Dans une conférence de presse organisée, lundi 5 août 2024, à son siège, à Brazzaville, le Ministère en charge des sports, par la voix de Séraphin Hervé Icka, conseiller administratif et juridique, assisté de Jean-Pierre Bindélé, directeur général des sports, et Gim Clore Samba-Samba, directeur des activités sportives, a éclairé la lanterne du public et des sportifs congolais sur la crise qui prévaut dans ses relations avec la Fécofoot (Fédération congolaise de football) et les faits qui mettent à mal le football congolais, entre autres: le non-respect de la charte de bonnes relations entre le Ministère en charge de sports et les fédérations; les faits qui ont précédé la motion de défiance des clubs de football de Ligue 1, notamment la corruption des arbitres; l’annulation de l’édition 2024 de la Coupe du Congo, etc.
Durant sa conférence de presse, le conseiller Séraphin Hervé Icka est revenu en long et en large sur les suspicions de corruption des arbitres en lien avec la rencontre opposant l’As Otohô à l’Ac Léopards de Dolisie, en championnat national. «A cet effet, le ministère a diligenté une mission d’audit, pour enquêter à ce sujet et s’est constitué partie civile dans une information judiciaire, afin de faire la lumière sur cette affaire. La procédure est encore pendante devant les juridictions compétentes. Quel commentaire pourrait-on faire sur cette affaire? L’article 12 de la charte de bonnes relations entre les Etats et les fédérations accorde à l’Etat le pouvoir d’assurer l’ordre public. Quand les suspicions de cette taille sont entendues, si le département ministériel n’agit pas, il devient complice. Il aurait fallu que nous nous constituions partie civile dans cette affaire… Nous avons appris la dissolution de la commission des arbitres. Mais, a-t-on vu les présumés corrupteurs être punis? Je ne pense pas», a-t-il déclaré.
Le conseiller Icka est revenu aussi longuement sur la motion de défiance des clubs de football de Ligue 1 à l’endroit de la Fécofoot et leur décision de suspendre leur participation aux compétitions organisées par la Fécofoot. Il a marqué son étonnement de voir que dans «le dernier communiqué sanctionnant les travaux de la session ordinaire du Comité exécutif de la Fécofoot, tenue le 21 juillet 2024, la Fécofoot affirme qu’il est manifeste que cette motion ne se fonde pas sur des faits spécifiquement imputables à la Fédération congolaise de football». Il a expliqué pourquoi, à la suite de cette affaire, le ministère a pris une note qui suspend provisoirement l’autorisation d’occuper les stades. C’est pour «éviter d’éventuels troubles à l’ordre public que pourraient entraîner les regroupements dans les infrastructures dédiées au football».
Constatant que la Fécofoot ne récuse pas le malaise ayant conduit les clubs à suspendre leur participation aux compétitions qu’elle organise, mais seulement la qualité des signataires de la pétition, et que la lutte contre la corruption ne constitue pas une préoccupation essentielle pour elle, le Ministère en charge des sports n’entend pas rester tout simplement observateur. Il a pris des dispositions pour préserver l’ordre public et espérer obtenir l’aboutissement de l’information judiciaire.
Le Ministère en charge des sports considère que la corruption et la défiance sont des signes internes d’un malaise qui gangrène le milieu du football. Ces maux entraînent des résultats truqués et une performance au rabais voire médiocre des clubs congolais, lors des compétitions nationales et internationales. Mais, le Ministère en charge des sports n’entend pas s’ingérer dans les affaires des fédérations. «Une réunion se tiendra avec la Fécofoot, afin de définir ensemble l’issue de sortie de cette crise. Mais, il sied de noter que l’interdiction de regroupement aux stades n’empêche pas le déroulement des entraînements, tant des clubs que de la sélection nationale», a dit le conseiller.
Jean-Pierre Bindélé a, quant à lui, expliqué le retard de l’homologation du Stade Alphonse Massamba-Débat. Ce retard était dû à l’incompréhension avec la Fécofoot, à la suite de la décision du ministère de fermer les stades. «Mais aujourd’hui, concernant la procédure, étant donné que le linge sale se lave toujours en famille, nous avons trouvé un compromis. Toutes les parties sont sorties responsables, soit du côté de la Fécofoot ou du côté du ministère. Ce qui a fait que, quelques jours avant, une délégation formée des membres de la Fécofoot et ceux du ministère a été mise en place, pour effectuer cette coopération. Aujourd’hui, nous avons les résultats et le Stade Alphonse Massamba-Débat a obtenu son homologation», a-t-il déclaré.
«Concernant les préparatifs des Diables-Rouges, ils s’effectuent à divers niveaux. Le niveau technique et administratif. Le niveau technique est celui qui concerne plus le sélectionneur et la Fécocfoot. Le sélectionneur doit mettre en place son plan de travail. C’est lui qui définit à quel moment il peut commencer les entraînements et chercher les joueurs là où il peut: soit au niveau local ou à l’étranger. Après, il revient à la Fécofoot, pour déposer la liste, pour que la fédération émette les invitations des joueurs. C’est cette liste qui revient au ministère, pour pouvoir préparer les titres de transport. C’est là où interviennent les procédures administratives et surtout financières», a-t-il fait savoir.
Quant à l’édition 2024 de la Coupe du Congo, lancée le 7 mai dernier, celle-ci a été simplement annulée en quarts de finale, à cause de ces histoires de corruption «Il faut d’abord curer le football congolais. Nous ne pouvons pas organiser une Coupe du Congo fondée sur la corruption», a-t-il déclaré. A la fin de cette conférence de presse, le conseiller juridique et administratif a promis la mise en place d’une commission des membres de la Fécofoot et du ministère pour aller convaincre les joueurs binationaux à rejoindre la sélection nationale, pour la prochaine compagne des éliminatoires de la Coupe du monde.
Luze Ernest BAKALA