Commentaire

Pascal Tsaty-Mabiala confronté à la question de la légitimité au sein de l’U.pa.d.s

Le débat agite les rangs du premier parti d’opposition, l’U.pa.d.s (Union panafricaine pour la démocratie sociale), dont le premier secrétaire, Pascal Tsaty-Mabiala, chef de l’opposition politique, est critiqué par une frange des cadres de son parti qui lui reprochent de multiplier les mandats de premier secrétaire, sans plus convoquer le congrès qui a le pouvoir de l’élire. La question a été au cœur d’une rencontre organisée le 6 janvier 2024, à Pointe-Noire, par un courant baptisé «Esprit U.pa.d.s». La réaction du secrétariat national a été de suspendre celui qui semble le leader de ce courant contestataire, à savoir Noël Diambou, conseiller municipal de Pointe-Noire, deuxième vice-président de la coordination départementale U.pa.d.s de Pointe-Noire. Mais, la question soulevée continue de nourrir le débat au sein du parti.

Pascal Tsaty-Mabiala fut élu premier secrétaire de l’U.pa.d.s, lors du congrès unitaire extraordinaire tenu du 7 au 9 juin 2013, au Palais des congrès de Brazzaville, pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois, suivant les textes fondamentaux du parti fondé par le prof Pascal Lissouba. Ce qui suppose qu’en mai ou juin 2017, l’U.pa.d.s allait tenir un congrès, pour renouveler ses instances dirigeantes nationales. Puis, un autre en avril ou mai 2021.
Noël Diambou, l’un des leaders du courant Esprit U.pa.d.s
Or, depuis le congrès de 2013, le secrétariat national de l’U.pa.d.s n’a plus penser convoquer de congrès jusqu’à ce jour. Ce qui a amené Noël Diambou, lors de la rencontre de son courant politique, «Esprit U.pa.d.s», à soulever cette question inhérente à la vie démocratique dans toute instance. «Depuis 2013, il y a deux mandatures qui se sont écoulées et le congrès se fait toujours attendre. Le constat qui ressort de ces faits est celui d’un manque criant de volonté politique de notre direction du parti à convoquer les nouvelles assises. La raison récurrente de manque de moyens financiers est un prétexte fallacieux pour se pérenniser à la tête du parti. Nous avons plutôt l’impression que cette direction nationale semble se complaire à gérer le parti avec les instances qui n’ont plus, statutairement parlant, de véritable légitimité. Et comme telles, les instances du parti, du point de vue de cette illégitimité, se sont disqualifiées à assumer légalement leur mission, conformément à nos textes réglementaires», a-t-il déclaré.
Les réactions à cette sortie politique fracassante de l’«Esprit U.pa.d.s» ne se sont pas fait attendre. Dans une conférence de presse, le 20 janvier, à Pointe-Noire, Aimé Sylvestre Mbenzé, président de la coordination départementale U.pa.d.s de Pointe-Noire, a nié l’existence de ce courant et condamné ses prises de position. «Camarades militants et sympathisants de l’U.pa.d.s, nous, bureau de la coordination départementale U.pa.d.s de Pointe-Noire, avons été surpris de l’existence d’un pseudo-courant au sein de l’U.pa.d.s dénommé «l’esprit U.pa.d.s», par la voix des ondes, qui a tenu son assemblée générale dite constitutive dans la ville océane», souligne la déclaration lue par le porte-parole de la coordination, Lucien Espoir Mbouloukou.
Il n’en demeure pas moins vrai que le problème soulevé, celui de la légitimité démocratique de l’actuel premier secrétaire au sein de son parti reste entier. En plus, sans jouir d’une légitimité démocratique, Pascal Tsaty-Mabiala exerce les fonctions de chef de l’opposition politique. Si les Congolais souhaitent le perfectionnement de leur démocratie, ils ne sauraient continuer à s’accommoder du pouvoir de fait. La légitimité démocratique est une exigence qui s’impose à tous. Autrement, il faut laisser ceux qui sont au pouvoir l’exercer éternellement.
Urbain NZABANI

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