Musique
Un des ténors de la rumba congolaise,
Michel Boyibanda, a tiré sa révérence
A 84 ans révolus, Michel Boyibanda, alias Michaux ou Vieux Bobo, l’un des apôtres de la rumba congolaise moderne, a tiré sa révérence, mercredi 9 octobre 2024, après de longues années de pénible maladie. Il s’était retiré de la scène musicale depuis longtemps. Les jeunes générations congolaises des années 2000, avec leur mopacho (danse congolaise), ne le connaissent pas. Mais, si le Congo est la terre d’où est sortie la rumba moderne, il devrait réserver des obsèques méritées à cette icône de la musique des deux rives du Fleuve Congo. Dans sa jeunesse, Michel Boyibanda fut l’un des artistes talentueux, qui a marqué la rumba congolaise des deux rives, pendant trois décennies (les années 60, 70 et 80).
Né le 22 février 1940, au village Makongo, dans le District de Pikounda (Département de la Sangha), vieux Bobo est l’un des artistes précurseurs de la rumba moderne, à la fin des années 50. Il est l’un des trois fondateurs, en novembre 1958, à Léopoldville (Kinshasa), de l’Orchestre Negro band (la bande des nègres), avec Baguino Moukouna (RD Congo) et Franklin Boukaka (un natif de Bacongo, à Brazzaville). L’un de ses tubes, «Masuwa enani» avait connu un grand succès à l’époque. Les 70-80 ans peuvent le réécouter sur YouTube et s’en souviendront.
En 1964, Michel Boyibanda va intégrer l’Orchestre Ok Jazz de Loambo Franco, qui finira par ravir la vedette à Negro band sur les deux rives. Trois ans après, il quitte Franco, le temps d’une virée à Brazzaville dans les Bantou de la capitale, pour le retrouver en 1972. Il est parmi les grands chanteurs auteurs-compositeurs de l’Ok Jazz, danseur expérimenté à l’image du roi de la «soul music», l’Afro-américain James Brown, à qui il semblait emprunter quelques traits de scène. Il faut dire que la décennie 70 était marquée sur le continent africain par l’influence scénique du célèbre James Brown, à l’exemple du Trio Madjesi (Mario, Djeskain et Sinatra dit Saak Saakul) à Kinshasa.
En 1977, les sociétaires congolais (Congo-Brazzaville) de l’Ok Jazz et du Trio Madjesi décident de rejoindre leur pays d’origine, sur la rive droite du Fleuve Congo. C’est ainsi que Youlou Mabiala, Loko Massengo (Djeskain) et Michel Boyibanda créent, cette année-là, l’Orchestre les Trois Frères, qui a rencontré un grand succès dans les années 80. L’un des tubes à succès de Michel Boyibanda est «Ma fille, viens voir».
Ayant pris de l’âge, le Vieux Bobo verra son étoile musicale commencer à baisser, dans les années 90, ne vivant plus que de ses succès passés. Il va poursuivre sa carrière dans les orchestres Rumbayas et plus tard, Ebuka système. En juin 2015, il est terrassé par un A.v.c (Accident vasculaire cérébral) aux conséquences pénibles sur son physique. Il était devenu difficile pour lui de subvenir aux besoins de sa famille et, en 2020, il avait fini par lancer un appel en assistance. Grâce au Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, la S.n.p.c (Société nationale des pétroles du Congo) a volé à son secours, non seulement en l’aidant à affronter la maladie, mais aussi en réhabilitant sa demeure. Michel Boyibanda s’en est allé rejoindre son ami Franklin Boukaka. Mais, les artistes ne meurent jamais, puisqu’ils continuent de raviver nos meilleurs souvenirs, à travers leurs chansons. Ciao Vieux Bobo et merci pour ton talent musical!
Jean-Clotaire DIATOU
(La veillée mortuaire de Michel Boyibanda se tient à son domicile, au numéro 62 de la Rue Loubomo, à Talangaï, derrière l’Hôpital de référence, vers le bar «Le Paternel»).