du 5 juin 1997, Martin Mbéri est en séjour médical en France. Rentré au pays en pleine guerre, il se retire à Pointe-Noire. Ancien ministre de la défense nationale et pour avoir eu à discuter longtemps avec lui, je partage avec vous, la conviction que cette drôle de guerre aurait pu être évitée, si votre frère (Martin) était sur place», a dit l’ancien ministre Bowao.

Voilà pourquoi revenu aux affaires, en octobre 1997, le Président Denis Sassou-Nguesso embarque Martin Mbéri dans son gouvernement comme ministre de la construction, de l’urbanisme et de l’habitat. En 2001, contre toute attente, ce dernier démissionne de son poste, pour se consacrer à son parti, l’U.pa.d.s, alors en proie à des dissensions internes, justifie-t-il dans sa lettre de démission.
Le Président Denis Sassou-Nguesso a obtenu de la famille et des sages de la Bouenza, d’inhumer provisoirement son ami au Mausolée Marien Ngouabi, étant entendu que dans son village natal du District de Mouyondzi où ils ont souhaité l’enterrer, les conditions ne sont pas encore réunies pour le faire. Voilà pourquoi en sa qualité de co-fondateur du P.c.t (Parti congolais du travail) avec le Président Marien Ngouabi, il a été enterré au mausolée, même s’il avait quitté le P.c.t en 1991, pour être auprès du Président Pascal Lissouba à la création de l’U.pa.d.s, parti qu’il a aussi quitté au milieu des années 2000.

Il est vrai que les deux hommes d’Etat étaient des amis, mais en politique, ils avaient aussi leurs contradictions, auxquelles évidemment leur amitié a résisté, si l’on seen tient au témoignage du numéro un congolais. C’est ainsi que malgré sa nomination comme secrétaire permanent du Conseil consultatif du dialogue, Martin Mbéri ne réussira pas à piloter le processus du dialogue national, car son ami, Denis Sassou-Nguesso, se méfiait de la formule de dialogue qu’il voulait organiser et qui donnait trop l’impression de s’inspirer de la Conférence nationale souveraine. A la place, le Chef de l’Etat préfère les concertations nationales, telles qu’organisées par le Ministère de l’intérieur.
Urbain NZABANI
Reportage
Culte funéraire au Temple du Centenaire
Témoignage de Raoul Ludovic Loubélo
Hommage au doyen, le ministre d’Etat Martin Mbéri
J’ai été pris de court et ne pouvant pas effectuer le voyage à Brazzaville pour lui rendre hommage, je prends ma plume électronique pour m’exprimer, sous forme de lettre à l’illustre disparu.

Doyen!
Tu as quitté ce monde un jeudi 5 juin 2025. D’aucuns ont vu en cette date une forme de Karma, en faisant allusion à la date du 5 juin 1997. Mais, moi, qui ai pu travailler avec vous depuis votre nomination comme secrétaire permanent du Conseil national du dialogue, que tu aies quitté ce monde en cette date est un message que tu nous laisse, car on dit souvent que l’histoire se repère, mais il faut lire les évènements du passé dans le désordre du présent.
Au moment où certains font la promotion des candidatures fantaisistes, lui, il était pour le dialogue national avant le scrutin présidentiel prévu en mars prochain. Il voulait le dialogue national au préalable, pour consolider la paix, afin de faire entrer la Nation congolaise dans le train de la réconciliation profonde et totale, conformément au vœu du regretté Mgr Ernest Kombo, évêque d’Owando et surtout, président de la Conférence nationale souveraine de 1991 et président du parlement de transition, le Conseil supérieur de la République. D’où ma présence à tes côtés.
Pour reprendre ce qui a été inscrit sur le programme de tes obsèques: «Cependant, je dis la vérité: il est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai» (Jean 16:7).
Comme «Lufwa yimbuka kwa zingu», que l’Esprit que tu nous enverras parle au Chef de l’Etat, afin qu’il convoque le Dialogue national de la réconciliation autour de lui, avant le scrutin présidentiel de 2026.
Que ton âme repose en paix!
Que ton sacrifice ne soit pas vain pour le Congo!
Que Dieu bénisse le Congo!
Et que vive la République!
Fraternellement!
Raoul Ludovic LOUBELO
(France)









