Dans une conférence de presse animée samedi 13 janvier 2024, au Ministère de la justice, à Brazzaville, Justin Assomoyi, directeur général de la promotion des peuples autochtones, et Roch Euloge Nzobo, coordonnateur du C.d.h.d (Centre des droits de l’homme et de développement), ont édifié les journalistes sur le processus de consultation mené conformément à la loi 05/2011, dans le cadre du Projet Bacasi. Cette loi stipule, en son article 12, que «l’Etat reconnaît les villages autochtones dans le processus de création des entités administratives locales». Elle garantit ainsi la protection et la promotion des populations autochtones en République du Congo. C’est dans cette perspective qu’une direction générale pour la promotion des peuples autochtones a été créée au sein du Ministère de la justice.
Lancé en 2021 et financé par Total Energies, le Projet Bacasi, mis en œuvre par F.n.c (Forest neutral Congo), se réalise dans la réserve foncière de l’Etat, entre la Léfini et Ngo-centre. On va y planter des arbres pour faire pousser une forêt, en vue, pour le Groupe Total énergies, non pas de viser la commercialisation des crédits carbone qui en seront issus, mais d’abord de compenser ses émissions de gaz à effet de serre issus de ses activités pétrolières au large du Kouilou. L’objectif du projet est le développement durable d’une zone de 55 mille hectares comprenant un massif d’arbres sur 38 mille hectares en dix ans ainsi que deux mille hectares d’agroforesterie gérés avec les populations locales. La première mission d’évaluation sur le terrain est attendue vers la fin de ce mois de janvier, pour s’assurer si le cahier des charges a été respecté.
L’investissement est de l’ordre de 250 millions de dollars (soit environ 150 milliards de francs Cfa). Il va générer environ 1.200 emplois directs et 200 emplois indirects, et il impactera entre 7.000 et 10.000 personnes. Ce projet permettra ainsi l’émergence d’une économie verte, la diversification de la filière forestière, le reboisement des essences forestières, etc.
Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet Bacasi («Batéké carbon sink»), le gouvernement a mis en place un comité consultatif composé des représentants du Ministère de la justice, du Ministère de l’environnement, du Ministère de l’économie forestière et de la société civile, afin d’accompagner les populations autochtones dans la prise en compte de leurs doléances.
Il a fallu au gouvernement de rattraper ce qui devrait être fait au commencement du projet, notamment prendre en compte les populations autochtones, conformément aux normes internationales et celles édictées par la Banque mondiale. Plus de 70 milles hectares sont réservées à ce projet et les populations n’ont plus droit à faire travaux champêtres. Pour un hectare de perdu, le paysan gagne trois hectares que le projet offre à celui-ci. Les communautés ont demandé au projet l’électrification de leurs villages, l’installation des moulins à foufou, des bâches à eau et de dépôts pharmaceutiques. 30 personnes travaillent dans le projet et ont vu leurs conditions de vie être améliorées. La durée du projet est de 60 ans et participe à la lutte contre les changements climatiques.
Le projet a prévu un plan d’action spécifique en faveur des populations autochtones. Il sied de souligner «qu’il n’y a pas de discrimination entre les autochtones et les bantous, tous sont gérés au même pied d’égalité», a fait savoir Justin Assomoyi.
Chrysostome FOUCK ZONZEKA