Quatre leaders de partis situés à l’opposition, à savoir Clément Miérassa, président du P.s.d.c (Parti social-démocrate congolais), Jean-Pierre Agnagoye, président du Pape (Parti du peuple), Victor Oniongo, président du parti Renaissance, et Melaine Destin Gavet Elongo, président du M.r (Mouvement républicain), vendredi 28 juin 2024, au siège du M.r, au Quartier Diata, dans le premier arrondissement de Brazzaville, avec la participation des militants de quatre partis. Dans le mot liminaire présenté par Clément Mierassa, les quatre leaders de l’opposition extraparlementaire s’opposent à la cession des terres congolaises au Rwanda et appellent le Président de la République à trancher cette question dans ce sens.
Dans le mot liminaire axé sur douze points, déclarent qu’«après analyse de tous les contours de la controverse suscitée par les multiples accords couvrant plusieurs secteurs signés en 2016, 2021 et 2022, entre le Rwanda, pays d’une superficie de 26.338 kilomètres-carrés, une population de 14 millions d’habitants, soit une densité de 532 habitants au km2, et le Congo, pays d’une superficie de 342.000 km2, les partis politiques de l’opposition cités ci-dessus, relèvent ce qui suit: le Rwanda du fait de son territoire exigu à de toute évidence énormément besoin d’espace et convoite des terres à l’extérieur, en conformité avec l’article 8 de sa loi foncière qui dispose que «les terres rwandaises acquises à l’extérieur sont assujetties à la loi du pays étranger».
Paradoxalement, ce pays a signé des accords aussi contestés avec le Royaume-Uni, pour accueillir, sur son territoire, des migrants demandeurs d’asile. De ce point de vue, le Congo devenu l’un des pays dont les terres sont convoitées par le Rwanda, des accords très controversés ont été signés entre les deux pays. Bien avant la signature des accords objet de la controverse, et selon plusieurs médias dont le site officiel du Rwanda, le média en ligne «Les Echos du Congo-Brazzaville» et l’Agence d’information d’Afrique centrale, l’ambassadeur du Rwanda au Congo, Son Excellence Théoneste Mutsindashyaka, a échangé, le 27 juillet 2001, avec le ministre d’Etat, ministre des affaires foncières et du domaine public. Selon la déclaration de l’ambassadeur, celui-ci était venu spécialement lui demander les actes des terres que le gouvernement congolais a données à l’Etat rwandais, dans le cadre de la coopération Sud-Sud.
En réaction à cette démarche, le ministre Pierre Mabiala, à l’issue de leurs échanges, «l’a rassuré de son entier engagement, afin que ces titres soient obtenus dans les meilleurs délais». Sur les quinze accords signés en 2021 et 2022, deux seulement ont obtenu l’autorisation du parlement pour ratification. Il s’agit de la convention pour l’élimination de la double imposition concernant les impôts sur le revenu, la prévention de l’évasion et de la fraude fiscales et l’accord de coopération à l’exemption des visas.
Répondant aux questions des journalistes, les quatre acteurs politiques se sont relayés dans les réponses. Ils ont illustré leurs réponses par une carte du Congo montrant les emplacements que les Rwandais devraient occuper. Ainsi Clément Miérassa a expliqué ce qui suit: «Pourquoi avoir choisi la partie Sud du pays pour placer les Rwandais, alors que la partie septentrionale est propice à les recevoir? C’est une stratégie de remplacement du pouvoir? Pour nous, la discussion sur le problème des terres au Congo devrait commencer au parlement, sur deux accords: l’accord militaire et les espaces stratégiques, notamment le chemin de fer. C’est là où nous ne sommes pas d’accord avec le gouvernement.
Ensuite, le Rwanda n’est pas un pays reconnu dans la culture du ricin. Les pays qui sont reconnus dans cette culture, c’est l’Ethiopie et l’Angola. Alors, pourquoi ne pas choisir l’Angola avec qui nous avons une longue tradition, parce que beaucoup de choses nous lient? Nous mettons notre point de vue, le Premier ministre chef du ministre ne maîtrise pas ces accords, peut-être qu’il ne les a pas vus. Même ses parlementaires ne le soutiennent pas. Les accords se trouvent entre les mains de Denis Christel Sassou Nguesso. Pour nous, la solution n’est plus avec le Premier ministre. Nous en appelons à l’arbitrage du Président de la République. Aujourd’hui, c’est le Chef de l’Etat qui doit trancher. Le peuple doit comprendre que ce sont les enjeux qu’ils faut comprendre. Que le Président Denis Sassou-Nguesso écoute son peuple et qu’il annule les accords avec le Rwanda. Le Premier ministre s’est suffisamment fait voir avec le P.c.t, le parlement. Il est même allé sur le terrain. Pour nous, c’est le Président qui doit réagir et écouter le refus du peuple».
Devant cette situation, les quatre leaders politiques de l’opposition disent «non à la vente des terres; non à la cession des terres congolaises sous quelques formes que ce soit au Rwanda; oui à l’annulation pure et simple de tous les accords signés avec le Rwanda». Ils «exhortent toutes les autres forces politiques de notre pays à se joindre à eux pour défendre la souveraineté pure et la dignité du pays».
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA