Pointe-Noire
La mairie dans la tempête d’une grève générale illimitée de ses agents
La mairie de Pointe-Noire fait face, depuis lundi 23 décembre 2024, à un mouvement de grève de ses agents, déclenché par l’intersyndical et qui est appuyé par un concert de casseroles devant le siège de la mairie où les grévistes demandent la démission de Madame la mairesse de la ville océane. Au plan officiel, aucune réaction enregistrée jusque-là, depuis le déclanchement de ce mouvement de grève générale illimitée.
Tournure dramatique pour la première femme à la tête de la mairie de Pointe-Noire. En arrivant à son bureau, lundi 23 décembre, Mme Evélyne Tchitchelle est, en effet, passée devant un groupe d’agents de la mairie en grève, debout et agités à l’entrée du bâtiment, conspuant sur elle et demandant l’argent et sa démission immédiate, alors qu’elle montait les marches de l’escalier. La scène, inédite, dont les vidéos ont fait le buzz dans les réseaux sociaux congolais, frise l’insécurité pour une autorité de son niveau. Elle rappelle les émeutes du 15 août 1963, quand les syndicalistes, ayant assiégé le Palais du peuple (résidence présidentielle), avaient obtenu la démission du Président de la République, Fulbert Youlou, grâce à l’appui de l’armée. Il y a de quoi se demander, comment les services de protocole et de sécurité de la mairie de Pointe-Noire ont laissé l’autorité se retrouver nez-à-nez avec un groupe d’agents en grève, chantant des propos hostiles?
La situation des fonctionnaires municipaux est pratiquement la même dans toutes les communes du Congo. Non seulement les arriérés de salaires s’accumulent, mais encore le versement des salaires se fait rares ces derniers mois. C’est le 22 octobre dernier que les agents de la mairie de Pointe-Noire avaient déclenché la grève générale illimitée, à l’issue de leur journée de travail, pour non-payement de quatre mois de salaire. Le déclenchement de cette grève était la conséquence de l’absence de réponse, par la mairie, au cahier de charge déposé le 4 septembre par l’intersyndical.
Attentif à la situation, le gouvernement avait dépêché le ministre délégué à la décentralisation, Juste Désiré Mondélé, pour négocier la reprise du travail, avec l’intersyndical. «Après de fructueux échanges, les parties ont convenu ce qui suit: le paiement de deux mois de salaire sur les quatre mois revendiqués; l’engagement des démarches de régularisation des deux mois de salaire restant; le paiement régulier des salaires des agents municipaux simultanément avec ceux des fonctionnaires de l’Etat, à compter du mois d’octobre 2024; la suspension immédiate de la grève à compter du 28 octobre; la levée de la grève à la prochaine assemblée générale des travailleurs et la reprise du service dans toutes les structures de la municipalité, à compter du mardi 29 octobre», disait le communiqué final sanctionnant la séance de travail, tenue le 28 octobre, en présence des membres du bureau exécutif du Conseil départemental et municipal de Pointe-Noire, dont Madame la mairesse.
«Vous venez de poser un acte important dans un contexte économique difficile et nous devons donc tous veiller à l’exécution des résolutions de nos négociations et surtout prioriser la reprise du travail», avait déclaré le ministre délégué Juste Désiré Mondélé, s’adressant aux syndicalistes. Le gouvernement a-t-il respecté ses engagements? De ce qu’on a appris, les travailleurs de la mairie avaient touché un mois de salaire avant l’arrivée du ministre Mondélé à Pointe-Noire. Ils ont encore touché un mois de salaire, après les négociations. Depuis, plus rien jusqu’à présent. Dénonçant le non-respect des engagements pris par le gouvernement, ils ont de nouveau débrayé.
Luze Ernest BAKALA