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Poésie : Quand Yvon Wilfride Lewa-Let Mandah s’inspire de la guerre de 1997!

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Yvon Wilfride Lewa-Let Mandah (assis) pendant la dédicace.

Comme nombreux de ses compatriotes comme Alain Mabanckou, Kathia Mounthault, Henri Djombo, Alima Madina, etc, la guerre que le Congo a connue en 1997 a inspiré Yvon Wilfride Lewa-Let Mandah, poète, essayiste, dramaturge, comédien, metteur en scène et directeur artistique de la compagnie théâtrale Autopsie. Ce dernier, qui a célébré l’année dernière ses 25 ans de carrière littéraire, vient de publier, aux Editions L.m.i, à Pointe-Noire, «Vestiges», un recueil de poèmes dans lequel il exprime sa désolation, son amertume, face aux actes odieux qui ont endeuillé de nombreuses familles, délabré et fracturé le tissu social et dont il a été lui-même victime.

Yvon Wilfride Lewa-Let Mandah a présenté son recueil de poésie, samedi 11 septembre 2022 à l’amphithéâtre Anders-Hellgren de Sueco, dans la ville océane congolaise. La cérémonie de présentation-dédicace a connu la présence du directeur départemental du livre et de la lecture publique, Chardin Alphonse Nkala, et du directeur général des Editions L.m.i, Maurice Loubouakou.

La couverture du recueil de poèmes.
La couverture du recueil de poèmes.

Dixième livre de l’auteur, «Vestiges» renferme 87 pages et 48 poèmes, répartis en trois cahiers intitulés respectivement: Vestiges 1, Prémices et Vestiges 2. Pour le critique littéraire, Xavier Mabika Dianga, la thématique du nouvel ouvrage d’Yvon Wilfride Lewa-Let Mandah est variée. Mais «le Congo reste la pierre qui sédimente l’essentiel des pages. Le Congo vu sous l’angle de la guerre civile de 1997 et au travers ses trois grandes villes, Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie».
«Vestiges est, avant tout, un cri de désolation face au désarroi causé par la guerre, la coulée d’une angoisse, d’une amertume. Le poète nous entraîne dans un ballet de vers d’une énergie vivante et incantatoire vers les différentes villes délabrées et dans les cryptes de sa douleur interne… L’œil du poète, comme une caméra mobile, se projette sur les villes devenues ruines. La mort, au-dessus de la vie, canines tranchantes, étend sa souveraineté et le poète s’indigne devant ces amas différents… La patrie, en proie à la souffrance, implique la souffrance du poète, car le cœur du pays est celui du poète. Yvon Lewa-Let Mandah porte en lui les stigmates de la guerre. C’est pourquoi il refuse de se taire. Il évoque la litanie de souffrances et de deuil…», a-t-il affirmé.
«En se remémorant des épisodes de la guerre civile, Yvon Lewa-Let Mandah laisse éclater sa douleur qui se fermente dans la mémoire. Une douleur qu’il nous est convié à vivre, celle d’un enfant perdu dans la nuit du chagrin. Et quand le chagrin flambe, il faut des moyens de survie. Le souvenir paraît la quête d’une harmonie à retrouver, un point lumineux dans les ténèbres de la souffrance. Mais tout étant ruines et dévastation, la nostalgie s’invite nécessairement dans les lieux désolés. Ainsi, le poète exalte les villes jadis florissantes. Tel un archéologue, il questionne les zones et les lieux témoins du temps…», a dit Xavier Mabika Dianga.
La seconde ligne de force du recueil Vestiges, a relevé le critique littéraire, est l’évocation de l’amour, thème auquel Yvon Lewa-Let Mandah consacre la quasi-totalité du cahier 2 du recueil, Prémices: «Oui, l’amour est le réservoir du poète, la ricochée des attentes. Le poète chante, dans un lyrisme envoûtant, l’être aimé…».
Autres thèmes évoqués par l’auteur, relevé par le critique littéraire: l’immigration, la restriction du patrimoine africain, l’appropriation de la culture traditionnelle kongo ou «Mbandzakongologie».
A propos du style, Xavier Mabika Dianga a souligné: «L’auteur utilise des mots simples qui rendent la poésie accessible à tous, mais aussi beaucoup de néologismes. Il fait usage aux vers libres et parfois à la versification classique…Ce qui est aussi attrayant dans ce recueil, c’est l’utilisation par le poète des vers et poèmes courts. Ce qui rend sa poésie fluide… On peut aussi souligner l’usage des métaphores».
Il a expliqué le titre du recueil, en ces termes: «Vestiges, ici, ne veut pas seulement dire ce qui reste, ce qui demeure après disparition, destruction, c’est-à-dire les ruines, mais aussi ce qu’il y a à pérenniser, à reconstruire et à bâtir pour la survie».
Outre le mélange de registres linguistiques (français, munukutuba, lingala et kikongo), la singularité du nouveau recueil est qu’il renferme des photographies. «C’est pour en faciliter, la compréhension, mais aussi amener le public à s’approprier l’art pictural. Je fais l’assemblage des courants littéraires pour définir ma propre identité. Je suis partisan de la liberté dans l’écriture et dans le style», s’est justifié l’auteur du livre.
Né le 22 juillet 1974, à Brazzaville, Yvon Wilfrid Lewa-Let Mandah est manager de logistique, personnel travaillant dans les barges on/off-shore. Créateur, en 1996, de la compagnie théâtrale Autopsie, il est aussi président national Congo de l’Institut international du théâtre, organisation mondiale pour les arts de la scène, partenaire officiel de l’Unesco et directeur du Festival international du théâtre et autres arts de scène qui a lieu à Brazzaville et Pointe-Noire. Il est récipiendaire du Prix international de poésie Tchicaya U Tam’si, du Prix Tchikounda de meilleur écrivain, du Prix Sony-Labou-Tansi, du Grand prix Forum, musiciens, artistes et écrivains du Congo-Brazzaville.

Nana KABA

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