Depuis quelques jours, la D.g.s.p (Direction générale de la sécuritaire présidentielle) et la G.r. (Garde républicaine) réalisent à Brazzaville une opération visant à éradiquer le phénomène de grand-banditisme armé communément appelé bébés noirs et kulunas. Face aux violations des droits de l’homme enregistrées dans cette opération en cours, l’O.c.d.h (Observatoire congolais des droits de l’homme), à travers une déclaration dénommée «Note de position», publiée le 1er octobre 2025, demande, entre autres, aux autorités nationales, de «mettre fin aux exécutions sommaires et extrajudiciaires et de privilégier le respect de la dignité humaine».
Perçue par une bonne partie de la population comme une libération, eu égard à l’insécurité persistante dans les quartiers, l’opération de la D.g.s.p et la G.r se réalise dans un contexte où les citadins de Brazzaville et d’autres villes comme Pointe-Noire, vivent, depuis plusieurs années, dans la peur des bébés noirs devenus célèbres par leurs attaques impitoyables à la machette et leurs assassinats. Dans certains quartiers, ces actes d’agression, de vols à main armée et d’homicides sont devenus récurrents, de jour comme de nuit. D’où la réaction vive des deux corps chargés de la sécurité présidentielle, dont les éléments n’hésitent pas de mettre à mort les présumés bandits qui tombent dans leurs filets.
Pour donner à cette opération un caractère juridique et réglementaire et éviter les dérives comme les règlements de comptes et les fausses dénonciations, l’O.c.d.h appelle «les autorités à encadrer strictement cette opération» et demande au gouvernement de:
«- dessaisir immédiatement la D.g.s.p de cette opération qui ne relève pas de ses compétences;
– communiquer, de manière transparente, sur les objectifs et les modalités de l’opération;
– informer la population sur les mesures prévues pour la prise en charge des personnes interpellées y compris leur identification, leur mise à disposition de la justice et leur éventuelle réinsertion;
– de mettre fin aux exécutions sommaires et extrajudiciaires et de privilégier le respect de la dignité humaine;
– assurer le respect des droits humains en fonction des engagements pris au niveau international».
Dans cet élan, l’O.c.d.h a prévenu qu’il «reste mobilisé pour documenter les abus, accompagner les familles des victimes et porter les cas les plus graves devant les juridictions compétentes, nationales et internationales». Et de conclure: «la sécurité publique ne peut être restaurée au prix du piétinement des principes fondamentaux de justice et de droit».
Tout en reconnaissant la nécessité de lutter efficacement contre le grand banditisme que représentent les groupes bébés noirs et kulunas, l’O.c.d.h constate néanmoins que cette opération de la D.g.s.p et la G.r «suscite controverse et inquiétude, car elle n’a pas bénéficié d’une communication suffisante et donne actuellement lieu à des violations graves des droits humains, en contradiction avec l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme» qui stipule que «tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sureté de sa personne», ainsi qu’avec la Constitution de la République du Congo qui garantit l’Etat de droit et l’abolition de la peine de mort».
Didace KINO








