Sous le patronage du Premier ministre chef du gouvernement, Anatole Collinet Makosso, il s’est tenu à Pointe-Noire, une rencontre entre une délégation gouvernementale, les opérateurs économiques (industriels, importateurs, chefs d’entreprise, commerçants), et les auxiliaires de transport (transitaires, acconiers) en présence des autorités locales et des représentants de l’administration publique (douane, impôt). Histoire d’amorcer le dialogue avec les autorités nationales, à la suite de la publication du plafonnement des prix, par le Ministère du commerce, des approvisionnements et de la consommation. A cette rencontre où le Premier ministre a manifesté sa volonté de contenir la menace de la crise alimentaire depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le ministre d’Etat Alphonse Claude N’Silou a fait une intervention au cours de laquelle il a expliqué le fondement de la politique de stabilisation des prix, avant d’exprimer son ouverture à la discussion, tout en se montrant exigeant sur le respect des textes réglementaires. Voici l’intégralité de son intervention.
«J’appartiens à votre monde et je vous comprends, je viens du secteur privé. C’est pour dire que je vous comprends. Je vais aller dans le sens de ce qu’a dit le Premier ministre, qui a donné un tableau assez exhaustif de la situation. Je vais aller un peu plus dans les détails, parce que je gère le quotidien de vos problèmes, les problèmes des populations.
En cette période de crise mondiale, chaque matin, et c’est ma mission, ma préoccupation principale, ma préoccupation première est de faire en sorte que les pères et les mères de familles puissent nourrir leurs enfants, tous les jours, avec les faibles ressources dont ils disposent. Voilà ma préoccupation principale. D’où le plan de résilience; d’où la batterie de mesures qui mettent les ressources de l’Etat à la disposition des importateurs et aussi des opérateurs économiques. Toutes ces mesures en faveur des opérateurs économiques, pour permettre la finalité qui est de donner au Congolais d’accéder à la nourriture à faible coût. Il faut que nous ayons ça à l’esprit.
Mais, qu’avons-nous constaté? Quand on a mis à la disposition des opérateurs économiques toutes ces ressources, que malgré ces mesures, les prix montaient chaque jour. Les populations étaient victimes des spéculateurs. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle, nous avons décidé une chose: plafonner les prix, geler les prix… Voilà ce qui s’est passé.
Bon, je comprends un peu ce que les uns et les autres disent, il y a beaucoup de choses à dire. Mais, j’ai noté une chose qui, Monsieur le Premier ministre, est très constructive, d’abord par Monsieur le président de l’Unicongo qui parle de discussions, de se retrouver autour d’une task-force, de façon à faire avancer les choses. Oui, c’est une bonne chose, le fait de s’assoir, de discuter. Nous sommes ouverts à la discussion. Mais, il faut des propositions constructives, qui protègent les populations. Tout peut être trouvé, toutes les solutions, on peut les trouver.
Monsieur le Premier ministre, il faut rassurer que, assez rapidement, je vais m’entretenir avec eux, de façon à ce qu’ensemble on travaille, pour qu’on vous apporte les fameuses propositions qui feront que les choses évoluent. Mais, toujours en préservant les intérêts des familles congolaises. Il faut toujours protéger les familles congolaises, tout en faisant en sorte que vous ne puissiez pas trop perdre. Je parle de trop perdre, parce que je reviens à ce qu’a dit le Premier ministre, tout à l’heure, qui parlait des efforts mutuels à faire. Il s’agit d’une situation particulière, l’Etat fait des efforts pour vous, vous avez gagné de l’argent dans ce pays. Ce pays a besoin de vous, aujourd’hui, en situation particulière. Faites également des efforts.
Je reviens, entre temps, dans ce débat. Mais, il y a un petit détail à donner. Vous savez, je disais tantôt que je venais de votre monde, je suis de votre monde. Prenez deux sociétés: A et B. La B, c’est celle qui est ici; la A, c’est celle qui est à Kuala Lumpur qui vous vend de la marchandise. Nous savons, vous et moi, que souvent le bénéfice, c’est beaucoup plus au niveau de la société qui est à Kuala Lumpur, qu’ici, il n’y a rien. Donc, Monsieur le président de l’Unicongo, quand nous allons avoir ce débat, il faut bien qu’on ait ça à l’esprit également, quand vous allez nous sortir la facture fournisseur, il faut aussi qu’on comprenne que le fournisseur peut être une société qui vous appartient.
Donc, Monsieur X qui est opérateur peut être propriétaire de la société A et B. En faisant ressortir les bénéfices au niveau de Kuala Lumpur, ici on fait comprendre qu’on fait des pertes. C’est pour répondre à celui qui disait tout à l’heure, voilà, nous perdons toujours. Vous voyez, il y a beaucoup de détails, de nuances. Mais, c’est sûr qu’on s’asseyera pour regarder les solutions constructives qui iront dans le sens des intérêts des opérateurs économiques et dans le sens des intérêts des populations.
Je voudrais également dire une chose, Monsieur le Premier ministre. Je ne comprends pas, c’est intolérable. Il y a des gens qui travaillent dans notre pays et des gens qui œuvrent, qui gagnent de l’argent dans notre pays, mais qui ne respectent pas les textes que nous prenons. Ça, c’est inacceptable. Inacceptable! Ça, c’est de mon point de vue. Je parle ici des transitaires; je parle ici des douaniers, quoique certains d’entre eux se font respecter; je parle ici de Congo Terminal. C’est inacceptable!
Nous sommes dans un pays qui a des textes. S’ils veulent travailler dans ce pays, ils doivent respecter ces textes. S’ils veulent discuter, qu’ils viennent discuter. Mais, certains disent que nous ne respectons pas ça, non, c’est inacceptable. Voilà ce que je voulais dire.
Monsieur le président de l’Unicongo, oui nous sommes à votre disposition. Nos portes vous sont ouvertes, venez nous voir, on va discuter, on va vous écouter, merci d’emblée de dire que nous vous avons bien accueillis, avec vos propositions constructives, mais en ayant toujours à l’esprit, la protection des populations. Je vous remercie Monsieur le Premier ministre».
Propos recueillis par
Urbain NZABANI