Si le pays est en difficulté au plan économique, pour ne pas parler des autres secteurs comme la santé, l’administration publique ou le transport, la cause est claire: elle est politique. Car, ce ne sont pas les ressources qui manquent, ni les compétences. Ce sont les décisions, les choix et les comportements qui posent problème.
L’endettement n’est pas en soi une mauvaise chose. Sauf qu’il exige une gestion rigoureuse, pour qu’il ne devienne pas, paradoxalement, un frein au développement. En effet, réaliser les objectifs de développement nécessite la mobilisation d’importantes ressources. Le recours à l’endettement permet ainsi de mobiliser une bonne partie des ressources financières dont on a besoin pour financer les programmes de construction d’infrastructures, d’équipement, de formation du capital humain, etc.
Mais, le levier de la dette requiert d’avoir l’œil sur le niveau d’endettement par rapport au P.i.b (Produit intérieur brut) et aux échéances de remboursement, tout en étant attentif aux aléas du marché international où les cours des matières premières sont extrêmement fluctuants.
C’est pour dire que le recours à l’endettement exige de changer de culture, passer de la culture de pilotage à vue, à la culture de pilotage aux instruments, c’est-à-dire les indicateurs économiques pertinents qui permettent de faire la prospective, d’anticiper à travers les décisions, pour éviter de faire vivre aux populations, les aléas des crises économiques comme on le vit aujourd’hui. «Le gouvernement ne pourra donc pas faire l’économie de mesures, d’enquêtes et de travaux analytiques périodiques, s’il entend sérieusement, régulièrement et rigoureusement suivre et évaluer les évolutions des indicateurs essentiels du développement économique et humain que sont la croissance du revenu national, l’emploi, le taux de chômage et le taux de pauvreté», indique le document du P.n.d (Plan national de développement) 2022-2026 (Voir page 6). Nous ne disons donc rien de nouveau.
La situation actuelle où l’Etat se retrouve incapable de faire face à ses charges de fonctionnement est la traduction de l’échec d’une gouvernance axée sur le pilotage à vue, entrainé par l’enthousiasme que provoque les revenus rentiers. Le refus de changer les habitudes de gestion publique, malgré les instruments juridiques mis en place et les réformes décidées y trouve sa justification. Conséquence, l’endettement public du Congo, qui est d’un niveau important, est devenu un frein au développement. L’Etat n’arrivant plus à financer ses programmes d’investissement. Il est même contraint de continuer à s’endetter pour financer ses dépenses courantes. Rien ne devrait plus étonner des difficultés d’aujourd’hui, car le refus de se remettre en cause, de réduire le train de vie de l’Etat, de changer les habitudes, en luttant réellement contre la corruption et la thésaurisation au niveau des élites, a précipité le pays dans la précarité ou l’incertitude économique qui, évidemment, entraîne la précarité sociale. Sans volonté politique, difficile de sortir d’une telle situation.
L’HORIZON AFRCAIN