Lors de sa conférence de presse du vendredi 24 octobre 2025, après l’inauguration officielle du Complexe scolaire de la liberté, à Talangaï, le sixième arrondissement de Brazzaville, le Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, répondant à la question de notre confrère, Roger Essouli de Radio-Congo, a affirmé ceci: «Les Congolais ont souvent la mémoire courte, les historiens peuvent regarder et découvrir que notre pays, depuis même la proclamation de la République jusqu’aux plus tragiques événements de 1997, 98, 99, notre pays n’a pas réellement connu la paix. C’était toujours un événement, puis un autre; violence et une autre violence. Regardez, lisez, vous êtes des intellectuels, observez bien, vous verrez que notre pays n’a vécu durant toute cette période que dans un climat de tumulte, de violences, etc». Ces propos du Chef de l’Etat ont déclenché une controverse chez ses compatriotes dont certains s’en étonnent. Depuis la proclamation de la République en 1958, le Congo n’a-t-il jamais connu réellement la paix? Qu’a-t-il voulu dire en affirmant cela? Commentaire.

Par ses propos, le Président Denis Sassou-Nguesso a sans doute soulevé un aspect fondamental qui caractérise notre pays, le Congo, qui, dès son indépendance en 1960, n’a pas réussi à donner au reste du monde, l’image d’un pays stable et de paix ininterrompue. La proclamation de la République, le 28 novembre 1958 s’était faite sur fond de crise politique et de violences. On enregistra des morts et des maisons détruites à Pointe-Noire, qui était alors la capitale du Moyen-Congo où siégeait l’assemblée territoriale.
Déplacée à Brazzaville, la capitale enregistre en février 1959, des émeutes sur fond de confrontation tribale qui se soldent par une centaine de morts, plus de 200 blessés et de nombreuses cases, maisons et véhicules détruits ou brûlés. Des sinistrés sont accueillis dans des églises et des citadins sont contraints de fuir leurs quartiers, en raison de leurs origines ethniques. Après l’indépendance proclamée le 15 août 1960, les émeutes d’août 1963 se terminent par la chute du régime en place. Le nouveau régime, «aux prises avec les complots alimentés par une jeune garde politique congolaise avide de plus de pouvoir, se montre en contrepartie plus répressif et brutal, notamment par le biais de sa milice politique, la Défense civile et l’organisation de jeunesse du parti unique, la J.m.n.r (jeunesse du Mouvement national de la révolution). Le point culminant de cette atmosphère de «terreur» est l’assassinat, en février 1965, de trois personnalités, Joseph Pouabou, le président de la Cour suprême,   Lazare Matsocota,  le procureur de la République et Anselme Massouémé, directeur de l’A.c.i (Agence congolaise d’information).
A la suite de tensions politico-militaires, ce régime est balayé avec la démission du Président de la République, Alphonse Massamba-Débat, le 4 septembre 1968. Après une courte transition, un officier militaire accède au pouvoir. En effet, le 31 décembre 1968, le commandant Marien Ngouabi devient Président de la République. Les tensions politico-militaires ne s’apaisent pas réellement. Le nouveau régime fait face à des tentatives de coups d’Etat dont celui du lieutenant Pierre Kinganga, alias Sirocco, le 23 mars 1970 qui, avec des jeunes, s’empare de la radio nationale où il finira par être abattu par l’armée.
Le répit ne sera que de courte durée pour le Président Marien Ngouabi, puisque le 22 février 1972, un ancien ministre et ancien membre du Comité central du P.c.t (Parti congolais du travail) mena une tentative de coup d’Etat à Brazzaville, alors que le Président de la République, Marien Ngouabi, se trouvait en visite de travail à Pointe-Noire. C’est le Mouvement du 22 février ou M22. Ayant échoué avec son groupe d’officiers et sous-officiers, les mutins entrèrent en maquis dans les forêts de Goma-Tsétsé, au Sud de Brazzaville, plongeant le pays dans un climat de terreur et d’incertitude profonde, pendant toute la période de sa traque par l’armée. Les maquisards furent capturés en avril 1973 et l’événement marqua profondément la Nation congolaise. Celle-ci sera de nouveau plongée dans l’horreur, le 18 mars 1977, avec l’assassinat, en plein jour, dans son palais, du Président de la République, le commandant Marien Ngouabi. Comme une mécanique infernale de violences, cet événement douloureux engloutira un prélat, un ancien Président de la République et plusieurs officiers et cadres politiques sur fond de climat de terreur. La prise en mains des destinées de la République par un groupe d’officiers, appelé Comité militaire du parti (C.m.p), est sans nul doute le l’image parfaite de ce que le Congo ne compte pas parmi les pays en paix.
Pour la première fois, les Congolais vivront une décennie de répit, entre 1979 et 1991. Mais, les vieux démons de la violence vont se déchaîner à nouveau sur le pays, entre novembre 1993 et janvier 1994. C’est la première guerre civile post-Conférence nationale souveraine, toujours sur fond de rivalités ethniques. La déflagration de juin-octobre 1997 ayant débouché sur un changement de pouvoir dont les réminiscences vont rejaillir en décembre 1998 dans le Pool, 1999 dans les pays du Niari. Bref, personne ne peut douter que le Congo a évolué, depuis 1958, dans «un climat de tumulte, de violences», d’incertitudes et d’instabilité. Les Congolais doivent en être conscients pour se résoudre à ne plus tomber dans ces ornières. Avec le phénomène des bébés noirs et autres kulunas, va-t-on laisser régner les gangsters comme en Haïti ou rétablir l’ordre et la paix quel qu’en soit le prix?

Jean-Claude DIATOU

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