Il y a de cela bientôt 29 ans, le 15 décembre 1995, l’Orchestre Extra Musica, composé de jeunes congolais (Roga-Roga, Espe-Bass, Ramatoulaye Ngolali, Guy Noël, Alexandre Gbezo, Durel Louemba, Doudou Copa, Guy-Guy Fall, Herman Ngassaki, Oxygène, Quentin Moyascko, Kilia Mbongo), sortait son premier album, «Les nouveaux missiles». Un chef-d’œuvre qui a fait connaître le groupe sur la scène musicale des deux rives du Fleuve Congo, dominée à ce moment-là par des groupes de jeunes musiciens de la RD Congo, à savoir «Wenge Musica B.c.b.g» de JB Mpiana, «Wenge Musica Maison Mère» de Werason Ngiama Makanda et «Le Quartier latin» de Koffi Olomidé, etc.
Produit par Denide productions, la maison lancée par Abdallah Denis Nguesso alias Denide, sous le label «Declic communication», l’album «Les nouveaux missiles» a tout de suite rencontré un grand succès auprès des mélomanes et de la presse. La sortie officielle de l’album a eu lieu le 15 décembre 1995 à Paris, en France. C’était un grand pari et les jeunes musiciens ont réussi à le réaliser, en matérialisant leur ambition de devenir une référence dans la sphère musicale congolaise et internationale. D’un mélange de musique folk et soukous, cet album a marqué un tournant majeur dans la vie de l’Orchestre Extra-Musica, fondé deux ans plus tôt, le 27 août 1993. Jusqu’en avril 1996, il était déjà vendu à plus de 50 mille exemplaires. Parmi les chansons les plus représentatives, figure «Freddy Nelson» de Quentin Mouyascko.
Grâce à cet album, le jeune orchestre pouvait alors se frayer un grand chemin sur la scène musicale, alors qu’il était le dernier-né. Il reçoit le Prix «Révélation africaine de l’année» aux Prix Ngwomo Africa de Kinshasa, puis le Prix du «Meilleur grouape africain», lors des «African music awards» à Libreville (Gabon) en février 1997. Suivront d’autres albums, notamment «Confirmation» (1996), Ouragan (décembre 1997), à Paris, et surtout «Etat-major» (1998) qui va assurer une notoriété internationale au groupe brazzavillois.
A partir de l’année 2000, c’est la consécration avec le Prix du «Meilleur groupe d’Afrique», aux «Kora awards», face à Wenge Musica de Werasson. Le 28 février 2001, Extra Musica réalise une prouesse, la première d’un orchestre de Brazzaville, en se produisant à guichets fermés, au Zénith de Paris, avec comme invités, Papa Wemba, Werasson, Jacob Desvarieux et Fernand Mabala.
Les Congolais vont récidiver en 2010, en remportant le même prix des Kora, avec leur album «La main noire», sorti en 2007. Le travail du groupe était impeccable, car les arrangements des chansons étaient bien pensés, du son des instruments aux détails des voix.
Mais, dans le monde contraignant du show-biz, le succès fragilise souvent l’unité d’un groupe. L’Orchestre Extra Musica ne va pas échapper aux divisions. En 1998, Quentin Moyascko quitte le groupe avec quelques musiciens, pour aller créer «Extra Musica international». Roga-Roga et les autres continuent leur chemin et c’est au moment où ils sortent justement l’album à succès, «Etat-major», que le groupe est rebaptisé «Extra Musica Zangul». Suivra le cinquième album «Shalaï», en décembre 1999. En 2001, après le concert du Zénith, l’animateur Kila Mbongo quitte le groupe. Il y aura quelques autres départs, on peut rappeler la scission de décembre 2019, quand plusieurs musiciens s’en vont créer Extra Musica Nouvel Horizon. L’autre grand événement, c’est le concert au Stade Alphonse Massamba-Débat, le 24 juin 2023, devant plus de 34 mille spectateurs. Là aussi, c’est une prouesse dont Extra Musica est le seul orchestre brazzavillois à avoir réalisée. A bientôt 29 ans après le premier album, «Les nouveaux missiles», les mélomanes continuent de découvrir de nouveaux tubes tels que «Bokoko», sorti en 2022, dont le clip a dépassé les 40 millions de vues sur Youtube.
Roland KOULOUNGOU