Musique
L’artiste musicien Pierre Moutouari
a tiré sa révérence, à Paris !
La triste nouvelle est tombée de manière subite, dans la soirée du jeudi 8 octobre 2025, à travers les réseaux sociaux: «L’artiste musicien Pierre Moutouari est décédé en France». A force de partage, le doute a cédé la place à la tourmente réalité. La triste nouvelle est bien vraie. L’auteur de la célèbre chanson «Missengue» vient de tirer sa révérence, à Paris. Il avait 75 ans révolus et est décédé de suite de maladie. Révélé au début des années 70, il aura égayé ses mélomanes à travers le pays, sur le continent et dans les diasporas, durant les années 80 et 90.
Pierre Moutouari commence sa carrière d’artiste en 1968. C’est son frère aîné, Kosmos Moutouari, également star de la musique congolaise, qui l’accueille dans l’Orchestre Bantou de la capitale où il ne met pas de temps, car ce groupe qui fit sa sortie officielle le 15 août 1959, à Poto-Poto, était dans la rumba non chauffée. C’était un guitariste qui deviendra vite chanteur. A l’aise dans le soukouss dont il sera l’un des précurseurs, Pierre Moutouari va rejoindre l’Orchestre Sinza Kotoko où il joue un rôle de premier plan, comme chanteur. Créé en 1964 sous le nom de Super tumba, Sinza Kotoko, le nom donné à partir de 1968, enchaîne des chansons à succès avec son nouveau chanteur, comme «Vévé nga na lingaka», «Ma Loukoula», «Mavoungou», etc. En 1973, le groupe congolais obtient la médaille d’or au Festival panafricain de la jeunesse à Tunis.

Mais, au sommet de sa gloire, Pierre Moutouari quitte Sinza Kotoko, appelé aussi Sinza Kotoko de Mfoa, et crée son groupe, «Les Sossa», qui ne décolle pas réellement et qui disparaît en 1975. Pierre Moutouari entame alors une carrière solo et s’installe en banlieue de Paris à partir de 1979. C’est la période où il collabore avec le Guadeloupéen Jacob Devarieux (1955-2021), co-fondateur du célèbre groupe Kassav. Il était aussi avec le guitariste Ignace Nkounkou, dit «Master mwana Congo», et côtoyait des artistes comme Tanawa, Sammy Massamba, etc. A partir de 1981, il produit des titres qui ont un grand succès comme «Missengué», «Julienne» et «Mahoungou».

En 1986, il retourne à Brazzaville et se met à encadrer les jeunes dans la musique, tout en faisant sa carrière. C’est ainsi qu’avec sa fille aînée, Michaëlle Moutouari, il sort l’album «Héritage», qui fait tabac jusqu’au-delà des frontières congolaises. Voilà qui le propulse à être couronné comme «meilleur chanteur-compositeur» en 1994, au Festival Ngwomo Africa de Kinshasa, en RD Congo.

La guerre de juin-octobre 1997 qui survient à Brazzaville est dévastatrice. Elle a brisé des carrières. Pierre Moutouari tente de se relancer, partageant son temps entre l’Afrique de l’Ouest où sa musique est prisée et la France, en livrant des concerts play-back. Il se consacre dans la production discographique et s’installe à Pointe-Noire où il tient un bar-dancing. Malgré quelques titres lancés, l’étoile ne brillera plus comme avant. Il vit plutôt de sa gloire passée. A partir de 2006, il repart en France et en raison des difficultés de santé, à la suite d’une attaque cardio-vasculaire, il met sa carrière d’artiste entre parenthèses.
Pierre Moutouari est une grande étoile de la musique congolaise, un apôtre de la rumba soukouss très adulée en Afrique de l’Ouest. Ce qui lui a permis d’obtenir deux disques d’or. A Dieu l’artiste!
Urbain NZABANI
Missengué
(Concert en play back à la Délégation permanente du Congo à l’Unesco)








