Juste une semaine, et voilà que Prométhée s’impose encore à nous. Le prévoyant, l’anticipateur! Il s’impose à nous depuis Dubaï, à l’occasion de la Cop28. Parce que là-bas, il a été décidé de «transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément aux préconisations scientifiques». En clair, les pollueurs demandent aux pays pauvres mais producteurs de pétrole, de renoncer à cette matière première, pour sauver le monde.
Le texte propose d’adopter «l’accélération des technologies à émissions nulles ou faibles», parmi lesquelles «l’hydrogène bas carbone». Ce n’est pas pour rien que ce vocable apparaît dans cet accord. Si les pollueurs en arrivent à accepter un tel texte, c’est que, tel Prométhée, ils ont déjà anticipé sur les nouvelles énergies. Juste après l’adoption de ce texte, la Belgique a testé dans le Port d’Ostende, «le plus grand navire à hydrogène du monde; et il est fabriqué en Europe». Il s’agit d’un remorqueur spécialement conçu pour la décarbonisation du transport maritime. L’objectif de l’Europe est d’être totalement décarbonisée en 2050. Dans ce sens, l’Europe a créé le «Fit for 55». Un programme de recherche fonctionne pour développer des nouveaux procédés industriels décarbonisés.
Ceux qui sont prévoyants réfléchissent déjà à l’après-pétrole. De nouveaux procédés sont expérimentés pour remplacer les énergies fossiles. Les pompes à chaleur fonctionnent; les véhicules électriques envahissent les routes. L’hydrogène vert pour les avions est prévu pour 2035. Les carburants durables, produits à partir des végétaux deviennent de plus en plus fiables. Mais, les pays producteurs de pétrole, quant à eux, réfléchissent plutôt sur les moyens d’augmenter la production. Ils sont obnubilés par la logique financière de la trésorerie immédiate qu’ils en viennent à oublier que demain, c’est déjà aujourd’hui pour la transition énergétique.
Les puissances économiques les endorment dans cette espèce de torpeur financière, alors que réellement, «de nombreux pays développés ont tout fait pour se défausser de leurs responsabilités». Par exemple, personne n’est capable de dire si pour ce financement, «il s’agit d’un financement déjà existant, qui était fléché pour autre chose et est réorienté, ou s’il s’agit d’un financement additionnel. Les pays du Sud veulent que cet argent soit donné sous forme de don. Or, «beaucoup de financements sur l’atténuation du changement climatique sont effectués sous la forme de prêts, ce qui accroît les dettes des pays du Sud qui sont généralement déjà endettés».
C’est dire que sans une prospective africaine sur l’après-pétrole, les économies du Sud vont inéluctablement s’effondrer. La diversification économique et l’innovation technologique sont un impératif catégorique prométhéen pour absorber le choc de l’abandon des énergies fossiles. Ne pas y penser, ne pas organiser ce futur, c’est déjà gémir. Prométhée nous montre la voie à suivre, celle d’être prévoyant, parce que réfléchir après coup, c’est déjà gémir.
Prométhée