Dans l’Empire romain, le peuple réclamait «du pain et des jeux». D’où l’expression latine, «Panem et circenses». Depuis la Rome antique, il est une vérité bien connue en matière de gouvernance, qu’un peuple qui se nourrit bien et qui se divertit est content, générant ainsi une paix sociale éloignant les sujets des préoccupations politiques et des tentations de révolte ou de soulèvement. Et le jeu le plus populaire, c’était les combats de gladiateurs organisés dans d’immenses arènes. Des combats sanglants puisque se terminant par la mort de l’un des deux adversaires.
Des temps modernes, rien de nouveau sous le soleil en matière de divertissement. Tout gouvernant sait qu’un peuple qui se nourrit bien, qui se soigne bien et qui se divertit baigne dans la paix sociale. Les philosophes ont relevé l’importance du divertissement dans la société humaine. «Le divertissement est donc indissociable de la condition humaine: c’est parce que l’être humain est un être fini et essentiellement incomplet que le divertissement s’impose à lui», dit Blaise Pascal.
Avant de revêtir une dimension professionnelle et économique, le sport est avant tout un jeu et un amusement. L’organisation professionnelle des disciplines sportives a renforcé le caractère incontournable du sport dans les sociétés de consommation et de divertissement qui sont les nôtres aujourd’hui. En plus de ce que le sport est considéré comme un facteur de bonne santé. Au Congo, comme dans beaucoup de pays du monde, le football s’est imposé comme le sport-roi. Il passionne la jeunesse. Deux Congolais sur quatre ont eu à pratiquer le football dans leur jeunesse, au quartier ou au village, à l’école ou au lieu de service -divertissement par excellence!-, avant d’en devenir parfois d’accrocs spectateurs faisant partie des foules drainées par le football dans nos stades. Il ne viendrait dans l’esprit d’aucun mordu congolais de football d’imaginer son pays au ban de la communauté footballistique mondiale. La Fifa compte, à travers le monde, 211 associations membres, dont la Fécofoot, aujourd’hui suspendue.
Après tout ce qui s’est dit et tout ce qui s’est fait depuis la débâcle de nos Diables-Rouges au Maroc, en juin 2024, allons-nous sacrifier notre football à l’autel de nos égos? Allons-nous priver la jeunesse congolaise de son divertissement par excellence, après toutes les autres privations qu’elle endure? Même l’année de la jeunesse ne nous aura pas fait reculer? Pitié pour la jeunesse congolaise!
L’HORIZON AFRICAIN