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Patrice Tsoumou, président de la Dynamique pour la promotion de l’éducation de qualité pour tous et le développement : «L’éducation a une place royale dans la vie d’une Nation, elle doit être honorée et célébrée»

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Patrice Tsoumou.

Après les premières assises des états généraux de l’éducation nationale, auxquelles il a participé, Patrice Tsoumou, président de la Dynamique pour la promotion de l’éducation de qualité pour tous et développement fait le point sur son challenge pour la restauration du système éducatif national. Il propose de consacrer le mois de juillet comme mois consacré à l’éducation, pour la célébrer et l’honorer. Interview!

* Monsieur le président de la dynamique, que peut-on retenir de votre combat pour la restauration du système éducatif national, ces dernières années?
** Merci Monsieur le journaliste pour l’opportunité que vous nous donner de nous exprimer à travers les colonnes de votre journal que nous apprécions beaucoup. Je peux rappeler en quelques points, ce que nous avons déjà mené comme actions en faveur de l’école congolaise.
Le 6 novembre 2020, nous avons adressé une lettre au sénat et à l’assemblée nationale que nous avons intitulée: «Brisons le mur de l’indifférence et de la résignation, sauvons l’école». Le 7 avril 2022, nous avons présenté un plaidoyer auprès du Président de la République, pour réclamer un «Plan Marshall pour l’école congolaise et la création d’un Fonds pour la promotion de l’éducation de qualité pour tous». Le 25 novembre 2022, nous avons remis un ensemble de préconisations au Haut-commissariat aux états généraux pour «un nouveau et bon départ de l’école congolaise». Le 16 juin 2023, nous avons lancé l’initiative «tous ensemble, sauvons l’école» et le 4 novembre 2023, nous avons fait un plaidoyer auprès du gouvernement, «pour une réelle effectivité du droit à l’éducation de qualité pour tous». Donc, si nous avons été invités à participer aux états généraux de l’éducation nationale, cela n’est pas fortuit. C’est bien un signe qui illustre que notre voix se fait entendre.

* D’après vous, que représentent les états généraux?
** Les états généraux, c’est le médecin par excellence qu’il fallait, à la vue de la longueur, de la largeur et de la profondeur du marasme dans lequel s’englue présentement notre système éducatif. Les états généraux, c’est un consortium d’experts au chevet du malade qui a pour nom système éducatif congolais.

* Un consortium d’experts! On peut donc embrasser l’optimisme et dire: voici l’heure du miracle pour le système éducatif congolais?
** Non! Il reste encore une chose. Le malade a été conduit chez le médecin qui l’a examiné et lui a prescrit un protocole thérapeutique qu’il juge approprié pour restaurer son état de santé. Il faudrait, en retour, que les parents du malade se rendent à la pharmacie et s’offrent tous les produits qui ont été prescrits par le médecin. Exemple: nous apprenions que pour un besoin total de 20 mille enseignants, il a été recruté en 2019, 1.202 agents, soit un pourcentage de 6,01%; en 2020, 1.279 soit 6,39%; en 2021, 1.209 soit 6,09% et en 2022, 1.284 soit 6,42%.
La moyenne annuelle est de 6,21%. A cette allure, il faut, pour un besoin de 20 mille enseignants, 16 années bien comptées. Encore que le besoin n’est pas statique. Si l’on choisit de recruter les enseignants à doses homéopathiques et non conformément aux besoins, ce serait battre l’air. Il n’y aura pas éducation de qualité mais au contraire, notre école sera perpétuellement une industrie de la médiocrité et de la méchanceté. C’est ce qu’elle est aujourd’hui. Notre malade s’appelle système éducatif. Dans tout système, les questions se résolvent de façon globale et non parcellaire. Nul ne peut, pour le système de transmission de son vélo, se résoudre à changer uniquement la chaîne et garder en fonction les anciens engrenage et roue-libre.

* Dans votre plaidoyer, vous proposiez l’ouverture d’un Fonds spécial financé par 1% du budget de l’Etat et entreprises à budget autonome. Votre proposition a été retenue mais elle a fait l’objet d’un amendement, n’est-ce pas?
** L’amendement juste pour dire qu’une hirondelle à elle seule ne fait pas le printemps. Nous avons émis une préconisation, les autres y ont apporté du leur. Nous avons sculpté, les uns ont limé et les autres ont ciselé et en somme, nous nous retrouvons avec une œuvre d’art. Pas de triomphalisme, c’est la Nation qui gagne, c’est l’école qui est sauvée.

* Depuis l’allocution de sortie officielle de votre association, vous réclamiez l’institution d’un mois de l’éducation. La préconisation a été également retenue. Quels sont les tenants et les aboutissants d’une telle idée?
** «L’éducation est le premier besoin d’un peuple, après le pain», nous dit Georges Jacques Dantan. C’est dire que l’éducation a une place royale dans la vie d’une Nation. Elle doit être honorée et célébrée. Alors, qu’on lui accorde tout un mois n’est pas exagéré. Nous souhaitons que ce mois soit celui de juillet. Pendant ce mois, seront organisés des colloques, des séminaires, des communications et l’occasion sera belle pour faire prendre conscience à la communauté nationale, des problèmes qui minent le système éducatif. On les portera alors à la réflexion collective et l’on évitera de nous plonger dans un marasme tel qu’il nous affecte présentement.

* Vous parlez d’une «journée de solidarité avec nos écoles primaires». C’est quoi encore, cette proposition?
** Au cours du mois de l’éducation, sera en effet choisie une journée dite de solidarité avec nos écoles primaires. Chacun manifestera sa reconnaissance à l’endroit de l’école primaire de son village, car c’est ici que tout a commencé pour lui. Chacun, librement, écrira ce qu’à la dynamique nous nommons L.a.d.n (Lettre d’amour à son district natal), par le biais d’une offrande, d’une libéralité à l’endroit de son école primaire. Nous visons ainsi ce que nous appelons l’Iro (Initiative pour le retour aux origines), une initiative pour amener les uns et les autres à ne point oublier leur Mandou natal, pour parler comme Dominique Ngoïe-Ngalla.

* Un acte d’incivisme a défrayé la chronique dans la capitale. Des élèves d’un établissement scolaire ont fait descendre le drapeau national pour faire hisser celui de leur mouvement. Qu’en dites-vous?
** Soyons sans passion, en parlant de cette question. Allons à l’école des doigts de la main. Au moment où je vous indexe, trois de mes doigts se retournent et m’indexent: un langage pour me dire, toi qui condamnes l’autre, tu es trois fois pire que celui que tu condamnes. Et le pouce se lève pour approuver. Ces enfants que nous plaçons sur le crucifix sont le pur produit de notre système éducatif que nous reconnaissons, tous, en train de s’engluer dans les profondeurs abyssales. Si le système éducatif est malade, les élèves qui en sortent ne pourront être que malades. C’est ici l’occasion de hâter le pas dans l’exécution des résolutions des états généraux de l’éducation nationale. Sinon, le pire est à venir.

Propos recueillis par
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA

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