Un document de 16 pages signé par Mathias Dzon, président de A.r.d (Alliance pour la république et la démocratie), une plateforme de l’opposition, dresse un bilan négatif de la gestion du pays, caractérisée, selon lui, par plusieurs crises: crise morale; crise économique et financière; crise sociale; crise sécuritaire; crise électorale et crise démocratique. Le Congo peut-il sortir de cet abîme? «Assurément oui, à condition de détruire le ver qui est dans le fruit Congo, c’est-à-dire réformer en profondeur la gouvernance actuelle et favoriser les interactions entre l’Etat, la classe politique, la société civile, la participation de tous, la recherche du consensus et la construction des conditions permissives d’un vrai-ensemble». Bref, pour Mathias Dzon et ses alliés, «la tenue d’un vrai dialogue politique national inclusif est et demeure la seule et unique bonne solution pour sortir le Congo de la crise multidimensionnelle».
Le Congo-Brazzaville traverse une très forte zone de turbulences. Le pays est plombé par une crise gravissime et sans précédent dans son histoire récente. La situation d’ensemble est marquée entre autres par: l’effondrement de l’économie; l’inflation galopante; l’explosion de la morbidité et de la mortalité sur l’ensemble du territoire national; une recrudescence inquiétante des comportements individuels et collectifs déviants; l’enrichissement illicite et scandaleux des tenants du pouvoir; l’extrême pauvreté des populations; l’appropriation clanique des postes de responsabilité au sommet de l’Etat; la cooptation complaisante de la médiocrité aux postes de responsabilité; les velléités de succession dynastique; l’irruption dans le champ politique congolais, du phénomène de courtisanerie; l’explosion des violences urbaines, des violences en milieu scolaire et des violences faites aux femmes. Tous les secteurs de la vie nationale sont en panne», écrit Mathias Dzon dans son mémorandum.
«Le pays n’est plus gouverné. Le gouvernement passe le plus clair de son temps, tantôt à festoyer, tantôt à tenir de nombreuses réunions inutiles, tantôt à se réfugier dans le mensonge et l’auto-valorisation, tantôt à simuler, à ruser avec l’opinion nationale et internationale. Bref, à bluffer, pour que la confusion s’installe», poursuit-il.
L’analyse de l’A.r.d démontre que «le Congo est en danger de mort». Le pays traverse une crise morale, économique, financière, sociale, démocratique, culturelle, électorale et sécuritaire gravissime. Cette crise a pour causes profondes, entre autres: «l’absence d’une volonté politique des décideurs de sortir le Congo du gouffre dans lequel l’a plongé l’Etat-P.c.t et de le mettre sur la voie du développement; le manque du sens de l’abnégation et de l’intérêt général chez les tenants du pouvoir; la mal-gouvernance des affaires publiques par l’Etat-P.c.t; le manque du sens des valeurs et le goût immodéré à la fête et à la facilité qui gangrènent toute la société congolaise».
Comme de coutume, le leader de l’opposition A.r.d termine son mémorandum en appelant à l’organisation d’un dialogue associant toutes les sensibilités politiques nationales et la société civile.
«Cela passe obligatoirement par la tenue d’un véritable dialogue politique national, rassemblant sans exclusive, les Congolais de toutes les sensibilités politiques et de toutes appartenances idéologiques, religieuses et ethno-régionales. Pour être efficace et porteur, ce dialogue doit déboucher sur l’ouverture d’une période de transition de six à douze mois, la formation d’un gouvernement de transition et la mise en place d’un Conseil national de transition».
Cette fois-ci sera-t-il entendu par le pouvoir, parce qu’il est à sa énième demande de dialogue, depuis la fin de l’élection présidentielle de mars 2021, où il avait obtenu, 1,90%. Mathias Dzon lance un appel «au peuple congolais à assurer et à assumer son rôle historique, en se mobilisant massivement, pour contraindre la classe politique et le Président de la République, à s’asseoir, dans le dessein de rechercher ensemble, des solutions idoines et consensuelles, en vue de sortir le pays du gouffre dans lequel il a été enfoncé par l’Etat-P.c.t».
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA