C’est à croire que les réseaux sociaux sont un puissant moyen de communication pour les citoyens. La décision du ministre du budget, du portefeuille public et des comptes publics, Ludovic Ngatsé, de retirer du projet de budget de l’Etat 2025, adopté le 7 octobre 2024, par le conseil des ministres et présenté le samedi 19 octobre, au parlement, a connu sa première grande modification, avant même que les élus du peuple n’entament leur débat pour son adoption. Selon une information publiée par le média social «Brazza Net Media», l’ensemble des dispositions instituant l’impôt forfaitaire de solidarité nationale a été retiré (Voir Page 90 du Projet de loi des finances 2025).
Le Ministère du budget, du portefeuille et des comptes publics n’a pas publié de communiqué officiel pour annoncer le retrait des dispositions instituant la taxe de solidarité de 1.200 F Cfa par an, payable par tout Congolais résident âgé de 18 ans et plus, prélevés automatiquement sur le crédit de téléphone portable à partir du 1er janvier 2025. Le ministre Ludovic Ngatsé a adressé directement des courriers aux deux chambres du parlement, le même jour du 19 octobre, pour leur annoncer sa décision. «Le retrait serait justifié par la nécessité, pour le gouvernement, de réexaminer la question, en vue de déterminer d’autres mécanismes plus adaptés devant permettre aux citoyens congolais de contribuer à l’assainissement de leurs milieux de vie respectifs», a-t-il écrit.
Il faut dire que le projet de cette taxe a provoqué une tempête de réactions hostiles dans les réseaux sociaux et les médias privés depuis deux semaines, à une période où le Congo est plongé dans une crise financière qui condamne les populations à une précarité sociale qui ne cesse de s’aggraver. L’indignation provoquée par cette taxe vient de ce que le gouvernement ne semble pas se préoccuper de la chute du pouvoir d’achat des populations, à cause de l’inflation et de l’irrégularité des salaires dans plusieurs structures étatiques, paraétatique et même privées. Des leaders de l’opposition extraparlementaire ont carrément qualifié cette taxe d’arnaque. En abandonnant cette nouvelle taxe, le ministre du budget a sans doute pris la mesure des menaces qui pesaient sur la vie politique nationale, si jamais cette taxe était maintenue.
En même temps, l’on a découvert, à travers l’extrait d’une fiche adressée par le directeur général de l’A.r.p.c.e (Agence de régulation des postes et des communications électronique), au Premier ministre, une autre nouvelle taxe dans le projet de loi des finances 2025, dont le montant est fixé selon la catégorie des terminaux de téléphonie mobile: 1.300 F Cfa pour la 2G; 6.500 F Cfa pour la 3G et 10.000 F Cfa pour la 4 et 5G.
Selon le directeur général de l’A.r.p.c.e, «cette taxe ne peut pas être appliquée, car elle va à l’encontre de l’inclusion numérique» et «elle est très toxique surtout pour une année pré-électorale comme celle de 2025. Pour rappel, cette taxe instaurée en RD Congo voisine avait été retirée, à cause des remous sociaux qu’elle avait engendrés». Le directeur général de l’A.r.p.c.e rappelle que «la plateforme de contrôle des terminaux mis en place» par son agence, «sert uniquement à maîtriser le parc des terminaux utilisés par les abonnés dans notre pays et non dans un but de taxation».
Au regard de tout ceci, il y a lieu de se demander d’où vient cette propension du gouvernement à surtaxer sa population, alors qu’il a du mal à assurer la transparence de la gestion des finances publiques, à l’exemple des 2.000 F Cfa prélevés chaque mois sur les salaires des fonctionnaires, pour financer le service de ramassage des ordures, alors que celles-ci s’accumulent sur les voies goudronnées, faute d’argent pour assurer le service de ramassage. Au lieu de combler les trous de sa gestion financière hémorragique (surtout en ce qui concerne les menues recettes de l’Etat), réduire le train de vie de certaines institutions nationales et lutter contre l’embourgeoisement des élites dirigeantes qui roulent des rutilants 4×4 extrêmement chers aux frais de l’Etat, le gouvernement continue de s’acharner sur une population accablée depuis 2015 par les différentes crises économiques qui affectent le pays. Voilà pourquoi le Congo a manqué son émergence en 2025.
Jean-Clotaire DIATOU