C’est par une conférence de presse, tenue samedi 12 avril 2025, à l’Hôtel Olympic palace, à Brazzaville, que des leaders de l’opposition, avec en tête Jean-Jacques Serge Yhomby-Opango, président du R.d.d (Rassemblement pour la démocratie et le développement), ont annoncé la création d’une plateforme de l’opposition, «Les forces nouvelles du changement», qui a l’ambition de «désigner un candidat unique à l’élection présidentielle de 2026», pour viser l’alternance démocratique. Cinq dirigeants de partis d’opposition y sont à l’affiche: Clément Miérassa; Chris Antoine Walembaud; Joseph Kignoumbi Kia M’Boungou; Jean-Baptiste Bouboutou-Mbemba et Jean-Jacques Serge Yhomby-Opango qui a initié la conférence de presse. Bien d’autres dirigeants de l’opposition étaient aussi dans la salle.

Le paysage politique national vient de s’enrichir d’un nouveau groupement politique, les Forces nouvelles du changement. D’après le président du R.d.d, ce mouvement national reposera sur deux axes fondamentaux:
– le premier axe: «engager un dialogue franc et responsable avec le pouvoir en place sur la gouvernance électorale, afin de garantir des élections libres, crédibles et transparentes; exiger l’élaboration d’un fichier électoral fiable, issu d’un recensement administratif spécial authentique; ouvrir un large débat public, dans les médias et au sein de la société, sur toutes ces questions essentielles»;
– le deuxième axe: «élaborer un programme d’urgence pour le redressement national; désigner un candidat unique à l’élection présidentielle de 2026; présenter des candidats aux élections législatives, communales et départementales de 2027».
«Les Forces nouvelles du changement se veulent le prolongement des acquis de la Conférence nationale souveraine de 1992, acte fondateur du multipartisme dans notre pays. La conquête du pouvoir par les armes est exclue, seule le vote légitime permettra de restaurer notre démocratie et de tourner la page sombre du coup d’Etat du 15 octobre 1997», a expliqué Jean-Jacques Serge Yhombi-Opango, dans son mot liminaire.
La création de cette plateforme vient d’un constat que ses fondateurs ont fait. «Nous sommes en 2025 et notre pays, le Congo, entre dans une phase cruciale. Tous les acteurs politiques, à travers leurs structures (partis, associations, plateformes…), se mobilisent en vue de l’échéance majeure que constitue l’élection présidentielle de 2026. Ce rendez-vous démocratique, porteur de grands espoirs pour notre peuple, suscite également des inquiétudes. Car, bien que représentant l’expression suprême de la souveraineté populaire, cette élection donne souvent lieu à des tensions qui menacent la paix civile, perpétuant ainsi une culture de violence atavique profondément enracinée dans notre histoire politique», a dit le président du R.d.d.
«Le Congo, notre bien commun, traverse une crise grave et multidimensionnelle. Inutile de dresser une liste exhaustive des secteurs en souffrance. Chaque Congolaise et chaque Congolais vit et ressent la détérioration de notre pays. Le Congo s’est bâti, hélas, une triste réputation: celle d’un champion de la kakistocratie», a-t-il poursuivi.
«Notre pays ressemble, aujourd’hui, à un corps mutilé, meurtri par une gouvernance autoritaire et irresponsable, exercée par des dirigeants sans scrupule, déconnectés du peuple et indifférents au sort de notre Nation. Quel immense gâchis», s’est-il indigné. «Un pays ne se construit pas en un jour. C’est un processus intergénérationnel qui repose sur l’intelligence, l’engagement et la détermination de ses filles et fils. Nul ne détient le monopole de cette œuvre collective. La construction du pays est une responsabilité partagée, portée par toutes les forces vives de la Nation», a-t-il fait savoir. «Aujourd’hui, nous devons affirmer haut et fort: le Congo s’enfonce dans une dangereuse dérive idéologique qu’il faut absolument stopper, avant qu’il ne soit trop tard», a-t-il indiqué.
«Dans une démocratie, le Président de la République est élu au suffrage universel direct. Il est donc inadmissible de voir ressurgir des titres archaïques et anachroniques tels que «patriarche» ou «timonier national», qui ne servent qu’à nourrir une propagande visant à instaurer une autocratie déguisée», a-t-il affirmé. «Le Congo n’est pas une théocratie et ne le sera jamais. Il ne peut devenir un État dominé par une pensée unique qui étouffe la liberté d’expression, appauvrit les esprits et aliène le peuple», a-t-il souligné.
«Les deux piliers fondamentaux de notre Nation doivent être: la liberté et la paix. La paix n’est pas un slogan politique attribué à un individu; elle est un droit fondamental, intrinsèque à notre vie commune. Elle ne doit pas être instrumentalisée par la cacocratie des gouvernants. Le Congo est et restera un et indivisible», a-t-il souligné. Enfin, pour terminer, Jean-Jacques Serge Yhombi-Opango a lancé un appel à ses compatriotes pour les rejoindre dans la nouvelle plateforme: «Congolaises et Congolais, vous qui vous reconnaissez dans cette vision, vous êtes les bienvenus au sein des Forces nouvelles du changement», a-t-il précisé.
Répondant aux questions des journalistes, les acteurs politiques présents à la conférence de presse ont marqué leur adhésion à la nouvelle plateforme. «Puisque nous sommes ici, donc nous appuyons cette initiative qui est louable», a dit l’un d’eux. Ils appellent d’ailleurs à l’unité de l’opposition. «Il y a un moment où nous demandons à organiser les états généraux de l’opposition. C’est une solidarité politique que nous apprécions hautement. Il faudrait que nous soyons ensemble, l’unité de l’opposition est attendue par les filles et fils de ce pays», a renchéri un autre. «Le pouvoir est en campagne et l’opposition ira en croisade, pour déconstruire les idées fausses qu’il véhicule au sein du peuple. J’ai hâte d’avoir un débat avec les dirigeants du parti au pouvoir sur les questions qui concernent le fonctionnement de l’Etat», a déclaré un autre. Sans tarder, après la conférence de presse, les responsables politiques présents ont tenu une réunion inaugurale, pour formaliser la nouvelle plateforme.
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA








