Célèbre pianiste de jazz, compositeur prolifique qui a inspiré les plus grandes figures de cette musique et chef d’orchestre américain, Ahmad Jamal, de son nom de naissance Frederick Russell Jones, est décédé le dimanche 16 avril 2023, en pleine campagne, dans sa grande maison d’Ashley Falls, dans le Massachusetts, aux Etats-Unis, à l’âge de 92 ans. Diabétique depuis l’âge de 55 ans, il a été emporté par le cancer de la prostate. En 78 ans de carrière musicale de pianiste, il a imposé son style et influencé le travail de célèbres musiciens comme le trompettiste Miles Davis et le pianiste McCoy Tyner.
Après le trompettiste Louis Armstrong, décédé le 6 juillet 1971, à New York, le Jazz compte parmi ses célèbres ambassadeurs, le pianiste Ahamad Jamal, et son trio composé, en plus de lui-même, d’un bassiste et d’un batteur. Le légendaire pianiste africain-américain considérait le Jazz comme la «musique classique américaine». «La musique classique européenne est représentée par Bach, Brahms, Ravel, Debussy, Beethoven, Chopin… La musique classique américaine l’est par Duke Ellington, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Sidney Bechet», disait-il.
Né Frederick Russell Jones, le 2 juillet 1930, il prend le nom d’Ahmad Jamal en 1952, après sa conversion à l’Islam, comme c’était la tendance à l’époque chez les Africains-Américains. C’est un virtuose du piano qui a commencé à toucher au clavier à partir de trois ans. A 14 ans, il était déjà inscrit au syndicat des musiciens, la Fédération américaine des musiciens. A 17 ans, il est déjà en tournée avec un orchestre. A 21 ans, il enregistre son premier disque, un 78 tours. A 23 ans, il est déjà parmi les célèbres musiciens de jazz qui jouent au Pershing club de Chicago. C’est le décollage d’une carrière qui ne manque pas de connaître des hauts et des bas. Une carrière précoce, mais qui accouchera d’un géant du jazz.
La première expérience du trio sans percussion dure jusqu’au début des années 60. Puis, il s’installe à New-York où il crée le trio piano-basse-batterie qui marque l’histoire du jazz et fera sa renommée au plan international, à commencer par l’Europe. Sa discographie est abondante. En 54 années d’activités discographiques (de 1951 à 2005), il a produit en moyenne deux albums par an. En 1994, il a diffusé 4 albums.
En 2007, il est fait chevalier de l’Ordre des arts et des lettres en France où le jazz fascine toujours un grand monde. Dix ans plus tard, en 2017, il recevait un Grammy award, dans son pays, les Etats-Unis, pour couronner l’ensemble de sa carrière. Créés en 1958, les Grammy awards sont des récompenses attribuées chaque année par l’Académie nationale américaine des arts et des sciences, pour honorer les meilleurs artistes et les meilleurs techniciens dans le domaine de la musique et de l’industrie du disque. Ahmad Jamal a vécu sa passion de la musique jusqu’au bout de l’âge et derrière lui, il laisse un grand nom et une légende. Il ne chantait pas, mais ses doigts sur un clavier de piano, c’était une merveille de mélodie. Adieu l’artiste!
Jean-Clotaire DIATOU