Brazzaville dont les jardins, les parcs, les pelouses et les tapis de gazon lui donnaient une élégance toute moderne, ne l’est plus aujourd’hui. En tout cas, l’on est loin de Brazza-la-verte qu’André Davesne avait décrite comme ayant «partout des pelouses de «paspallum», ce tenace chiendent qui résiste à des mois de sécheresse; des pergolas qu’escaladaient des plantes grimpantes; des arbres magnifiques: palmiers aux élégants panaches, manguiers couverts de fruits qui pendillaient au bout de longs pédoncules, arbres de fer aux voûtes harmonieuses d’où tombaient de lourdes grappes violettes qui ressemblaient à la glycine, acacias de toutes espèces au feuillage dentelé délicat et mobile, et surtout flamboyants qui semaient la splendeur pourpre de leurs bouquets».
A en croire nos amis communs, Itoua, Mboungou, Tati et Yakamambu, Brazzaville et ses banlieues sont devenues non pas des souks, ces marchés couverts dans les pays arabes, mais des galeries marchandes, tous les deux mètres, du Lycée Savorgnan de Brazza au-delà de Nganga-Lingolo, ainsi que dans les rues et avenues dont certaines sont devenues des cimetières d’épaves de voitures. Et ce, au vu et au su des autorités municipales qui, de leur côté, se contentent de décorer les devantures de leurs mairies, d’épaves de véhicules jaunes dont des tracteurs et des camions pour l’assainissement des différents quartiers.
Comme dans les souks, tout est en désordre. L’on y trouve des étals avec de la friperie importée d’Europe ou de pays arabes, des fruits et légumes, des pièces détachées des voitures, des marmites avec des plats parfois non écoulés la veille, des ngandas de fortune et des gargotes où l’on mange à bas prix de la nourriture de qualité douteuse et l’on sirote de la bière à foison dès 8h du matin. En tout cas, tout le monde s’improvise en vendeur, pauvreté et misère obligent!
Brazzaville n’est plus «la ville où l’on apercevait jadis, l’adorable lumière, jeune et gaie, qui se jouait sur les pelouses d’un vert cru, entre les feuilles légères des mimosées et qui projetait sur le sol de mouvantes taches de soleil».
Itoua, Mboungou, Tati et Yakamambu se demandent, pensifs, si Brazzaville redeviendra, de nouveau, Brazza-la-verte, cité toujours claire, plus lumineuse, plus riche de pensée, symbole de la paix de tout le peuple congolais, une cité radieuse, propre et salubre; une cité sereine et fière d’afficher toujours la vieille devise de sa municipalité: «Ceux qui le touchent sont libres»? Comprenne qui pourra. Au revoir et à bientôt!

Diag-Lemba.

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