Dans le monde d’aujourd’hui où nous vivons, il est important de signaler que l’homme, dans son être social et politique comme dans son être spirituel et culturel, apparaît le plus souvent déchiré, perdu, brisé, emporté par les tempêtes d’une histoire qui va de plus en plus vite. Cet homme, c’est vous et moi. C’est aussi cet homme que vous et moi nous rencontrons tous les jours, dans nos villages, dans nos quartiers, dans nos villes, dans nos départements. C’est, enfin, cet homme qui vogue comme un bateau sans radar, celui qui ne sait plus où il en est, celui dont le seul espoir est la paix (avec un grand P) et dans le respect de ses droits dans une République digne de ce nom.

Mais, qu’est-ce que la paix?

Selon le dictionnaire Larousse, «la paix est la situation d’un peuple qui n’est pas en guerre, d’une personne ou d’un groupe qui vit en bonne intelligence avec son entourage. Elle est aussi la tranquillité, la quiétude que rien ne trouble».
De son côté, le Concile Vatican II affirme que «la paix n’est pas simplement une absence de guerre, qu’elle ne se réduit pas à l’établissement d’un équilibre entre forces adverses, qu’elle ne provient pas d’une domination despotique, mais il est tout à fait exact et approprié de l’appeler l’œuvre de la justice». La justice, vertu morale qui réside dans la reconnaissance et le respect des droits d’autrui.
Pour que la paix ne soit pas un slogan creux, il faut passer de la violence au dialogue, de la domination au service, du profit à la solidarité, de l’exploitation à la justice, de l’oppression à la liberté, du mensonge à la vérité. Il nous faut aussi éviter d’être des pyromanes qui, après avoir allumé l’incendie, se métamorphosent en pompiers, des personnes qui, comme le dit le psalmiste, «n’ont pas de sincérité dans leur bouche; des personnes dont le cœur n’est que mensonge; des personnes dont le gosier est un sépulcre ouvert et qui ne se servent de leur langue que pour châtier». Il faut plutôt vulgariser la culture démocratique qui doit faire de nous, Congolais, des citoyens d’une société libre, égale et fraternelle cherchant à satisfaire leurs intérêts par un travail honnête et non par la délation (le ngonguisme), à exercer leurs droits et à se sentir responsables de leur existence.
Une culture de paix ne peut se développer que si la qualité de vie de tout le monde est satisfaisante. Ce qui passe par une large participation des populations à un développement endogène. L’appel lancé, il y a quelques années, par Federico Mayor, l’ancien directeur général de l’Unesco, en faveur de la culture de la paix dans le monde, est là pour nous convaincre. En voici un extrait:
«Je lance un appel à tous les Chefs d’État et de gouvernement, aux philosophes, aux enseignants, à tous ceux qui exercent une autorité dans la société civile, aux membres des communautés religieuses, aux parents et aux jeunes du monde entier, pour leur demander:
– de promouvoir l’apprentissage et l’exercice de la culture de la paix, tant dans le cadre de l’éducation formelle et non formelle que dans les diverses manifestations de la vie quotidienne;
– d’œuvrer à la construction et au renforcement de la démocratie, instrument privilégié de la négociation d’un règlement juste et pacifique des conflits;
– de s’efforcer d’attendre un développement humain qui s’étende à l’ensemble de la population et qui valorise ainsi les capacités sociales et les potentialités humaines de chacun des membres de la société;
– de privilégier les contacts, les échanges et la créativité culturelle, aux niveaux national et international, en ce qu’ils sont le moyen de la prise en compte et du respect de l’autre et de ses différences;
– de renforcer la coopération internationale afin d’éliminer les causes socio-économiques des conflits armés et des guerres, et de rendre ainsi impossible la construction d’un monde meilleur pour toute l’humanité».
D’autre part, Jacques Moreillon estime que «la paix n’est pas simplement l’absence de guerre, mais un processus dynamique de coopération entre toutes les régions et toutes les tribus, cette coopération étant fondée sur le respect de la liberté, de l’indépendance, de l’égalité des droits de l’homme, ainsi que sur une juste et équitable répartition des ressources pour pourvoir aux besoins des populations».

Les droits de l’homme

Quant aux droits de l’homme, ils sont contenus dans la Déclaration internationale des droits de l’homme, adoptée par l’Onu le 10 décembre 1948, qui énonce les principes relatifs aux droits individuels, économiques, sociaux et culturels et aux libertés publiques, fixant les rapports des individus et de la société.
Malheureusement, il nous a été donné de constater que lesdits droits repris dans les Constitutions de nos pays, étaient pour la plupart bafoués et violés par tous ceux qui étaient censés les promouvoir et les défendre. Ces droits vivent aujourd’hui des temps incertains: l’errance, l’exil, la faim, le chômage, le manque de structures sanitaires et scolaires, les angoisses, les séquestrations, la prison et ses horreurs et humiliations qui atteignent l’homme au cœur de lui-même. L’on ne dira jamais assez, comme l’on ne combattra jamais assez pour la liberté et pour la paix, mes violons d’Ingres.
Mais, les droits de l’homme ne s’arrêtent pas là où finissent la prison ou l’exil ou encore l’errance. Ou plutôt, il existe d’autres exils, d’autres prisons et d’autres errances. Comme par exemple, dans le Département du Pool qui a urgemment besoin d’un «Plan Marshall», pour l’aider à renaître tel un phénix de ses cendres; comme ces populations du Pool qui, depuis 22 ans, veulent connaître les tenants et les aboutissants de la guerre entre Ntumi et l’armée congolaise dont elles ont payé un lourd tribut et qu’avait dénoncée, avec courage, le ministre Bonaventure Mbaya qui, à ce propos, a déclaré: «Voici donc 22 ans (1998-2020) que les populations du Pool vivent, dans leur département, une guerre quasi permanente entre le pouvoir de Brazzaville et Ntumi. Cette guerre a été ponctuée par deux semblants d’accords de paix et de cessation d’hostilités, inachevés et sabotés pour laisser l’opportunité de jouer à la reprise des hostilités en cas de besoin, à tout moment; c’est ce qui arrive en ce moment encore».
Comme par exemple, le père de famille qu’un implacable désordre économique laisse sans emploi et donc sans salaire; comme ce retraité ou ce fonctionnaire qui attendent leur pension ou leur salaire pendant des mois; ou ce fonctionnaire qui attend, des lustres, son arrêté de concession de retraite et son certificat de cessation de paiement. Cet homme est un exilé, un «Lazare» dans son quartier, dans son arrondissement, dans sa ville, dans son village, dans son département. Cet homme marche, lui, aussi, à la recherche d’un avenir où sera reconnu son droit à l’existence en même temps que sa dignité, son droit d’être un homme. (A suivre)

Dieudonné
ANTOINE-GANGA.

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