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mar 16 avril 2024 22:26:37
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Musique : La rumba, danse populaire, doit-elle devenir danse de salon huppé, après son succès à l’Unesco?

Pendant ma promenade, j’ai été frappé par une banderole affichée à l’Ecole de peinture de Poto-Poto, à Moungali, dont le contenu stipulait: «La célébration de l’an 1 de l’inscription de la rumba congolaise au patrimoine immatériel de l’Unesco». Au programme, une conférence-débat à l’Hôtel Radison Blu et une soirée dansante à l’Hôtel Olympic palace, à Brazzaville. Je suis resté stupéfait et consterné de constater cette migration de la rumba congolaise, comme style de vie et danse populaire, vers les milieux huppés de la bourgeoisie congolaise. Dans nos quartiers populaires, rien n’est prévu. Une rétrospective s’impose sur la genèse et l’évolution de la fameuse rumba congolaise.

Mfumu di Fmhua di Sassa.
Mfumu di Fmhua di Sassa.

Au commencement de la musique moderne, il y a la musique traditionnelle millénaire, forme d’expression culturelle endogène. Une donnée intangible de l’histoire. Au début du 20ème siècle, dans les réjouissances populaires, une danse, quelque peu formatée, venue de Loango, le maringa, est en vogue au Congo. Elle fit danser les Congolais des deux rives pendant des années. Mais, elle fut détrônée par la rumba, qui s’imposa avec les premiers disques réalisés par la maison d’édition Ngoma, après les tâtonnements de la décade des années 30.
De tous les arts, le chant est, sans doute, le plus populaire sur tout l’espace congolais, singulièrement. On chante dans la joie et dans le deuil. On chante la naissance, on chante la mort. Sur ce substratum, reposent, par exemple, les chorales dila sambila (pleurer et prier).
Dans l’ouvrage «La musique congolaise du 20ème siècle», on peut lire: «Le chant, sur les rives du Fleuve Congo, structure le quotidien. Il ponctue tous les événements de la vie, de la berceuse des mamans aux autres facettes de la musique traditionnelle. La rumba congolaise, comme dit plus haut, est le résultat de la nouvelle urbanité en gestation dans les villes de Léopoldville et de Brazzaville. Elle est donc essentiellement un phénomène urbain. La chanson congolaise est le miroir de la société par excellence. Elle est le reflet culturel d’une certaine société que l’on rencontre dans les agglomérations urbaines congolaises et principalement à Kinshasa et à Brazzaville. […] Outre ce rôle introspectif, la rumba congolaise joue un rôle social, en tant qu’elle catalyse les angoisses existentielles. «Sa philosophie», si on peut le dire comme ça, au-delà de son rôle «homéostatique» incontestable, semble donc graviter autour de toute une série d’événements de la vie courante, en relation directe ou indirecte avec la femme, événements constituant des sous-thèmes du thème principal qui est l’amour. Certains textes de la chanson congolaise moderne peuvent donner lieu à des études dans le domaine de la poésie et de la littérature orale. On peut y trouver plusieurs formes littéraires et des figures de styles riches et variées».
La rumba congolaise, par laquelle les deux Congo sont connus dans le monde entier, est, au départ, le résultat de l’urbanisation. Sur la rive gauche, elle se déploie irrésistiblement. Sur la rive droite, elle est née à la faveur de l’émergence de ce que Georges Balandier appelait «Les Brazzaville noires», lieux de brassage interethnique. On l’appelle musique urbaine.

Quel bilan?

Une année après l’inscription de la rumba au patrimoine immatériel de l’Unesco, quel bilan? Où est passé le comité scientifique, ouvrier de l’aboutissement du dossier? Où est passé la stratégie de la rumba congolaise 2020-2025 qui doit être appliqué après cette inscription? Quels sont les évènements qui ont été organisés pour commémorer cette victoire?
De mon humble observation, rien! Cette inscription semble être un «non-lieu» dans la mémoire collective. Pour assurer la sauvegarde, le développement et la mise en valeur, de manière durable, de la rumba congolaise, une redéfinition des politiques culturelles des deux Congo s’impose. La redéfinition des politiques culturelles suppose que les pays porteurs de l’élément mettent en place une politique sectorielle de soutien au secteur culturel en général et musical en particulier, tel que conclu dans cette stratégie, au lieu des commémorations ponctuelles discriminatoires à effet de poudre de perlimpinpin.

Brice NIAMALO
Mwan’A Mfumu

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