Lutter contre les anti-valeurs n’est pas synonyme de chasse aux sorcières. La lutte contre les anti-valeurs, notamment contre la corruption et le détournement des deniers publics est inhérente à la gouvernance. Aucun Etat au monde ne peut prétendre instaurer la bonne gouvernance, sans un appareil de sanctions contre les anti-valeurs. Même au niveau de l’Etat du Vatican, le Pape a mis en place, en 2020, un arsenal législatif de «bonnes pratiques», pour lutter contre la corruption.
C’est autant dire que c’est une question de moralité publique, un principe d’éthique professionnelle. Autant on lutte contre les anti-valeurs, autant il faut promouvoir l’éthique professionnelle et donner sens à un document important de moralité, le casier judiciaire, qui retrace le passé pénal d’un citoyen et qui comporte aussi, en principe, les sanctions administratives.
Dans le cadre de la lutte contre les anti-valeurs, les cadres ne devraient plus être nommés à de hautes fonctions, sans tenir compte de leur moralité. La compétence ne suffit pas, encore faut-il prouver qu’on est de bonne moralité. Ainsi, avant d’être nommés, les cadres devraient présenter un dossier qui comprendrait un casier judiciaire. Nous le disons parce qu’à la lecture, dans la presse nationale, d’un feuilleton qui s’est passé la semaine dernière au Ministère de l’économie et des finances, où un haut cadre a été interpellé par les services de la C.i.d (Centrale d’intelligence et de documentation) et placé en détention provisoire, il y a de quoi avoir pitié du pays. Comment un haut fonctionnaire ayant une réputation sulfureuse dans la gestion financière, qui a déjà été sanctionné et qui est même passé par la case prison, donc n’ayant pas une bonne moralité en matière financière, a pu néanmoins être nommé à une haute fonction dans ce domaine, pour retomber après dans les mêmes anti-valeurs? Et ce n’est pas l’unique exemple. C’est incroyable. Comment dans ces conditions, peut-on chercher à lutter contre les anti-valeurs, si par le jeu des relations, les mêmes à qui l’on reproche des comportements d’anti-valeurs, sont responsabilisés à des postes importants de gestion publique? En matière de gouvernance, on ne peut pas faire l’impasse sur la moralité, sur l’éthique professionnelle.Autrement, c’est l’éternel recommencement,qui semble être notre drame, dans la gestion publique, depuis que le Chef de l’Etat a dénoncé ces maux: changez de comportement!
L’HORIZON AFRICAIN