A l’exception de la S.n.p.c (Société des pétoles du Congo), du P.a.p.n (Port autonome de Pointe-Noire) et de Congo-Télécom, la plupart des entreprises du portefeuille public continuent d’être comme le tonneau des Danaïdes. C’est dans les années 80 que le Président Denis Sassou-Nguesso, à la suite du glissement du Plan quinquennal 1982-1986, utilisa cette expression, pour parler des entreprises publiques dans lesquelles l’Etat investit énormément d’argent, sans résultats probants.
Des exemples: Ecair et S.t.p.u. Les deux entreprises ont été créées sur fonds propres de l’Etat. Leur fonctionnement a même été subventionné par l’Etat, alors qu’elles ont un caractère commercial et donc censées gagner de l’argent, pour elles-mêmes et pour l’Etat. En plus, ce sont des entreprises qui ne brillent pas par leur responsabilité fiscale, puisqu’elles ne s’acquittent pas de leurs impôts, sans encourir des pénalités. De même, les cotisations à la C.n.s.s (Caisse nationale de sécurité sociale), pour leurs personnels, n’ont pas souvent été versées. Et pourtant, au bout de quelques années, elles ont fait faillite, de la même manière. Elles ont laissé sur le carreau des travailleurs avec des mois d’arriérés de salaire et sans droits payés. Mais, leurs dirigeants se sont enrichis et parmi eux certains ont même préféré aller vivre en dehors du pays, pour ne pas être embêtés par la justice, au cas où.
Les dirigeants politiques n’acceptent pas de reconnaître la faillite de ces entreprises, promettant toujours leur résurrection ou leur relance, malgré les milliards de francs Cfa engloutis et des travailleurs abandonnés à leur triste sort.
Quoiqu’étant une vieille entreprise, le C.f.c.o a été relancé au sortir de la guerre de 1997 sur fonds propres de l’Etat. La voie ferrée a été réparée, sur fonds publics, à la suite des turbulences sanglantes que le pays a connues successivement, dans les zones que traverse ce chemin de fer. Cette entreprise a été équipée en locomotives sur endettement de l’Etat et son activité ne connaît plus de perturbation significative depuis le retour de la paix dans le Département du Pool. Et pourtant, l’opinion congolaise a été ahurie de découvrir que son personnel traîne 37 mois d’arriérés de salaires.
Quant à Ecair et la S.t.p.u, ce sont des entreprises qui ont donné le mauvais exemple de gestion, avec des problèmes sociaux explosifs. La transformation de la S.n.e (Société nationale de l’électricité) et de la S.n.d.e (Société nationale de distribution d’eau) en sociétés anonymes avec conseils d’administration suscite des interrogations qui demeurent sans réponse, d’autant plus que les actionnaires des nouvelles sociétés que sont E2c (Energie électrique du Congo) et L.c.d.e (La congolaise des eaux) n’ont jamais apporté la preuve de leurs actions dans cette société, entièrement créée par l’Etat et dont les investissements les plus importants sont réalisés sur endettement de l’Etat.
Les entreprises et établissements du portefeuille public sont-ils rentables? Contribuent-ils à la croissance économique du pays? Offrent-ils des opportunités d’emplois pour les jeunes? Comment le gouvernement apprécie-t-il leur performance de gestion? Leurs bilans sont-ils publiés chaque année? Autant de questions qu’on peut se poser, à l’heure où l’Etat est confronté à la crise financière, en raison de son surendettement. Si le Congo veut réussir la diversification de son économie, il faudrait des entreprises performantes en matière de gestion, capables d’investir et de développer leurs activités, pour donner des opportunités d’emplois aux jeunes générations. Mais, si ces entreprises attendent toujours que l’Etat vole à chaque fois à leur secours, on tournera en rond.
Jean-Clotaire DIATOU