Hugues Ngouélondélé, ministre de la jeunesse et des sports, de l’éducation civique, de la formation qualifiante et de l’emploi, a pris la décision, par note circulaire n°0802 du 29 mars 2023, de supprimer la «prime de présence» ou «prime de participation» que les joueurs sélectionnés au sein des Diables-Rouges, l’équipe nationale, touchaient, «sans aucun motif légitime», précise la note ministérielle.
Le ministre Hugues Ngouélondélé a été amené à constater «qu’à l’occasion de ces compétitions, les joueurs convoqués perçoivent une prime de présence ou une prime de participation, sans aucun motif légitime». Selon lui, «être convoqué, pour rejoindre les rangs de l’équipe nationale, jouer dans les compétitions continentales et internationales est un honneur et appelle les nominés à faire montre de patriotisme et de civisme, pour servir la Nation, sans donner droit, en retour, à aucune prime». Car, «le statut des joueurs des équipes nationales de football ne saurait être monnayé».
«En conséquence, désormais, seules les primes liées aux performances sportives (primes de match gagné, primes de match nul, primes de qualification) seront payées par les services financiers du ministère, en présence des représentants de la fédération».
Dans une interview accordée à la presse nationale, le lendemain de la publication de sa note circulaire, le ministre Hugues Ngouélondélé a donné les raisons qui l’ont conduit à prendre cette décision:
«Après quelques années d’observation, parce que, quand nous sommes arrivés à la tête du département dont j’ai la charge aujourd’hui, cette prime existait déjà. Elle existait déjà, d’ailleurs sans note, sans document. Je crois qu’elle a été installée comme ça. C’est avec le temps et par habitude, que la prime s’est installée. Nous avons quand même pris le temps d’observer durant plusieurs années. Cela fait quand même aujourd’hui cinq ans que nous sommes à la charge de ce département. Après moult réflexions, j’ai pensé que cette prime n’avait plus lieu d’être. Pourquoi? Celui qui vous parle est, en même temps, ministre de l’éducation civique. Je ne peux pas comprendre qu’après plusieurs années, un jeune footballeur, bien que venant de France ou d’ailleurs, et même ceux qui sont localement ici, pour jouer, défendre la patrie, il faut être payé. Et même lorsque vous n’avez pas joué, il suffit d’être présent, on doit vous donner, avant de mettre les bottines, 2 millions de francs Cfa, ou pour ceux qui sont de la diaspora, 3 mille euros. Le temps a démontré que cette prime ne se justifiait plus.
Je vais vous prendre un exemple simple: lorsque le coach sélectionne les joueurs, le ministre que je suis, je n’ai pas à m’ingérer de ça, parce que c’est la partie technique. Le dernier match qu’ils sont allés jouer, en Tanzanie, à Dar-Es-Salam, il y en a 22 (joueurs) qui sont arrivés de France ou d’Europe. Mais, ces 22 n’ont pas joué. Si vous demandez à l’équipe technique des Diables-Rouges A, ils vous donneront exactement le chiffre de ceux qui sont montés sur le terrain pour jouer. Donc, les autres sont restés là, sur le banc de touche ou sur les gradins, sans jouer. Mais, ils ont fait un voyage aux frais de l’Etat congolais; ils sont arrivés; ils n’ont pas joué et même s’ils n’ont pas gagné, ils repartent avec de l’argent. Alors, est-ce que ça ce n’est pas une façon d’encourager le moindre effort? Parce que quand vous quittez la France ou ailleurs, même ceux qui sont ici, l’idée dans la tête, c’est que, même si on ne gagne pas, on nous paye.
Alors, j’ai supprimé cette prime de 2 millions de francs Cfa qui, en réalité, sort des caisses de l’Etat, pour rien. Quand vous prenez la référence du football, qui est en perte de vitesse dans notre pays, cela ne se justifie pas. Il s’agit de payer la prime de victoire. Lorsqu’on a gagné, ils méritent la prime. Lorsqu’on a fait match nul, ils méritent la prime. Et lorsqu’ils sont qualifiés, ils touchent la prime de qualification. Mais, le reste, on n’en parle plus, jusqu’à nouvel ordre.
Et il y a une prime aussi, cela reste à la discrétion du Chef de l’Etat. Lorsque le Président est content que les Diables-Rouges ont bien joué, ont gagné, ont levé le drapeau du pays vers le haut, à ce moment-là, il peut dire: Monsieur le ministre; Monsieur le Premier ministre, voilà ce que j’ai trouvé pour ces enfants, allez les satisfaire».
Propos retranscrits par Luze Ernest BAKALA